Il s’est passé quelque chose de fascinant avec la une de samedi dernier du Journal de Montréal, ainsi que son excellent dossier sur l’Initiative du siècle pour faire du Canada un pays de 100 millions d’habitants d’ici 2100, en sacrifiant au passage le Québec et sa culture. Devant des faits indiscutables, appuyés au plus haut sommet de l’État canadien, la gauche n’a rien trouvé de mieux que de crier au grand remplacement, ou encore un appel au ridicule en disant que Pierre-Karl Péladeau et son journal sont d’extrême droite. Qu’est-ce qu’il faut comprendre de cet aveuglement volontaire? Ou plutôt d’une mauvaise foi assez déconcertante? Essayons de voir.
Il suffit d’aller voir sur Twitter les nombreuses indignations devant ce dossier qu’ils n’ont visiblement pas lu. On tente d’y voir une théorie du complot d’extrême droite, ou bien que le Journal de Montréal est sensationnaliste. C’est facile de vouloir décrédibiliser son adversaire quand celui-ci amène des faits incontestables. Que déjà, il n’y a aucune théorie du complot : l’initiative du siècle a l’écoute des ministres canadiens, et son fondateur, Dominic Barton, a été nommé jusqu’à récemment ambassadeur du Canada en Chine par Justin Trudeau.
L’initiative préconise l’arrivée de 500 000 nouveaux arrivants par année, et c’est justement la cible du gouvernement en 2025. Qu’est-ce qu’il est si dur de comprendre? Nous ne sommes pas dans une théorie du complot, car justement, tout est public! Il n’y aucun secret inavouable à cacher! Mais aussi, pourquoi vouloir accuser ceux qui dénoncent ce projet d’être des idéologues d’extrême droite?
S’ils ont pris la peine de lire le dossier, ils auraient vu que le Journal tente de démontrer qu’il y a des problèmes à vouloir accueillir tant de gens, mais qu’il existe des solutions, ou du moins, qu’il y a des tentatives d’intégrer les nouveaux arrivants. Nous sommes loin d’un appel au génocide! Par exemple, que faire avec la francisation? Le Journal ne dit pas qu’il faut expulser les immigrants, mais qu’il faudrait peut-être les franciser en aval, comme l’explique une entreprise du Nord-du-Québec qui paie des cours de français à leurs futurs employés philippins à Manille le temps qu’ils puissent venir ici.
Ce qui est amusant de cette nouvelle gauche réactionnaire (c’est à dire qui vit en réaction), c’est qu’elle a tellement milité contre le troisième lien à Québec, mais que dans une grande ville de 5 millions d’habitants, il faudra non seulement un troisième, mais aussi un quatrième et un cinquième lien. Est-ce qu’au nom de la diversité canadienne pour eux, l’enjeu environnemental qu’ils vénèrent tant serait devenu secondaire, voire négligeable?
Richard Bergeron, qui a été consulté pour le dossier, bien qu’il présente une vision jovialiste d’un Montréal de 12 millions d’habitants, démontre tout de même que le risque est présent pour que la zone urbaine de Montréal soit continue jusqu’à Sherbrooke, Trois-Rivières et Québec. Imaginez! Plus de 250 kilomètres de béton, de voies rapides, de maisons pour les riches, de cages à poules pour les autres!
De plus, comme le rappelle Sophie Durocher lors de son émission avec Guy Nantel, ce n’est pas à des chambres de commerce de définir l’identité d’un pays. Mais pour la gauche bien pensante qui voit dans l’immigration massive une seule et unique façon d’en parler, critiquer le nombre délirant visé par les libéraux serait du racisme, ou même « suicidaire » pour reprendre Yasmine Abdelfadel.
Évidemment, les chroniqueurs de La Presse, qui auraient perdu leur travail si nous vivions dans un libre marché réel (et non un capitalisme de connivence), ne sont pas en reste. Ils crient au scandale devant la démagogie de Quebecor. Yves Boisvert et Rima Elkouri sont toujours égaux à eux-mêmes dans leur médiocrité.
Mais le plus amusant, c’est probablement de voir Frédéric Bérard, chroniqueur au Journal Métro, sous l’emprise de l’alcool, faire des leçons de grand remplacement à une obscure émission en ligne. Celui-ci insulte constamment sur Twitter quiconque ne pense pas « bien » sur l’immigration comme phénomène. Nous ne nous en prenons pas à des individus, que nous respectons, mais nous contestons les capacités d’accueil du Québec et du Canada…
La crise du logement crée énormément de problèmes, et la gauche bien pensante martèle le message que c’est un problème urgent qu’il faut régler. De même que la pénurie d’enseignants. Un thème cher à Gabriel Nadeau-Dubois. Pourtant, vous ne pensez pas qu’il faudrait régler ces problèmes avant de faire venir le monde entier chez nous? Et qu’est-ce que nous faisons pour le français? Si vous vous fichez du français, ayant au moins la décence de mettre cartes sur table. Certains animateurs de Radio X ont eu cette honnêteté. Vous faites vraiment pitié.