Traduit de l’anglais. Article de Christopher Nardi publié le 10 mars 2023 sur le site du National Post.
OTTAWA – L’ancien vice-chef d’état-major de la défense du Canada, Mark Norman, affirme que le « mode de vie des Canadiens est en danger » parce que les gouvernements fédéraux successifs n’ont pas pris les questions de défense et de sécurité « au sérieux » pendant des années.
S’adressant à l’Institut de la Conférence des associations de défense, vendredi à Ottawa, M. Norman a fustigé les politiciens fédéraux de tous bords pour la politisation « irresponsable » et « dangereuse » de la sécurité et de la défense du pays.
« Nous ne prenons pas la défense et la sécurité au sérieux dans ce pays et notre mode de vie s’en trouve menacé », a déclaré M. Norman lors d’une allocution d’ouverture d’une table ronde qu’il animait sur « l’évaluation des ambitions, de la stratégie et de la capacité de la Chine à projeter sa puissance dans l’Indo-Pacifique ».
« Cette conférence est une plate-forme importante pour la discussion des questions de défense et de sécurité nationales, une contribution indispensable à ce qui est une culture de la sécurité nationale tristement inadéquate, voire inexistante, ici au Canada », a-t-il ajouté.
Norman était le commandant en second des forces armées jusqu’à ce qu’il soit suspendu en janvier 2017, puis accusé par la GRC un an plus tard d’abus de confiance pour avoir prétendument divulgué des informations sur l’achat de navires de ravitaillement naval. En mai 2019, l’affaire contre Norman s’est effondrée. Il a été disculpé et a reçu un important règlement financier de la part du gouvernement fédéral.
Lors de la conférence de vendredi, M. Norman a fait part de ses préoccupations concernant le « sous-investissement » du Canada en matière de sécurité et de défense au cours des décennies, sous l’égide des gouvernements conservateurs et libéraux successifs.
Il a appelé tous les partis à « mettre fin immédiatement » à la « politisation » des intérêts et de l’appareil de sécurité nationale du pays et a mis en garde contre les conséquences désastreuses d’une telle attitude.
Il a imploré le gouvernement Trudeau de mettre en place un « mécanisme solide » qui ferait de la sécurité et de la défense des « priorités nationales », sans toutefois préciser comment un tel mécanisme fonctionnerait.
« Ces intérêts nationaux vitaux sont trop importants pour être soumis aux caprices d’intérêts politiques à court terme et de l’opinion publique », a-t-il déclaré.
« Si nos dirigeants ne parviennent pas à protéger cet intérêt national vital, aucune des autres préoccupations politiques pressantes ou priorités intérieures urgentes n’aura d’importance », a-t-il ajouté.
Ce discours intervient alors que le gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau est empêtré dans un scandale grandissant sur ce qu’il a fait des avertissements qu’il aurait reçus de l’agence de renseignement au sujet des efforts du gouvernement chinois pour interférer dans les élections fédérales de 2019 et 2021.
Depuis des semaines, M. Trudeau est confronté à des appels à une enquête publique après que de nombreux médias ont fait état de briefings secrets fournis par l’appareil de sécurité nationale du Canada au gouvernement sur les activités présumées de la Chine en matière d’ingérence dans les élections fédérales.
M. Trudeau a annoncé la semaine dernière qu’il nommerait un « rapporteur » pour déterminer si une enquête publique était nécessaire, tout en niant que l’ingérence étrangère ait eu un effet sur les résultats des élections.
M. Norman a déclaré que le Canada a longtemps compté sur sa proximité et son alliance militaire avec ses voisins du sud pour le protéger, mais que cela ne suffit plus.
« Le Canada n’est plus à l’abri des événements qui se déroulent à l’autre bout du monde et notre mode de vie n’est plus garanti du simple fait de notre proximité avec les États-Unis ou de notre richesse et de notre avantage relatifs en tant que nation », a déclaré M. Norman.
Un autre intervenant, le représentant du bureau économique et culturel de Taïwan au Canada, Tseng Ho-jen, a appelé le gouvernement à faire plus pour aider Taïwan face à la menace militaire croissante de la Chine avant qu’il ne soit trop tard.
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« J’espère que nous tirerons une leçon de la guerre en Ukraine. C’est-à-dire que la dissuasion est toujours moins chère que de se battre pour ce que l’on a pris ».