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OPINION: Pourquoi Peter MacKay va gagner

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Ce n’est pas seulement parce qu’il a reçu l’appui de 61 députés ou sénateurs qu’il va remporter la course au leadership du Parti conservateur. Ni parce que sa campagne est mieux financée. Ni même parce qu’il a une grande expérience de gouvernement. Tout cela est à son actif, certes, mais ce n’est pas suffisant.

Non, Peter MacKay a acquis une grande avance sur ses concurrents à la course à la chefferie parce qu’il a compris que les élections au Canada se jouent au centre et qu’il a adapté sa stratégie en conséquence. Sa force, c’est son positionnement.

Les valeurs sociales des Canadiens sont dans l’orbite de la gauche, disons du centre gauche. Pour gagner, il faut que les Conservateurs fassent tourner la campagne électorale autour des questions économiques, un domaine où ils sont plus crédibles auprès de l’électorat. MacKay envoie donc des signaux qui visent à empêcher le gouvernement actuel (et les médias) de déporter le débat sur les « sujets de société » qui seront favorables aux Libéraux, comme l’avortement.

MacKay a assez d’expérience pour avoir compris cela. Il a choisi son angle, la création d’emplois et le développement des richesses naturelles. C’est un thème unificateur pour les Canadiens de diverses régions et qui peut rallier plusieurs courants du conservatisme.

Évidemment, les membres du PCC peuvent en décider autrement et ne pas élire un « Red Tory » comme chef. Mais est-ce que ce serait une bonne chose?

Sans doute pas, car cela voudrait dire quatre autres années avec Trudeau. Il n’est pas certain que MacKay arrive à battre le premier ministre actuel, mais il me semble certain que Trudeau l’emporterait sur les trois autres candidats à la chefferie du PCC au moment de l’élection générale. Alors, les Conservateurs vont se rallier autour de MacKay.

Y a-t-il une place pour la Droite décomplexée dans le PCC?

Tout de même, on peut voter sans risques pour encourager des candidats qui ont un programme plus conservateur que la mouvance Red Tory, dans la mesure où MacKay garde une forte avance.

Deux candidats qui ont levé la bannière de la Droite, Derek Sloan et Leslyn Lewis, ont décidé de se battre pour leurs idées dans le PCC. Donner une chance à ces candidats est une façon de garder le débat vivant dans le Parti conservateur.

Je suis touché par leur détermination. J’ai été candidat du Parti populaire, je suis proche des idées libertariennes et je défends maintenant  l’idée qu’il faut travailler loyalement avec le Parti conservateur du Canada.

Des porteurs d’idées nouvelles ne peuvent vaincre seuls, ni même faire élire des députés, dans un pays avec un mode de scrutin uninominal à un tour. Des courants minoritaires doivent faire alliance avec des forces conservatrices plus anciennes. Il est donc important que ces courants dialoguent dans un esprit constructif.

Des partisans du libéralisme économique, des libertariens et ceux qui adhèrent à des courants issus du conservatisme nationaliste soulèvent des questions légitimes sur la tendance du PCC à occuper le Centre.

Certains de ces Conservateurs ou des membres du Parti populaire m’ont donné un conseil : « tu peux bien avancer tes idées au sein du PCC, mais ça ne donnera rien, la machine du Parti va t’empêcher d’être entendu ».

On peut voir l’avenir d’une autre façon.

La machine conservatrice

Cette « machine » est composée d’un réseau de responsables au sein du PCC, d’anciens ministres conservateurs et de députés actuels. Ils influencent la plateforme électorale et contribuent à lever des fonds et à choisir les candidats.

Ces gens influents partagent les valeurs et la culture politique des Conservateurs : foi en l’entrepreneuriat, développement des richesses naturelles, conservatisme fiscal, respect des pouvoirs des provinces, allègement de la bureaucratie, immigration basée sur les compétences, méfiance envers les régimes totalitaires.

Il s’agit d’ouvrir une brèche dans cette machine conservatrice qui est très prudente. La raison d’être de cette « machine » est de remporter les élections, ce qui est normal pour un grand parti.

Notre objectif doit être de renforcer la droite dans le Parti conservateur et de convaincre la « machine », au moment approprié, que l’opinion publique sera prête pour des réformes plus audacieuses.

