D’après un article de Postmedia News publié le 3 juillet 2025
Le premier ministre fondateur du Canada, Sir John A. Macdonald, a officiellement été jugé trop controversé pour mériter de nouvelles formes de commémoration publique financées par le gouvernement fédéral. C’est la recommandation formulée par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, un organisme fédéral consultatif, dont les délibérations ont été obtenues par Blacklock’s Reporter grâce à une demande d’accès à l’information.
Selon les procès-verbaux d’une réunion tenue le 12 décembre 2023, les membres de la commission ont convenu que Sir John A. Macdonald est aujourd’hui une figure « polarisante et controversée de l’histoire canadienne », avec des legs qualifiés de « complexes ». Plutôt que d’approuver une nouvelle plaque ou un monument, le conseil a recommandé que toute information liée à son héritage soit rendue disponible exclusivement sur le site web de Parcs Canada.
Cette décision s’inscrit dans la révision du statut de Macdonald en tant que « personnage historique national », révision entreprise en 2024 dans l’esprit de l’Appel à l’action no 79 de la Commission de vérité et réconciliation. Cet appel encourage la mise en place d’un cadre de réconciliation dans le domaine de la commémoration patrimoniale au Canada.
Le procès-verbal indique que « compte tenu du fait que Macdonald demeure une figure polarisante, le Conseil a noté la difficulté de formuler une déclaration qui reflète plusieurs perspectives », soulignant que le débat public autour de son héritage est appelé à se poursuivre.
Le conseil a conclu que les commémorations existantes — y compris les statues toujours debout, son lieu de sépulture au cimetière Cataraqui à Kingston, ainsi que les mentions dans divers musées et documents — étaient suffisantes, et qu’il n’était pas nécessaire d’ajouter de nouveaux symboles commémoratifs.
Depuis quelques années, le nom et la mémoire de Macdonald sont au cœur de vives controverses, notamment à cause de son rôle dans la création du système des pensionnats autochtones et des politiques assimilatrices à l’égard des Premières Nations. Plusieurs statues ont été déboulonnées ou retirées, parfois violemment, comme celle du parc City Park à Kingston en 2021, ou celle du Queen’s Park à Toronto, restée enfermée dans une boîte en bois pendant cinq ans avant d’être de nouveau exposée en 2025.
Des institutions et lieux publics ont également été renommés : l’ancienne « promenade Sir John A. Macdonald » à Ottawa porte désormais le nom algonquin de « Kichi Zibi Mikan ». De nombreuses écoles ont également remplacé son nom par d’autres figures jugées moins controversées.
Cette décision marque une nouvelle étape dans la redéfinition du patrimoine canadien et dans l’effort de réconciliation avec les peuples autochtones. Elle reflète aussi les tensions actuelles autour de la mémoire nationale et de la place que doivent occuper les personnages historiques dans l’espace public.