Il y a quelques jours, l’ancienne cheffe du Bloc Québécois, Martine Ouellet, a fait une sortie en règle contre la stratégie de son ancien parti, d’où elle a été évincée par une mutinerie à l’interne. Elle critique le fait que Bloc renforce le sentiment d’appartenance au Canada, au lieu de le diminuer. Devrions-nous également nous questionner sur la pertinence du Bloc, du moins sous sa forme actuelle? Oui.
Le Bloc, fondé dans la foulée des événements du Lac Meech, était censé être le parti d’une seule élection. Sa mission était de permettre une transition plus douce vers l’indépendance du Québec. Or, nous sommes plus de 30 ans après les événements, et on se demande en quoi le Bloc est toujours pertinent, dans un contexte de pourrissement du gouvernement de Justin Trudeau.
Martine Ouellet, dans un texte d’opinion publié dans les pages du Journal de Montréal, a émis l’hypothèse que la récente stratégie du Bloc Québécois, visant à donner un ultimatum aux libéraux afin qu’ils augmentent la pension de 10% pour les personnes de moins de 75 ans, renforce le sentiment d’appartenance à l’émetteur du chèque, le Canada, au lieu de le diminuer.
Cela fait plus de 30 ans que le Bloc est à Ottawa, malgré les nombreuses tempêtes qui y ont sévi. Nous ne doutons pas une seconde de la sincérité de l’engagement des militants et des députés qui doivent affronter un environnement hostile dans la capitale fédérale. Mais force de constater que malgré les beaux discours, le Bloc a tout de même renforcé le parti le plus centralisateur de l’histoire du Canada.
En effet, Yves-François Blanchet a fait gagner du temps aux libéraux de Justin Trudeau, en appuyant son maintien au parlement. Nous pourrions être en élections à l’heure où l’on se parle. Mais non, le Bloc a donné du temps à Justin Trudeau, pour qu’il puisse continuer son entreprise de destruction du Québec. Est-ce que c’est ça, la définition d’un parti indépendantiste? Non, pas vraiment.
Bien sûr, il ne faudrait pas que le Bloc s’oppose toujours à tout, tout le temps. Il peut être une opposition ferme, mais constructive. Mais face à un gouvernement aux intentions aussi malhonnêtes que celui de Justin Trudeau, a-t-il bien réagi? Non. Trudeau, c’est l’immigration massive, au-delà des limites du raisonnable. C’est aussi le multiculturalisme le plus radical. Avec l’appui du NPD.
Le Bloc aurait pu s’opposer plus fermement au plan de l’initiative du siècle des lobbys d’affaires de Toronto, projet appliqué de manière encore plus ferme par les libéraux. Celui-ci vise à faire du Canada un pays de 100 millions d’habitants d’ici 2100. Pas par le biais de la natalité, mais par celui de l’immigration massive. Le Bloc a perdu de nombreuses occasions de dénoncer ce projet.
Évidemment, les médias du Canada anglais auraient critiqué le Bloc comme étant xénophobes, mais n’est-ce pas déjà ce qu’ils font? Au moins, le Parti Québécois de Paul St-Pierre Plamondon ose monter dans l’arène et dire la vérité, même si elle choque. D’où le paradoxe des deux partis, que l’on voit comme des jumeaux. Alors que c’est à nuancer fortement.
Le Bloc est un pays qui évolue dans un contexte bien plus hostile que le PQ, qui lui est à Québec. Le Bloc tombe parfois dans le gauchisme, bien que sa base électorale soit plus conservatrice. De même qu’une bonne partie de ses militants. Il y a comme un décalage entre le discours du parti, et ceux qui l’appuient. Au PQ, on semble déjà mieux assumer cette forme de conservatisme.
Yves-François Blanchet affirme que les valeurs « conservatrices » ne sont pas celles du Québec. Alors, quelles sont les valeurs « québécoises » selon lui? Le Bloc ne pourra pas continuer éternellement de cracher sur les Québécois ayant des sensibilités plus à droite, s’il souhaite faire l’indépendance. Le PQ au moins semble se calmer sur le sujet. D’où la question que tout le monde se pose.
Quelle est la pertinence du Bloc Québécois en 2024? Bien évidemment, il empêche l’élection de députés libéraux au Québec, qui feraient encore plus de dommages. Mais nous aimerions une introspection de la part d’un parti devenu arrogant au fil des années, qui pense qu’il peut représenter le Québec en crachant sur tous ceux qui ont une sensibilité conservatrice.
Martine Ouellet a pointé du doigt une stratégie douteuse de la part de son ancien parti. Maintenant, nous devrions pouvoir en parler sans se faire traiter de « fédéraliste » ou de « conservateur » (comme si le terme était péjoratif). Le Bloc doit servir le Québec, et non renforcer le pouvoir centralisateur d’Ottawa sur nos vies. Une occasion manquée de plus dans l’histoire du Québec. Dommage.