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Mort d’Elizabeth II ; entre décorum et vieilles rengaines

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Perçue par une majorité de québécois comme le symbole suprême de l’Empire Britannique et de sa domination sur le Québec, la reine Élizabeth II est décédée aujourd’hui dans son château écossais de Balmoral, entraînant une vague de sympathie mondiale. Le portrait est plus mitigé au Québec, où le respect du décorum se heurte aux vieilles rengaines contre l’ennemi historique.

La fin définitive du XXe siècle

Le règne d’Élizabeth II entrera dans l’histoire comme le plus long règne d’un souverain britannique, cumulant 70 ans sur le trône. C’est donc dire qu’elle aura été une figure incontournable du paysage médiatique et politique pour toute la période suivant les deux guerres mondiales jusqu’à nos jours.

Devenue reine en 1952 et couronnée en 1953, Élizabeth aura ainsi été la confidente de 16 premiers ministres britanniques – à commencer par Sir Winston Churchill – et aura été au-devant de tous les grands enjeux mondiaux de cette période mouvementée.

Notamment, le début de son règne est caractérisé par l’immense mouvement de décolonisation qui s’active un peu partout dans le monde et qui la force à accepter le démentèlement de son empire après l’intervention ratée sur le Canal de Suez en 1956. Au total, elle accordera 48 indépendances à des nations du monde qui étaient jusqu’alors sous le joug britannique.

Avec les chocs pétroliers, les crises économiques des années 70-80 et les pressions de la Guerre Froide, la reine et sa famille vivront de nombreux revers et critiques, allant parfois jusqu’aux tentatives d’assassinat. Ces dernières décennies, l’intégration du Royaume-Uni dans l’Union-Européenne aura été le sujet incontournable.

En bref, on peut dire qu’avec la mort d’Élizabeth II, c’est un peu la fin officielle du XXe siècle et de ses enjeux dont elle était l’une des dernières représentantes. Comme on parle d’une période « victorienne » pendant le XIXe siècle, on pourra probablement dire que se termine désormais une ère « élisabéthaine » pour les citoyens du Commonwealth britannique.

Exutoire des frustrations politiques québécoises

Au Québec, le maintien du respect et du décorum face à cette mort de haut niveau est plus que difficile. Une bonne part de la population nationaliste célèbre en fait l’évènement et se laissent aller à quelques bassesses.

C’est qu’ici, Élizabeth était avant tout le visage de la domination britannique sur le Québec, l’incarnation vivante de l’envahisseur.

On fait donc peu de cas du bilan plus que vénérable de la souveraine, de sa modération et de son ouverture – 48 fois démontrée – aux indépendances nationales. On s’enlise dans une rancune de plusieurs générations et qui remonte au XVIIIe siècle. On rappelle la conquête, la déportation des Acadiens ou l’Acte d’Union dans le désordre et sans jamais prendre en considération les évolutions du XXe siècle.

Il faudra un jour se rappeler qu’en 2022, ce n’est pas de la faute de la monarchie britannique si le Québec est toujours dans le Canada ; c’est avant tout la faute des québécois eux-mêmes et du fédéral.

1982 était l’œuvre de Pierre-Elliot Trudeau, pas d’Élizabeth II, qui n’a toujours eu qu’une fonction symbolique pour nous.

La monarchie, toujours pertinente?

D’ailleurs, le côté symbolique de ce poste en fait dire à plusieurs que la monarchie est une institution dépassée qui devrait être abolie. Or c’est encore une fois une perspective toute québécoise et plutôt discutable. Les Britanniques aiment leur famille royale et ne changeront pas leur système, qui a tout de même ses avantages.

La monarchie n’est pas simplement symbolique ; dans les faits, le roi ou la reine est le véritable chef d’État, mais délègue son pouvoir à un premier ministre élu par une assemblée démocratique.

De la sorte, si la démocratie déraillait, avec l’élection, par exemple, d’un personnage autoritaire déterminé à réformer de fond en comble le système politique pour en faire un totalitarisme, le souverain pourrait exercer un veto, dissoudre l’assemblée et réorganiser des élections pour que le pays reprenne son cours normal.

La monarchie constitutionnelle est donc un rempart contre les dérives politiques, une manière d’assurer la constance des institutions. Une idéologie plus républicaine argumenterait qu’on n’a pas besoin de rois pour assurer cela, un président élu et un sénat pouvant remplir ces fonctions, or l’équilibre politique est extrêmement difficile à atteindre. En effet, si les États-Unis ont réussi au premier essai, les Français en sont déjà à leur 5ième constitution.

En outre, le mouvement monarchiste connaît une timide réémergence à la droite du spectre, même au Québec, où la figure de Louis de Bourbons, au-delà des memes, récolte quelques adeptes.

Il faudra donc voir quelle influence aura le nouveau roi Charles III sur la popularité de la monarchie au Canada, et si ce changement de garde renouvellera les appels à abolir la monarchie de notre côté de la frontière.

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