La course à la chefferie au PCQ
Deux candidats font campagne pour remporter la chefferie du Parti conservateur du Québec : Daniel Brisson et Éric Duhaime. Le 17 avril, des milliers de membres de ce parti seront appelés à choisir celui qui dirigera un PCQ jusqu’ici identifié à Adrien Pouliot.
J’ai pris mon temps pour écrire cet article car je n’aime pas apparaître excessivement partisan. Je connaissais Daniel Brisson vu que nous avions été tous les deux candidats du Parti populaire du Canada et nous entretenons de bons rapports. J’ai lu les publications en ligne de Daniel et visionné ses vidéos.
Comme Montréalais un peu loin de Québec (bien que j’y aie plusieurs cousins), je n’avais pas été sensibilisé au parcours d’Éric Duhaime que je ne connais pas personnellement. J’ai donc pris le temps de lire ses quatre livres publiés ces huit dernières années[1].
J’ai ensuite attendu qu’il dévoile des tranches de son programme et que sa conférence nationale et sa tournée virtuelle des régions soient complétées, ainsi que le premier débat entre les deux candidats.
Le dynamisme d’Éric Duhaime m’a impressionné jusqu’ici, mais j’avais aussi en tête de faire ressortir des points plus forts et plus faibles de ses propositions. Finalement, mon plan de match n’a pas fonctionné comme prévu, car je n’ai pas vraiment vu de faiblesses chez le candidat Duhaime.
C’est le candidat pour lequel je vais voter. Éric Duhaime a l’expérience, le courage et les capacités pour mener le Parti conservateur du Québec vers une notoriété et une reconnaissance plus fortes. Il a une oreille empathique et une personnalité chaleureuse qui pourra garder la famille conservatrice unie et élargir ses rangs.
Le candidat Éric Duhaime
Il se présente à la fois comme fort en thème et très accessible. Libertarien, mais pas idéologue.
Il nous offre un creuset intellectuel utile et cohérent. Il a une maîtrise en évaluation de politiques et des programmes (ENAP). Son mémoire a porté sur la nécessaire privatisation d’Hydro-Québec. Il a fait un stage à l’Institut Fraser et a été chercheur associé à l’Institut économique de Montréal. Il faut lire ses livres pour réaliser qu’il apporte des solutions originales à plusieurs problèmes de politique publique.
Il fouille ses dossiers, mais ne prétend pas avoir réponse à tout. Il promet de s’entourer de conseillers et de consulter les membres du PCQ pour enrichir son programme.
Il a une grande capacité de synthèse, il peut parler longtemps sans avoir l’air de se perdre dans ses fiches. De la clarté.
Il se montre à l’écoute. N’est-ce pas la base de la communication?
Il nous offre son énergie. Duhaime est un coureur de fond. Il est là pour plusieurs élections.
Il nous offre aussi un vaste réseau de contacts, de l’ADQ de Mario Dumont au Réseau Liberté-Québec dont il a été co-fondateur. À cela s’ajoutent une carrière d’animateur dans le milieu des médias et des liens avec les milieux nationalistes – il a travaillé pour le Bloc québécois – auquel s’ajoute une connaissance du Canada : il a été directeur des communications de Stockwell Day et reste proche de Jason Kenny en Alberta.
Ce candidat a su rassembler une équipe forte avec une expérience politique indéniable.
Il a reçu le soutien de trois sénateurs conservateurs, dont Josée Verner, qui a accepté de présider sa campagne au leadership.
Le candidat Daniel Brisson
Daniel Brisson est un entrepreneur en informatique et un entrepreneur politique. Il s’est déjà présenté à la chefferie du PCQ en 2013, à la mairie de Québec en 2017 et pour le PPC en 2019.
Sa candidature actuelle a eu le premier mérite d’amener un débat et certainement de l’émulation dans cette campagne.
Il argumente par écrit ses politiques de façon très fouillée. On a l’impression, cependant, qu’il travaille seul et qu’il n’arrive pas à transmettre toutes ses connaissances oralement au bénéfice de ses auditeurs.
Il est important de garder des influenceurs de cette capacité au PCQ. Brisson a dit qu’il continuerait avec son parti, quel que soit le résultat de la course à la chefferie. Il pourrait certainement aider le PCQ à développer son programme. Souhaitons qu’il fasse partie des premiers députés conservateurs du Québec au XXIe siècle (si possible à la prochaine élection!).
C’est le leadership qui fait la différence
Je me suis demandé comment mes préférences dans cette course à la chefferie se sont fixées.
Les positions programmatiques des deux candidats ne comportent pas de différences majeures, ni même importantes.
Alors, qu’est-ce qui explique que la campagne d’Éric Duhaime ait autant de portée? Car il est clair que c’est sa candidature qui a multiplié par douze les effectifs du PCQ en quelques mois.
Duhaime possède certainement des atouts de personnalité pour être un bon leader : il est frondeur, mais pas clivant ou abrasif.
Dans son dernier livre, il a parlé de son parcours et de son coming out à titre de gay. On a l’impression que ce parcours de vie lui a donné de l’étoffe.
Il ne craint pas de dire ce qu’il ressent, de donner des témoignages personnels. Il parle avec ses tripes, il est capable d’exprimer une indignation sincère. Il aime clairement parler aux gens. Il est modeste mais assume son rôle de leader. Il sait reconnaître les contributions des autres.
Finalement, il a réussi à diffuser de façon crédible l’idée qu’il va prendre du plaisir à se battre pour les Québécois. Qu’il va être lui-même. Duhaime a trouvé son inner game, comme on le dit en compétition sportive. Il n’a pas besoin de se contrarier pour donner sa mesure.
Éric Duhaime a réussi à véhiculer une image cohérente de ses messages. Et de qui il est pour les porter.
Demain, nous examinerons quels sont les défis du prochain chef du PCQ.
N. B. Mes commentaires n’engagent que moi et ne reflètent pas nécessairement les positions des autres membres du Bureau exécutif national du Parti conservateur du Québec.
[1] La fin de l’homosexualité et le dernier gay (2017)
La SAQ pousse le bouchon (2014)
Libérez-nous des syndicats! (2013)
L’État contre les jeunes (2012)