Quelque part entre l’hystérie anti-Trump des uns qui le dépeint comme un fasciste et l’aveuglement idolâtre des autres qui en fait un joueur d’échec 4D qui va sauver l’humanité, il y a le vrai Donald Trump: homme d’affaires et magnat de l’immobilier devenu président des États-Unis.
En dénigrant perpétuellement Donald Trump, nos médias mainstream ne font qu’alimenter une psychose collective qui ne rend service à personne. On ne peut pas envisager de subir ce climat pour les quatre prochaines années. Pour passer au travers du second mandat de sa présidence, il faudrait plutôt essayer de cerner le personnage et de comprendre comment il opère. Il a tendance à déstabiliser les autres joueurs pour faire avancer le jeu, et pour évidemment obtenir ce qu’il veut. Son livre « The Art of the Deal » détaille ses tactiques de négociations, qui incluent des propositions de départ extravagantes.
Nos médias d’information maintiennent la population dans un analphabétisme politique. Il y a encore trop de concitoyens qui ne comprennent rien au clivage politique qui oppose le nationalisme populiste au mondialisme de l’élite en place. Qu’on apprécie le personnage ou pas, Trump est l’individu le plus puissant et influent du camp nationaliste/ populiste/ conservateur.
On gagnera toujours à éviter le piège de la personnalisation du politique, ce qui est particulièrement difficile avec un individu clivant comme Trump. C’est plus facile de vouloir soit le défendre face à la campagne de dénigrement médiatique, ou de le détester si on a succombé à la propagande. Car oui, la propagande mensongère anti-Trump est avérée. Ceci dit, il est tout à fait recevable de reconnaître cette réalité sans appuyer Trump et ses politiques [c’est en cela qu’on reconnaît les gauchistes honnêtes aux USA, comme Jimmy Dore, Kim Iversen et Glenn Greenwald].
Trump vient indéniablement de passer l’idéologie de l’élite mondialiste à la tronçonneuse [c’est-à-dire: l’aboutissement woke du progressisme]. À moins d’être un tenant du wokisme, c’est difficile de ne pas applaudir ses décrets présidentiels réaffirmant la binarité du sexe sur les documents officiels, interdisant la participation d’hommes dans le sport féminin et mettant fin à la discrimination positive à l’embauche.
Trump vient d’amorcer un gros ménage dans les institutions de l’État profond, incluant le démantèlement de l’agence USAID – dont la fonction principale n’est pas l’aide humanitaire mais le développement économique, contrairement à ce que l’acronyme puisse suggérer. À moins de penser que les contribuables américains doivent financer des initiatives LGBTQ+ et des révolutions orange aux quatre coins du monde à coups de centaines de millions de dollars, c’est difficile de s’y objecter. Trump rend un grand service au peuple en exposant l’étendue de la corruption.
Certaines de ses nominations s’inscrivent dans ce courant: que ce soit Tulsi Gabbard au renseignement, Robert Kennedy Jr. à la santé [2 anciens Démocrates] ou Kash Patel comme directeur de la CIA. Il est incompréhensible de voir des gens de gauche prendre le parti de Big Pharma et des agences du renseignement corrompues. C’est d’ailleurs étonnant que ce grand ménage soit initié par le Parti Républicain – mais avec l’influence croissante du mouvement MAGA, ce n’est plus le parti des années Bush.
Il faut aussi souligner l’insoumission de Trump aux institutions supranationales qui sapent la souveraineté des États-nations. Ça fait une multitude de dossiers en vertu desquels la gauche « classique » et modérée, qui comporte des éléments nationalistes, devrait appuyer Trump.
Vient le dossier du commerce international. Avec Trump, en affaires, il n’y a pas d’amis. Son mandat est de faire passer les USA en premier. On peut s’attendre à ce qu’il joue très dur. On pourra ne pas apprécier ses politiques commerciales et son ton très dur envers le Canada tout en appuyant ses initiatives ci-haut mentionnées, notamment sur le plan social. Pour être bien servi, le Canada doit se munir d’un maître négociateur que Trump respecte [ce qui veut dire: ni Trudeau, ni un quelconque successeur de sa trempe].
La réaction anti-USA, qui est alimentée par la machine médiatique, est ridicule. On voit des Québécois annoncer fièrement sur les réseaux sociaux qu’ils cesseront de voyager aux États-Unis ou qu’ils vont boycotter Netflix. Par contre, dans la mesure où elle suscite un sentiment pro-Québec ou pro-Canada, il faut y voir quelque chose de positif. L’affront de Donald Trump pourrait faire davantage pour promouvoir un « panier bleu » que l’initiative avortée du gouvernement Legault. Idem pour les autres provinces, qui voit du même coup l’émergence d’un mouvement « acheter canadien ». Ce patriotisme commercial n’a rien de néfaste s’il ne verse pas dans une haine irrationnelle envers notre voisin du sud.
Certains adeptes de Trump diront que de raviver les nationalismes occidentaux moribonds fait partie de son plan. Sans s’avancer jusque-là, on peut accueillir l’effet favorablement.
Quant à la politique internationale, on peut désapprouver certaines de ses déclarations, et notamment trouver farfelu ou carrément dangereux ce qu’il a proposé pour l’avenir de la bande de Gaza. Reste à voir s’il bluffe pour provoquer une réaction chez les joueurs régionaux. Sur ce dossier, on peut trouver toutes les analyses possibles et leurs contraires. Je ne m’y étendrai pas, sinon pour dire qu’il est possible de s’objecter à ceci tout en applaudissant cela et de considérer chaque dossier sur une base rationnelle.
Avant de paniquer, il faut comprendre les tactiques de négociations de Trump et faire la distinction entre ce qu’il annonce et ce qu’il fait au final. Ça ne veut pas dire qu’il serait incapable de prendre de fâcheuses décisions. Dans sa fermeté, il y a aussi le défaut de sa qualité.
En tant que populiste et antimondialiste, j’appuie forcément le mouvement MAGA. Je salue positivement l’entrée en scène d’un homme politique atypique qui, en quelques semaines expose la corruption et les politiciens de carrière pour ce qu’ils sont. Seul l’avenir permettra d’évaluer le bilan du 47ème président – mais ça ne pourrait jamais être pire que la continuité du programme Démocrate. Dans les dossiers où Trump pourrait éventuellement décevoir, s’il plie face à l’État profond, les Démocrates auraient fait la même chose.
Les électeurs canadiens qui seraient tout à coup tentés de voir le Parti Libéral sous un jour nouveau doivent comprendre que les commentaires désobligeants de Donald Trump à l’endroit du Canada visent l’actuel gouvernement – et qu’il ne sera pas plus tendre à l’endroit du prochain chef Libéral, qui que ce soit. Pour avoir des relations commerciales cordiales avec son voisin du sud, le Canada doit se doter d’un dirigeant que Donald Trump peut respecter. Ce n’est pas le temps de passer les rennes à quelqu’un de calqué sur ses adversaires du camp Démocrate.