Lauren Krugel rapporte pour le Globe and Mail que le PDG du groupe WestJet, Alexis von Hoensbroech, a vivement critiqué la façon dont le gouvernement fédéral traite le transport aérien, le qualifiant de luxe dans un pays aussi vaste que le Canada. Selon lui, la réduction des coûts de l’aviation serait un levier pour renforcer l’unité nationale et rendre le transport aérien plus accessible aux Canadiens.
Dans une allocution prononcée devant un public d’affaires à Calgary, Alexis von Hoensbroech a questionné le traitement fiscal des transports aériens, affirmant qu’il était « fondamentalement incorrect » que l’aviation ne soit pas considérée comme essentielle dans un pays où elle est souvent la seule liaison vers le monde extérieur pour de nombreuses communautés. Il a souligné qu’alors que des infrastructures telles que les ponts, les chemins de fer passagers et les traversiers bénéficient du soutien fédéral, le secteur aérien subit une multitude de frais imposés par le gouvernement, qui sont ensuite répercutés sur les consommateurs.
Le PDG de WestJet a comparé les coûts imposés par le gouvernement au Canada et aux États-Unis, illustrant que le coût d’un billet aller-retour au Canada comprend des frais de vente, des taxes de navigation, des frais d’amélioration des aéroports et des frais de sécurité qui totalisent 133 $. Aux États-Unis, les taxes et frais s’élèvent à seulement 49 $. Cette différence, a-t-il affirmé, rend l’aviation inabordable pour de nombreux Canadiens, ce qui empêche certains d’accéder au transport aérien, une situation exacerbée par les frais d’infrastructure élevés.
Von Hoensbroech a insisté sur le fait que réduire ces coûts constituerait un geste essentiel pour favoriser l’unité du pays et abaisser les barrières commerciales internes. « Si le gouvernement veut unir le Canada et éliminer les barrières internes au commerce, alors réduire les frais d’aviation serait la bonne chose à faire », a-t-il déclaré. Cette mesure permettrait, selon lui, de rendre les billets d’avion moins chers et de faciliter les déplacements à travers le pays.
Les propos du PDG de WestJet interviennent dans un contexte où plusieurs chefs d’entreprise appellent à la réduction des barrières commerciales internes et à l’expansion de l’accès du Canada aux marchés internationaux. Le climat économique mondial étant marqué par les politiques commerciales de plus en plus protectionnistes des États-Unis, un nombre croissant de Canadiens a décidé de réduire leurs déplacements vers le sud, optant plutôt pour des destinations européennes et caribéennes.
Parallèlement, d’autres compagnies aériennes canadiennes, telles qu’Air Canada, ont commencé à réduire leur offre de vols transfrontaliers. Air Canada a annoncé la suspension de plusieurs liaisons avec les États-Unis, dont Toronto-Indianapolis, Montréal-Detroit et Montréal-Minneapolis, à compter de l’automne. Ces coupes surviennent après une réduction de 10 % des vols vers la Floride, Las Vegas et l’Arizona, des destinations populaires pendant la saison de la relâche scolaire.
Von Hoensbroech a précisé que les réservations pour les mois à venir indiquent une baisse des voyages transfrontaliers avec les États-Unis de l’ordre de 15 à 20 % par rapport à l’année dernière, une tendance qui semble s’inverser en partie au profit de l’Europe et des Caraïbes. « Ce que nous avons constaté par le passé dans notre industrie, c’est que lorsque la demande change pour des raisons politiques, cela reste souvent temporaire et que la tendance à long terme revient à la normale », a-t-il expliqué. Bien qu’incertain quant à la durée de cette tendance, il reste optimiste sur un retour à la normale dans les relations commerciales avec les États-Unis.
Les propos de von Hoensbroech reflètent une critique plus large de l’impact des tarifs et des politiques protectionnistes sur l’industrie aérienne, une dynamique qui a des répercussions sur les choix de voyage des Canadiens et pourrait, selon lui, affecter la cohésion nationale à long terme.