Skellefteå, Suède – 22 mai 2025
La société suédoise Northvolt, fleuron de l’industrie européenne des batteries, s’apprête à suspendre ses opérations de production à son usine phare de Skellefteå, connue sous le nom de Northvolt Ett, d’ici la fin du mois de juin. Cette décision a été annoncée jeudi midi lors d’une réunion interne par le syndic de faillite, Mikael Kubu, et confirmée par les journalistes Paul Connolly, Magnus Lindkvist, Anna Wikner, Christoffer Åhlund et Jenny Petersson dans les colonnes du média suédois Norran.
Une fermeture progressive, faute de repreneur
Les auteurs rapportent que l’usine réduira considérablement son effectif dès le mois de juin, la production devant s’arrêter entièrement le 30. Le syndic Mikael Kubu a déclaré dans un communiqué que « le processus de diligence raisonnable est en cours » pour trouver un repreneur de la production de cellules à Skellefteå. Toutefois, « il n’existe actuellement aucun prérequis immédiat pour une reprise de la production par un acheteur ».
Selon un employé cité par Norran, la production de cellules « n’a jamais été aussi performante que durant la faillite, même avec un tiers des employés ». Mais malgré cette efficacité apparente, l’unique client restant – le constructeur Scania – mettra fin à sa relation avec Northvolt le 1er juin, aggravant la précarité du site.
Une onde de choc pour l’industrie européenne
Le maire de Skellefteå, Lorents Burman (Parti social-démocrate), a exprimé sa profonde inquiétude dans un communiqué relayé par les auteurs :
« Ce n’est pas qu’une usine. Il s’agit de l’avenir de milliers de personnes, de la crédibilité industrielle verte de la Suède et de la capacité de l’UE à s’affirmer dans la nouvelle carte géopolitique de l’énergie, où les batteries sont une infrastructure stratégique. »
M. Burman presse l’État suédois et les institutions européennes d’agir rapidement pour financer une solution transitoire et éviter l’arrêt d’un site stratégique déjà opérationnel. « Activer un programme européen est essentiel si l’on veut maintenir une production de cellules en Europe », a-t-il ajouté.
La crise locale s’intensifie
La municipalité de Skellefteå a réactivé son organisation de crise, déjà mise en place depuis septembre dernier. La directrice municipale Kristina Sundin Jonsson a déclaré à Norran :
« C’est une très mauvaise nouvelle. De nombreux habitants se retrouvent à nouveau dans l’incertitude. Mais je garde espoir qu’un repreneur soit trouvé, car ce site a tous les atouts pour réussir. »
Elle souligne que l’UE considère l’usine comme un projet stratégique et que les efforts pour soutenir une reprise sont prioritaires. Néanmoins, elle concède : « Le temps presse. »
Une transition verte en péril
La gouverneure du comté de Västerbotten, Helene Hellmark Knutsson, a qualifié la situation de « très triste mais pas inattendue ». Dans un communiqué de presse cité par Norran, elle affirme :
« C’est un coup dur pour la transition écologique et pour la compétitivité de l’Europe face à la Chine. »
Elle appelle à un soutien massif des autorités pour accompagner les employés licenciés et maintenir une réponse collective forte aux conséquences de la faillite.
Des acheteurs potentiels, mais pas de sauvetage immédiat
Northvolt Ett n’est pas la seule entité en difficulté. Les journalistes rapportent que Northvolt Labs, à Västerås, pourrait avoir trouvé un repreneur, tandis que Revolt — la branche de recyclage du groupe — est en train d’être vidée de ses systèmes pour éviter la détérioration des équipements. Là aussi, un acheteur potentiel serait intéressé.
Dans son communiqué, Mikael Kubu écrit :
« Il existe des parties intéressées et des spéculateurs pour les différentes activités du groupe Northvolt. Des ventes ont déjà eu lieu pour une partie des opérations de Northvolt System AB. »
Mais pour Skellefteå, les discussions restent incertaines, et l’arrêt progressif de la production est désormais enclenché.
Le dernier client part : Scania se tourne vers la Chine
Selon Ekot, cité par Norran, Scania était le seul client restant de Northvolt. Les autres partenaires avaient déjà cessé leurs achats. Scania aurait signé un nouveau contrat avec le constructeur chinois BYD, selon une source interne. Ce changement, qui entrera en vigueur le 1er juin, sonne comme un coup de grâce pour l’usine de Skellefteå, qui sera réduite à entretenir ses équipements dans l’attente d’un repreneur.
Une usine modèle abandonnée ?
Northvolt avait été présentée comme l’un des projets industriels phares de l’UE dans la transition vers l’électrification. Soutenue par des fonds publics et européens, l’usine de Skellefteå était censée garantir une autonomie stratégique à l’Europe face à la domination asiatique sur les batteries.
Aujourd’hui, les journalistes de Norran rapportent qu’environ 900 employés restent en poste à Skellefteå, mais que leur avenir est plus incertain que jamais. La promesse d’une souveraineté énergétique européenne semble suspendue à un fil.
Pour toute information complémentaire, Norran invite ses lecteurs à contacter sa rédaction via tipsa@norran.se ou paul.connolly@norran.se.