C’est une scène que nous voyons de plus en plus : des militants LGBT+ qui insultent des femmes musulmanes voilées dans des manifestations pour ou contre l’enseignement des identités de genre à l’école. Ces scènes sont désormais familières aux Américains et aux Canadiens, mais c’est la première fois que nous voyons ça au Québec. Pourquoi la gauche « woke » est un bateau en train de couler face à la diversité pour qui elle a longtemps milité pour ? C’est ce que nous allons voir.
Les manifestations qui eurent lieu au centre-ville de Montréal ne sont pas nouvelles. Partout aux États-Unis, au Canada et en Europe, on voit s’affronter dans le cadre de manifestations et contre-manifestations des activistes critiques ou favorables aux identités de genre dans les écoles. Pendant longtemps, nous avons cru que cela serait réservé aux conservateurs chrétiens que de militer sur la place publique, mais voilà que nous voyons de nouveaux acteurs s’en mêler : les musulmans et d’autres minorités religieuses.
Pendant des années, la gauche « woke » a fait de la diversité multiculturelle son cheval de bataille. Celui de l’intersectionnalité qui voudrait voir se battre côte à côte des femmes musulmanes voilées, des « racisés », des personnes handicapées, obèses ou encore lesbiennes et trans. Mais voilà qu’ils constatent à la dure que d’unir des gens ayant des agendas radicalement différents ne pouvait tenir éternellement.
Les pays musulmans dans leur ensemble sont des pays qui appliquent des lois très brutales contre l’homosexualité. Allant des coups de fouet à la peine de mort par pendaison. Ce sont aussi des pays qui tolèrent dans une large mesure l’esclavage. S’il ne faut pas associer l’ensemble des ressortissants de ces pays à des homophobes en puissance, il convient néanmoins de se dire que plusieurs musulmans, intégristes ou non, peuvent ressentir un malaise devant l’expression trop directe de ces revendications LGBT+ dans les écoles, les médias, les bibliothèques et la culture de façon générale.
Donc, au nom de l’antiracisme et de l’inclusion, la gauche radicale a longtemps milité pour une ouverture sans limites des frontières sans s’intéresser aux questions de compatibilité culturelle. Et surtout, ils ont vu dans cette diversité, même si elle est très traditionnelle et conservatrice, des alliés utiles dans sa lutte contre l’homme blanc hétéro cisgenre.
Pourtant, ce sont des hommes politiques blancs hétéros cisgenres qui furent les premiers à décriminaliser l’homosexualité, ainsi que les premiers à avoir aboli l’esclavage. Bien souvent, les premiers à remettre en question leurs « privilèges », ce sont les hommes blancs qu’ils aiment rendre responsables de tous les maux sur la terre, de la prostitution aux changements climatiques.
Ça démontre une fois de plus l’état de faillite morale de la gauche « woke ». Celle-ci a longtemps milité pour l’arrivée de centaines de milliers de migrants de pays profondément conservateurs, voire réactionnaires, pour après être surprise que ces gens qui ont une culture, une identité, n’embarquent pas dans leur « convergence des luttes ». Ils ont qualifié de raciste le Parti conservateur du Québec d’avoir mis à son programme l’importance de la comptabilité civilisationnelle. Et maintenant, qu’est-ce qu’ils peuvent dire face à ces scènes qui passeront à l’histoire?
Scènes qui montrent l’échec sur toute la ligne des mutations de la gauche depuis mai 68, qui passèrent de la défense des droits des travailleurs à celles de toutes les minorités, même si celles-ci n’ont aucun intérêt en commun. Il est quand même ironique que pour combattre le patriarcat des hommes blancs, ils aient voulu s’allier à des gens beaucoup plus conservateurs. Maintenant, qu’ils assument cet échec intellectuel. Cela sera moins gênant pour eux.