Dans une récente chronique, nous avons fait état que selon une étude, les téléspectateurs de Radio-Canada sont en moyenne âgée de 58 ans, TVA, 57 ans et Noovo … 50 ans. Or, nous sommes en pleine saison des nouveautés à la télé, et il faut le dire, ce n’est pas joyeux pour les producteurs. Hugo Dumas affirme que la faiblesse des cotes d’écoute est attribuable au trop grand nombre de séries diffusées au même moment. D’autres facteurs seraient-ils en cause? Voyons voir pourquoi peu de gens en bas de 50 ans regarde la télé au Québec, expliquant ainsi en partie la faiblesse des cotes d’écoute.
Quelles sont les nouveautés notables de la saison? Une nouvelle saison de La Petite Vie. Et un talk-show avec Martin Matte. Dans le cas de La Petite Vie, au-delà du fait que c’est toujours du réchauffé, la série n’est sortie que sur tou.tv. Cela signifie que le contribuable québécois paiera deux fois pour voir la série : une première fois pour financer sa production via ses impôts, et une autre fois avec sa carte de crédit pour avoir accès au contenu du site tou.tv de Radio-Canada. Même Claude Meunier et les acteurs de la série se sont indignés de ce manque de respect de la part de Radio-Canada pour les amateurs de la série qui ont fait les beaux jours de la boîte durant les années 90.
Quant à Martin Matte, nous aimons l’humoriste, mais est-ce possible que le concept des talk-shows ne soit pas dans les intérêts des Québécois? Plusieurs émissions de ce type se sont cassé la gueule au cours des dernières années. L’humour c’est bien, mais pourquoi donner à des humoristes le mandat de faire tout au Québec? Du cinéma aux publicités, en passant par la politique? Nous sommes probablement le seul endroit dans le monde à faire ça.
Les cotes d’écoute baissent au Québec non pas uniquement à cause de l’énorme diversité des programmes offerts, mais justement, car une bonne partie des Québécois ont simplement débranché le câble. Les jeunes pour commencer. Ceux-ci préfèrent regarder quand ils le veulent des extraits d’émissions sur YouTube ou sur Facebook, s’ils ne se tournent pas vers les sites de streaming américains. Le contenu québécois ne leur parle pas. La télé semble figée pour plaire à la génération X en montant.
De plus, beaucoup de gens ont effectivement annulé leur abonnement à la télé pour des raisons politiques. Pourquoi payer en double après ses impôts et un abonnement pour des « vedettes » arrogantes et méprisantes qui vivent en vase clos? Le petit milieu de la culture au Québec est le lieu d’un népotisme qui ne dit pas son nom. Les vedettes d’hier préparant le terrain pour leurs enfants qui vont les remplacer en onde.
De plus, il faut montrer des signes de vertu pour avoir les bonnes grâces des producteurs. Parlez-en à Anne Casabonne. Ou à n’importe qui qui a osé se lever contre la pensée unique dans le petit milieu de la télé ou de la musique au Québec. Même les humoristes has been (on ne nommera personne ici) sont obligés de donner des gages de politiquement correct et d’avouer leur toxicité comme hommes blancs hétéros cisgenre pour espérer exister encore quelques années dans un milieu de jeunes loups « woke ».
Donc, dans un tel contexte, pourquoi nous devrions accepter de payer en double pour des émissions que nous finançons avec nos taxes et impôts, et de prendre un abonnement? Nous en avons déjà beaucoup avec Netflix, Amazon Prime, Disney+, YouTube Premium, Spotify et nos abonnements à des créateurs de contenu sur Patreon. Si la télé québécoise veut rejoindre les jeunes, qu’elle commence par conquérir ces plateformes. Tout est possible avec un peu de volonté politique.
Et la télé d’ici devrait proposer des contenus qui plaisent au lieu de toujours offrir des talk-shows, des émissions de chanteurs ou d’humoristes. L’offre est vraiment atomisée, et le temps de cerveau disponible est saturé. Nous travaillons beaucoup, et entre les activités sociales, les nombreux services de streaming, les jeux vidéo et les réseaux sociaux, il ne reste plus grand temps à consacrer au contenu qui n’attire pas instantanément notre regard. C’est cruel, mais c’est la vie. Nous vivons dans une société de libre marché, et les acteurs économiques sont appelés à évoluer ou disparaître.