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OTAN : le Canada atteint finalement la cible de 2% du PIB en défense… juste avant une hausse à 5%

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Alors que le spectre d’un conflit généralisé en Europe se précise et que les États-Unis haussent le ton au sein de l’OTAN, le Canada semble, pour la première fois depuis des décennies, prendre au sérieux ses engagements militaires. Le nouveau premier ministre Mark Carney a annoncé, à la surprise générale, que le pays atteindrait cette année la cible de 2 % du PIB consacrée à la défense — une première depuis 1990. Mais dans une alliance en pleine transformation, cette annonce risque déjà d’être insuffisante.

Un revirement historique pour Ottawa

Le 9 juin, Mike Blanchfield de Politico rapportait que Carney s’apprête à clore des décennies de tergiversations canadiennes en matière de défense. Lors d’une conférence de presse précédant le sommet du G7, le premier ministre a promis de respecter dès 2025 l’objectif de 2 % du PIB consacré aux dépenses militaires, devançant de cinq ans la cible de sa propre campagne électorale.

L’annonce marque une rupture nette avec la posture antérieure de Justin Trudeau, qui, selon des documents révélés par le Pentagon leaks en 2023, aurait assuré aux alliés que le Canada ne comptait jamais atteindre ce seuil. Carney, de son côté, justifie ce virage par un monde « plus dangereux » et une Amérique « moins protectrice », soulignant que « si nous ne sommes pas à la table, nous serons au menu ».

Dans les pages de CTV News, Andrea Jerrett et Sean Mott relaient l’annonce d’une injection immédiate de 9 milliards de dollars pour atteindre la cible dès cette année. Le gouvernement entend aussi accélérer encore cet effort dans les années à venir, bien qu’aucun budget n’ait été déposé, ce qui suscite le scepticisme de plusieurs observateurs, dont l’ancien ministre conservateur Peter MacKay. Ce dernier se dit « prudemment optimiste », mais souligne que sans recrutement et réformes concrètes, « ce ne sont encore que des mots ».

Une cible qui pourrait devenir obsolète… en juin

Or, même cette avancée pourrait rapidement être reléguée au rang de demi-mesure. Comme le rapporte Katy Scholes de Sky News, l’ambassadeur américain à l’OTAN, Matthew Whitaker, a affirmé sans détour que « 5 % » du PIB en dépenses de défense et de sécurité constituera désormais le seuil de base exigé par Washington.

La proposition américaine, soutenue par le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte, vise un nouveau découpage : 3,5 % pour les dépenses militaires directes, et 1,5 % pour les investissements liés à la sécurité (infrastructures, résilience, cybersécurité). Le sommet de l’OTAN prévu à La Haye les 24 et 25 juin doit entériner cette révision, qui ferait de l’actuelle cible de 2 % un simple plancher historique.

Mark Rutte, cité par Jill Lawless de l’Associated Press, insiste : « Si nous croyons pouvoir assurer notre sécurité avec 2 %, oubliez ça. » Selon lui, la Russie pourrait être prête à attaquer un pays de l’OTAN d’ici cinq ans. Dans cette optique, il demande une augmentation de 400 % des capacités de défense aérienne, une relance massive de la production de munitions, et des armées capables de réagir rapidement à une menace généralisée.

Carney, le bon élève d’un cours qui change de niveau

Dans ce contexte, Mark Carney apparaît comme un meilleur élève que son prédécesseur. Il semble comprendre les nouvelles règles du jeu transatlantique : mise à niveau industrielle, participation à l’initiative ReArm Europe, valorisation des ressources canadiennes critiques (aluminium, minéraux stratégiques, cybersécurité). Il s’efforce aussi de présenter cette militarisation comme un levier économique pour le pays, notamment pour les régions comme la Nouvelle-Écosse, qui espère en tirer des emplois et des investissements.

Mais cette proactivité pourrait être rattrapée par les événements. Si l’objectif passe bel et bien à 5 %, le Canada redeviendra, du jour au lendemain, un mauvais élève — à moins d’un réinvestissement aussi massif qu’inédit.

François-Philippe Champagne, ministre des Finances, l’admettait lui-même à Politico : la cible pourrait bouger dès le sommet de juin. « Avec le conflit commercial en cours avec les États-Unis, les choses pourraient changer rapidement », a-t-il déclaré, évoquant un grand exercice d’efficacité gouvernementale en cours.

Encore du chemin à faire

Le Canada a, pour la première fois depuis des décennies, donné des signes clairs d’un réengagement sérieux au sein de l’OTAN. Sous Mark Carney, Ottawa rattrape son retard, en paroles du moins. Mais dans une alliance où le niveau d’exigence est sur le point de doubler, rien n’assure que cette volonté tiendra la distance.

Comme le disait déjà l’ancien ministre John Manley en 2001 : « On ne peut pas juste s’asseoir à la table du G8 et aller aux toilettes quand la facture arrive. » En 2025, la facture de l’OTAN est sur la table — et elle risque d’augmenter rapidement.

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