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Municipalités contre le gaz naturel : le syndrome du sauveur au Québec

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Dans la dernière semaine, cinq municipalités québécoises se sont alliées pour demander l’interdiction du chauffage résidentiel au gaz naturel au Québec. En effet, les maires et mairesses de Mont-Saint-Hilaire, Otterburn Park, Petit-Saguenay, Prévost et Saint-Cuthbert ont déclaré qu’elles interdiraient ce type de chauffage sur leur territoire, mais qu’il serait préférable qu’une loi plus stricte vienne du gouvernement du Québec.

Dans un langage typique du catastrophisme de 2022, ces élus affirment avec gravité que cette mesure est essentielle pour « atteindre nos objectifs climatiques » et que ce sont « les 40 prochaines années » qui sont en jeu.

La teneur alarmiste des propos de ces maires de petites municipalités est extrêmement représentative de ce syndrome du sauveur au Québec. Malgré la très faible contribution du Québec aux émissions de GES au niveau mondial, on agit comme si l’enjeu entier reposait sur nos épaules… Sur les épaules des quelques citoyens épars qui utilisent du chauffage au gaz naturel.

Non seulement le gouvernement du Québec a déjà interdit le chauffage au mazout et la reconversion au gaz naturel – et se retrouve donc à un cheveu de l’interdiction pure et simple du gaz naturel – mais on sait pertinemment que la part que prend l’hydroélectricité dans notre société est écrasante par rapport au reste du monde.

En d’autres mots, ces maires et mairesses réclament quelque chose qui est pratiquement déjà accompli, avec le seul véritable bénéfice de se flatter d’être moralement aligné dans la bien-pensance de nos temps.

Cela dit, malgré la futilité et la superficialité de cette fronde, on peut se questionner sérieusement sur les éventuels problèmes qu’elle pourrait causer.

D’abord, il devrait désormais être clair pour tout le monde que la sécurité énergétique implique une diversité dans nos approvisionnements. Mettre tous nos œufs dans le même panier est extrêmement risqué, puisqu’à partir du moment où subviennent les pénuries et qu’aucune alternative n’existe, c’est un retour brutal aux formes d’énergie les plus polluantes qui soit.

Allez demander à l’Europe, vantée pendant des décennies pour ses positions vertes, ce qu’elle pense aujourd’hui de sa situation… Elle a dû renouer avec le charbon cette année! La transition énergétique l’a rendu fragile aux crises, a porté atteinte à sa sécurité énergétique, et désormais, c’est un retour complet en arrière.

D’ailleurs, on apprenait récemment qu’Hydro-Québec connaîtrait ses premières pénuries autour de 2027 et devrait impérativement reconstruire des barrages pour éviter de plonger le Québec dans le noir. Est-ce vraiment une bonne idée de bannir toute autre source d’énergie en ce moment?

Imaginez la frustration légitime de citoyens ayant dû se départir de leur chauffage d’appoint au gaz si advenait des coupures prolongées d’électricité en plein hiver… Il sera trop tard pour leur offrir des excuses ; le mal sera fait.

D’autant plus que s’il y a bien un hydrocarbure qui représente un moindre mal, c’est bien le gaz naturel! Dans les conditions actuelles, cette ressource pourrait faire diminuer les gaz à effet de serre dans le monde en remplaçant le charbon consommé de manière gargantuesque en Chine, en Europe et ailleurs.

Alors quel est vraiment l’intérêt de nuire à cette industrie au Canada et au Québec si au contraire y investir signifierait une diminution des émissions? À qui profite vraiment ces positions, si ce n’est aux maires et mairesses eux-mêmes, qui veulent simplement gagner des points de respectabilité sociale?

Et je ne parle même pas du fait qu’un bannissement du gaz naturel se ferait contre Énergir, ancien Gaz Métro et fleuron québécois dans lequel la Caisse de Dépôt et de Placements a des parts! Et oui, on veut interdire une activité extrêmement marginale au Québec sans se soucier des pertes financières collectives que ça représente! Bref, les effets négatifs surpassent les bénéfices.

Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour passer pour un sauveur!

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