Alors que tous les regards sont tournés vers les États-Unis en raison du débat catastrophique de Joe Biden jeudi passé, la question à savoir s’il devait se retirer de la course s’est imposée. Malgré l’opinion quasi unanime dans la population selon laquelle le président de 82 ans ne dispose plus des capacités cognitives nécessaires, la Maison-Blanche continue de marteler – officiellement, du moins – qu’il va très bien et qu’il demeurera le candidat démocrate pour l’élection à venir. En lisant, en parallèle, l’obstination de Trudeau à ignorer la grogne croissante au sein de son propre parti après des années de scandales ininterrompus, je ne peux m’empêcher d’y voir un certain parallèle. Dans les deux cas, un chef d’État persuadé d’incarner le bien absolu contre un péril conservateur s’accroche au pouvoir de manière déraisonnable.
Évidemment, en termes d’âge et de capacités cognitives, c’est le jour et la nuit. On le sait bien, Trudeau est encore assez jeune, fringuant, beau bonhomme, alors que Biden est en plein déclin cognitif. Or, au regard de l’incompétence dont semble continuellement faire preuve Justin Trudeau, c’est à se demander s’il n’est pas aussi inapte que Biden pour diriger le Canada encore longtemps.
Son propre parti le sait et de plus en plus de libéraux considèrent qu’il est temps pour lui de céder sa place à quelqu’un d’autre, particulièrement après sa défaite historique dans l’élection partielle de Toronto-St-Paul’s.
D’abord, avec trois mandats consécutifs et 8 ans de pouvoir, on a donné amplement ses chances à Justin Trudeau de nous prouver qu’il était l’homme de la situation. Or, avec la situation économique désastreuse actuelle, la crise du logement, son immigration incontrôlée de manière fanatique, ses assauts constants contre la liberté d’expression par des moyens déguisés comme la réglementation du web, la criminalisation des discours soi-disant « haineux », l’insistance énervante dans la promotion de politiques wokes ridicules, la dégradation de la sécurité dans les villes, la complète passivité contre les ingérences chinoises, iraniennes, russes et indiennes… disons que le portrait n’est pas très reluisant et ne justifie pas un nouveau mandat.
Évidemment, les sondages prédisent un raz-de-maré conservateur, et les médias travaillent très dur pour dépeindre Pierre Poilievre comme un Trump Canadien. Sur toutes les tribunes, on présente ce ressac conservateur – totalement justifié par un abus de néo-libéralisme woke bon-enfant – comme une catastrophe à venir. Dans les rangs libéraux, la panique commence à prendre et on craint que maintenir Trudeau à la tête des Libéraux ne soit plus une nuisance qu’un avantage.
Selon beaucoup d’analystes, cet été sera déterminant pour Trudeau, et on a de bonnes chances de tomber en élection d’ici à cet automne. Ça sent les élections dans l’air… Raison de plus pour le Parti libéral de revoir son plan de match. Mais lorsque questionné ce mercredi à Montréal sur la possibilité de réunir son caucus et faire le point, Trudeau a catégoriquement refusé, arguant qu’il allait définitivement mener le combat contre Poilievre jusqu’au bout et qu’il se contenterait de consulter individuellement les différentes parties qui s’opposent au sein du parti.
Une source libérale aurait apparemment dit au Journal de Montréal que l’organisation d’un caucus d’urgence enverrait un signal que le Parti libéral est paniqué, et qu’ils préfèrent donc s’abstenir. Soit! S’ils ne veulent pas paraître autant paniqués que ne le sont les Démocrates en ce moment aux États-Unis, les libéraux de Justin Trudeau n’ont apparemment aucun problème à paraître aussi entêtés et dans le déni.