Traduit de l’anglais. Article de Melissa Mbarki publié le 2 mars 2023 sur le site du National Post.
La participation des autochtones au secteur de l’énergie et aux nouvelles technologies peut permettre de lutter à la fois contre la pauvreté et le changement climatique.
Je n’ai pas peur de raconter mes humbles débuts dans la vie. J’ai grandi dans une petite communauté pauvre du centre-nord de la Saskatchewan. Ma carrière dans le secteur des ressources naturelles a débuté lorsque j’ai terminé mes études postsecondaires.
J’ai rejoint une entreprise qui se préparait à céder des milliards de dollars d’actifs. Mon rôle consistait à examiner les actifs (installations, puits, pipelines) et à préparer les documents juridiques pour le transfert. Déterminer la propriété et travailler avec une équipe juridique a été mon cours accéléré sur la propriété foncière.
Ma carrière m’a permis de découvrir divers domaines de l’industrie pétrolière et gazière, notamment l’abandon et la remise en état. Elle m’a permis de sortir de la pauvreté et d’en apprendre davantage sur les politiques et les lois gouvernementales qui avaient des répercussions non seulement sur l’industrie dans laquelle je travaillais, mais aussi sur les communautés autochtones.
Malheureusement, le plan de transition du gouvernement libéral vers une économie d’énergie propre se traduira par des occasions manquées pour les Autochtones, les travailleurs de l’énergie et l’industrie dans son ensemble. Mais avant d’examiner le plan de transition, nous devons nous pencher sur la fausse dichotomie qui consiste à devoir choisir entre la production de pétrole et de gaz et la lutte contre le changement climatique. Une approche « tout ou rien » n’est pas pratique et ne permettra pas d’atteindre les objectifs en matière d’émissions.
Comment le gouvernement doit-il assurer la transition de la main-d’œuvre pour qu’elle participe pleinement à une économie à faible émission de carbone ? Les progrès technologiques et les partenariats autochtones, qui se sont multipliés au cours des cinq dernières années ici en Alberta, apportent la réponse.
L’infrastructure à émissions nulles (carrefours) contribuera à décarboniser l’économie canadienne. Et la refonte de l’infrastructure créera davantage d’emplois dans le secteur pétrolier et gazier, au lieu de les supprimer. Des communautés comme la Première nation de Frog Lake et des entreprises comme Questerre Energy mènent cette initiative dans l’Ouest canadien.
Des femmes autochtones comme moi ont fait carrière dans le secteur du pétrole et du gaz. Les compétences que j’ai acquises sont transférables à d’autres secteurs, comme l’exploitation minière. Les compétences en matière de relations intergouvernementales, de relations avec les Autochtones, de rédaction de politiques et de gestion des terres sont toutes nécessaires aux entreprises minières. Nous n’accordons pas assez de crédit à cette industrie pour les possibilités de formation et d’emploi qu’elle offre aux autochtones.
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Les possibilités offertes par le secteur des ressources naturelles sont prises en considération par de nombreuses communautés autochtones. Nombre d’entre elles envisagent de s’impliquer, ou l’ont déjà fait et tracent leur propre voie avec l’industrie. La pauvreté n’est plus une option. La gestion de nos ressources et de nos revenus sera notre moyen de résoudre certains des problèmes qui nous ont maintenus dans le désespoir.
Au stade de la pré-planification, les dirigeants indigènes demandent à être associés au gouvernement et à l’industrie. Les évaluations de l’impact environnemental doivent tenir compte des connaissances traditionnelles. Un engagement précoce est important pour les processus de planification et d’approbation réglementaire.
Aujourd’hui, l’engagement des communautés dans les projets a supplanté la consultation. Les communautés indigènes veulent être partenaires et détenir une participation dans les projets à grande échelle. Des rendements à long terme sont nécessaires pour les communautés qui luttent contre le manque de logements, d’eau potable ou de financement pour résoudre des problèmes sociaux tels que les dépendances, la criminalité ou les activités des gangs.
La réussite des projets futurs sera liée à celle des communautés autochtones. Le gouvernement fédéral devrait prendre conscience de cette réalité. On ne peut pas mener un changement majeur dans le secteur des ressources naturelles sans réunir autour de la table l’industrie concernée et les populations autochtones.
Les solutions au changement climatique doivent faire l’objet d’une conversation nationale. Chaque industrie doit être impliquée, et la conversation doit aller au-delà de la conduite d’un véhicule électrique. Le défi sera de parvenir à des émissions nettes nulles sans compromettre notre propre industrie énergétique et notre sécurité.
Nous vivons actuellement deux transitions. Premièrement, nous devons augmenter la production d’énergie tout en réduisant les impacts environnementaux. Deuxièmement, nous devons reconnaître et respecter les communautés autochtones et les employés qui font partie du secteur des ressources naturelles.
Si nous parvenons à faire ces deux choses correctement, simultanément, les voix autochtones pourront conduire un autre type de changement – un changement qui créera une nouvelle voie et un nouveau partenariat. Ce changement commence ici, chez nous, avec le gouvernement fédéral.
Supprimez les obstacles qui entravent l’économie canadienne, comme le projet de loi C-69. Permettez aux communautés autochtones de prospérer dans des industries que l’on ne trouve parfois que dans les régions éloignées. Nous pouvons nous attaquer à la fois à la pauvreté des autochtones et au changement climatique en couplant ces deux initiatives.
Ce qu’il faut supprimer, c’est le discours selon lequel nous devons choisir. Nous pouvons assurer la sécurité énergétique en investissant dans les nouvelles technologies tout en permettant au secteur de l’énergie de prospérer. Combiner les connaissances et les technologies indigènes avec les leaders de l’industrie est la voie à suivre.