Pourquoi les wokes devraient voyager au lieu de blâmer l’Occident

Présentement, je me trouve en Indonésie, pays de tous les superlatifs. Quatrième pays le plus peuplé du monde après les États-Unis, premier pays musulman en nombre de croyants, plus grand archipel avec plus de 17 000 îles et deuxième État comptant le plus de langues parlées (après la Papouasie Nouvelle-Guinée). Je réfléchis beaucoup à notre condition québécoise depuis mon arrivée ici. Et j’ai discuté avec un ami pourquoi les militants wokes devraient voyager au lieu de blâmer l’Occident pour toutes les atrocités dans le monde. Je vous explique.

L’Indonésie, comme la plupart des pays de la planète, est le fruit de la colonisation européenne. L’archipel fut essentiellement colonisé par les Pays-Bas, qui y exploitèrent notamment l’agriculture. Jakarta s’appelait Batavia. On peut toujours visiter le centre de l’ancien gouvernement de la colonie au nord de la ville. Les Portugais et les Britanniques eurent eux aussi quelques îles indonésiennes. Le Japon a quant à lui envahi l’archipel durant la Seconde Guerre mondiale. 4 millions d’Indonésiens périrent. Mais les Japonais donnèrent aux indépendantistes la possibilité de proclamer la première république issue d’un empire colonial en 1945. Il faudra attendre 1949 pour que celle-ci soit accordée par les Pays-Bas, sous la pression des États-Unis.

Aujourd’hui, les Indonésiens n’ont absolument aucune animosité envers les Pays-Bas, le Japon, le Royaume-Uni ni ce que l’on pourrait appeler l’Occident blanc et chrétien. Des boulangeries hollandaises ont ici pignon sur rue, avec des moulins à vent comme symbole. Les Néerlandais sont ici très bien accueillis, comme l’ensemble des touristes occidentaux. On ne m’a jamais ramené à ma couleur de peau ici d’aucune façon. Ni sur ce que j’avais le droit de faire ou non. Le pays est relativement jeune (l’âge moyen est de 30 ans, et ça se voit), et les jeunes ont envie de consommer, de voyager, de vivre des expériences comme les Occidentaux de leur âge.

On peut entendre de la musique pop américaine ou britannique partout. Dans les cafés, les taxis, les auberges. Tout cela avec la musique traditionnelle indonésienne, telle que le gamelan (sorte d’instrument à percussion). Les gens portent des vêtements occidentaux, ont des tatouages. Ils vivent à côté des femmes voilées, des personnes portant des habits traditionnels. Sans que cela ne choque personne.

Pourquoi je dis tout ça ? Je pense que les activistes wokes devraient voyager dans un pays d’Asie ou d’Afrique pour constater que leur vision du monde d’un Occident démoniaque n’a pas cours ici. Les gens ici sont souriants, accueillants, avec un humour totalement dépourvu de cynisme. Nous sommes loin des militants qui veulent pourrir la vie de tous, car leur vie est faite de rancœur et de haine.

Bandung est l’une des villes les plus importantes du pays, et c’est l’architecture coloniale néerlandaise qui attire aujourd’hui les touristes. Pour la plupart des locaux. On y vient pour voir les belles demeures européennes, les bâtiments publics, et aussi pour se souvenir du lieu de la conférence de Bandung en 1955. Première rencontre des pays dits non alignés qui ont travaillé à la décolonisation du tiers-monde, le troisième bloc entre l’est et l’ouest.

Même au musée de la conférence, lorsque j’y suis allé, on m’a accueilli avec le sourire, et ce malgré que je sois originaire d’un pays occidental. Est-ce que les Indonésiens seraient victimes du syndrome de Stockholm ? Je ne crois pas. Le drapeau national rouge et blanc est visible ici partout. Les gens en sont très fiers. Des affiches et des drapeaux de plusieurs partis politiques sont mis partout. Le héros national Soekarno est sur les billets ayant la plus haute valeur (100 000), et il fait l’objet d’une vénération sincère.

Si l’islam local est plutôt conservateur, il n’est pas pour autant hostile aux étrangers. Les gens peuvent parler de politique, des enjeux comme la pollution par le plastique et les inégalités nord-sud. Et ce sans pour autant ramener à l’unique responsabilité supposée des Occidentaux. Tout cela est fait dans le respect.

Les militants wokes voient le monde comme étant dominé et écrasé par les blancs. S’ils voyageaient au lieu de se plaindre, ils verraient que la notion de privilège blanc n’existe pas chez nous. Et que leur haine des blancs occidentaux n’a pas cours dans la plupart des pays qui étaient jadis des colonies. L’Occident fait rêver et est synonyme d’opportunités pour les jeunes des pays en voie de développement. Peut-on vraiment blâmer ces jeunes pour cela ?

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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