Beaucoup de Conservateurs croient, avec raison, que le changement, dans une société démocratique, est progressif et qu’il ne sert à rien d’aller devant l’électorat avec une batterie de propositions qui seront incomprises et ne trouveront pas de relais porteurs dans la société canadienne. Le travail de conviction et la conquête des coeurs et des adhésions doivent se faire avant l’approche des élections. Quand il y aura suffisamment d’appuis à des propositions de la Droite, ce sera l’intérêt de la « machine » de les intégrer dans le programme électoral. La campagne électorale ne sert qu’à confirmer de nouveaux consensus et à réunir une majorité la plus unie possible pour former un gouvernement. Pas pour se chicaner devant tout le monde.

Les « courageux »

Ceux qui n’acceptent pas entièrement cette approche patiente, comme Derek Sloan ou le chef du Parti populaire, Maxime Bernier, revendiquent qu’ils sont les seuls à dire ce qu’ils pensent. Leurs partisans les trouvent francs et courageux. Cela évoque la fréquente opposition, en politique, entre une éthique de conviction – je dis ce que je pense et je me fais plaisir – et une éthique de responsabilité – je regarde comment ce que je dis va atterrir dans la cour de nos concitoyens.

Le problème n’est pas de dire la vérité, mais de ne pas écouter. Si certains courants n’ont pas réussi à convaincre grand monde, c’est peut-être parce qu’ils n’ont pas touché les gens avec les bons arguments, qu’ils n’ont pas répondu à leurs objections ou qu’ils n’ont pas démontré comment les réformes qu’ils proposent pourraient se réaliser par étapes sans que trop de monde ne soient laissés pour compte. Les Canadiens sont ouverts au changement, mais dans l’ordre et la paix sociale. Il faut aussi que des gens renseignés sur ces dossiers nous appuient. Ça fait beaucoup de monde à écouter. Mais si l’on n’écoute pas, on met de côté toute communication efficace.

M. Sloan argumente qu’il faut se différencier de Trudeau pour gagner, être à son opposé. Le défi ne me semble pas d’être différent de Trudeau, mais d’être compris. Est-ce que les Canadiens connaissent bien la nature des changements que M. Sloan propose sur la gestion de l’offre, l’avortement, les armes à feu, le retrait de l’OMS et de l’Accord de Paris?

Je crois que la stratégie de démarcation de Sloan peut être acceptée tant qu’il ne remet pas en question l’unité du PCC par des attaques trop partisanes envers ses concurrents à la chefferie.

Je crois aussi qu’il faut considérer qu’il vaut mieux avoir un Red Tory que Trudeau au gouvernement pour faire avancer le programme conservateur, recréer une relation de proximité avec les Canadiens et les intéresser aux débats et aux orientations du PCC.

Ce qui ne veut pas dire qu’on doit absolument voter pour MacKay si on préfère le programme de Sloan. Il est légitime d’appuyer un candidat qui a des chances de faire ses marques dans le futur.

M. Sloan et l’autre candidate, Mme Leslyn Lewis, n’ont aucun espoir de l’emporter, mais veulent clairement se créer une clientèle politique à droite et peser sur l’avenir.

Si vous êtes certains que MacKay sera élu de toute façon, alors, vous pouvez vous faire plaisir et voter pour un programme idéal.

Mais attention, un quatrième candidat est en embuscade.

M. Erin O’Toole se présente comme le running dog et un « vrai bleu ». Il a une feuille de route respectable et il parle français. En 2015, il courtisait plutôt les Red Tory, alors qu’il aimerait maintenant fédérer leurs opposants. Mais son positionnement reste flou et il n’a pas démontré toutes les qualités nécessaires pour ensuite unir le parti et vaincre Trudeau. Si MacKay ne l’emporte pas au premier tour du vote pour la chefferie, O’Toole compte recueillir les voix de Sloan et de Lewis pour les rondes suivantes. Le Parti conservateur se jouerait peut-être un mauvais tour, car je ne crois pas qu’Erin O’Toole pourrait battre Trudeau.

Comme toujours, le texte que vous avez lu reflète mes opinions et non celles du Parti conservateur du Québec, dont je fais partie.

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