On a parlé abondamment dans les nouvelles des averses qui sont tombées lors de la veille de la Saint-Jean-Baptiste. Ou de la qualité questionnable du spectacle sur les plaines d’Abraham. Par contre, il faut le dire, ça ne regarde pas très bien pour la fête du Canada. C’est le moins qu’on puisse dire. Pourquoi? C’est ce que nous allons voir.
Au-delà de la classique rivalité entre la Saint-Jean-Baptiste et la fête du Canada, parfois surnommée par ses détracteurs « fête du déménagement », il faut que cette année, cela ne lève pas les foules. Au Québec, il n’y a que quelques célébrations à Montréal, Québec, Saint-Jean-sur-Richelieu. Le défilé de Montréal est par ailleurs annulé pour des « raisons politiques ».
Ce qu’il faut dire ici, c’est que la ville ne semblait pas spécialement intéressée à octroyer les permis nécessaires pour le défilé. Ni que la mairie de façon générale aime les grands événements (souvenez-vous du Grand Prix). Il y aura tout de même un spectacle. Mais pas de quoi soulever les foules. Ni à Ottawa d’ailleurs. C’est le règne des biscuits soda. Vous savez, ces biscuits qui ne goûtent pas grand-chose que l’on met dans la soupe? Bah, les festivals et célébrations nationales, c’est cela de nos jours.
Les gens célèbrent peut-être moins qu’avant. Il faut dire que c’est l’époque dans laquelle nous vivons. Les gens n’aiment pas sortir. Quand l’on peut commander tout, du McDo à l’épicerie sur Internet, les gens ne sont pas incités de sortir de chez eux. Encore moins quand cela n’est pas nécessaire. Il faut dire que les célébrations de la Saint-Jean-Baptiste n’ont pas attiré les foules non plus.
La fête du Canada, c’est aussi peut-être parce que les raisons d’être « fier » d’être canadien se sont évaporées avec les années. Durant les années 90, il y avait toute une propagande autour des Casques bleus, de la « troisième voie diplomatique » du Canada qui sait se distancier des États-Unis. On se souvient tous quand Jean Chrétien a dit non à l’intervention en Irak. Mais de nos jours, que reste-t-il?
Même durant les dernières années, on sentait une gêne de la part des organisateurs du Canada Day. Il faut dire que le scandale des pensionnats autochtones a créé un ressentiment sans précédent face à l’histoire canadienne récente. Les organisateurs de la fête à Sherbrooke par exemple se sentaient si gênés en fait qu’ils ont planifié des feux d’artifice dans un lieu « tenu secret ». Résultat? Personne n’a vu les feux, et ce même si tout le monde a payé par le biais de ses impôts.
D’où peut-être la raison qu’il n’y a pas de Canada Day demain à Sherbrooke. La pandémie a fait mal. Et le contexte politique n’aide pas du tout. Même les clientèles cibles de la fête, les anglophones et les immigrants, se détournent de Justin Trudeau. Nous vivons des années difficiles justement à cause du parti libéral du Canada, qui est le champion de la feuille d’érable depuis sa fondation.
On peut raisonnablement se questionner sur l’avenir de la fête du Canada, au Québec, mais aussi ailleurs au Canada. Pour des raisons historiques évidentes, il ne pourra jamais y avoir ici un patriotisme aussi fervent qu’aux États-Unis. Pour eux, le 4 juillet est un jour sacré. Alors qu’ici, la fête du Canada est considérée comme un jour de congé auquel nous avons droit. Sans plus. Et rien n’indique que cela changera au cours des prochaines années avec la popularité grandissante de Paul St-Pierre Plamondon et les revendications des autres provinces face à l’ingérence d’Ottawa.
De toute façon, si vous déménagez ou que vous aidez quelqu’un à le faire, bonne journée du déménagement!