Share on facebook
Share on twitter
Share on email
Share on reddit
Share on linkedin
  • partager
Share on facebook
Share on twitter
Share on email

Poussée d’antisémitisme constatée en France

Share on facebook
Share on twitter
Share on linkedin
Share on reddit
Share on email

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé que 1159 actes antisémites ont été recensés en France depuis les attaques du 7 octobre perpétrées par le Hamas, soit trois fois plus que le total pour toute l’année 2022. Ces signalements ont débouché sur 518 interpellations. Gérald Darmanin a fait remarquer que la moyenne d’âge des personnes identifiées par les autorités était peu élevée, et qu’il était même souvent question de mineurs.

Parmi les individus identifiés, 120 ne détenaient pas la nationalité française. Une quarantaine se trouvait en situation irrégulière. 3 d’entre eux étaient fichés S.

Au-delà de 1000 actes antisémites en un mois: c’est beaucoup. La gravité de la situation dépend toutefois de la nature de ces « actes ». Depuis le 7 octobre, on observe de la violence antisémite ailleurs en Europe. Des cocktails Molotov ont été lancés sur une synagogue en Allemagne, un cimetière juif a été profané en Autriche et des établissements juifs [commerces et synagogues] ont été attaqués en Espagne. Qu’en est-il en France?

On ne parle heureusement pas d’une vague de crimes violents, mais d’agressions pour la plupart verbales – quoique « parfois physiques ». Un seul cas d’agression armée retient l’attention, celui d’Eva, une trentenaire de confession juive qui a reçu deux coups de couteau à l’abdomen. D’après son récit, quelqu’un a sonné à la porte de son logement situé au septième étage d’un immeuble résidentiel à Lyon. C’est en ouvrant qu’elle se serait fait poignarder par un homme masqué qui a ensuite pris la fuite. Les blessures infligées sont superficielles et on ne craint pas pour sa vie. Une croix gammée a été tracée sur sa porte. Une enquête a été ouverte pour tentative de meurtre aggravé par un possible mobile antisémite, la confession juive de son foyer étant identifiable à cause d’un mezouzah accroché à sa porte.

L’information selon laquelle Eva est en instance de divorce a vite fait de circuler sur les réseaux sociaux. Des internautes ont alors tenté d’invalider la thèse de l’acte antisémite en mettant de l’avant la piste de violence conjugale. D’autres ont aussi suggéré qu’il soit question d’automutilation, ce qu’a réfuté Eva dans un témoignage retransmis sur C-News. On attend les conclusions de la police judiciaire qui poursuit son enquête.

Sinon, ce qui a frappé l’imaginaire de la France est l’apparition de graffitis « Interdit aux Juifs » sur l’avenue de Clichy, à Paris, ainsi que des étoiles de David peintes au pochoir sur des façades d’immeubles. Des inscriptions antisémites sont apparues dans plusieurs autres villes du pays.

D’autres actes antisémites insécurisent les Juifs de France. Un homme syrien portant une kippa pour se faire passer pour un juif a tenté de s’introduire dans l’école juive Beth Hanna dans le XIXe arrondissement de Paris. Il a vite été appréhendé par la police, qui l’aurait trouvé en possession de plusieurs couteaux.

Il y a aussi l’imam de la mosquée de Beaucaire [dans le Gard], qui vient d’être condamné à huit mois de prison avec sursis pour apologie du terrorisme et provocation à la haine ou à la violence pour des messages publiés sur Facebook. Dans une des publications, il avait retranscrit des paroles attribuées au prophète Mahomet: « Vous combattrez les juifs et aurez le dessus sur eux, de sorte que la pierre dira : Ô, Musulman, voici un juif caché derrière moi ! Viens le tuer ».

L’animateur de l’émission Touche Pas à Mon Poste, Cyril Hanouna, un juif, a été menacé dans une vidéo circulant sur TikTok. Un homme louant l’attentat du 13 octobre, perpétré contre le professeur Dominique Bernard à Arras, et portant un masque à l’effigie d’Osama Ben Laden, a lancé cet avertissement à Cyril Hanouna: « wallah, tout le mal que vous avez fait à la Palestine, vous allez payer, vous allez payer, wallah je le jure vous allez payer: c’est que le début, M. Cyril Hanouna, petit kouffar, fais très attention à ce que tu fais… et toute la République fais très attention, bande de kouffars ».

Encore sur le réseau social TikTok, un homme a adressé ce message au rabbin de Levallois, Chalom Lellouche: « On a les adresses. J’espère que t’as compris (…) la suite va être très compliquée. »

Il y a aussi une vidéo virale montrant un groupe de jeunes scandant des slogans antisémites sur la ligne 3 dans le métro de Paris: « Nique les juifs et nique ta mère, vive la Palestine », « nique les juifs et les grands-mères », « on est des nazis et fiers ». Retracée par BFM TV, la jeune femme ayant filmé la scène explique que le groupe tenait aussi des propos hostiles envers la communauté LGBT et envers la France.

Malgré le grand nombre d’actes recensés, il ne s’agit pas d’une vague de gestes de vandalisme et d’attaques armées – fort heureusement. Mais il faut quand même s’inquiéter de la désinhibition de l’antisémitisme à l’intérieur du pays qui, avec près de 500,000 individus, compte la troisième plus importante population juive après Israël et les États-Unis. Un pays qui a déjà été frappé maintes fois par le terrorisme islamiste. Avec près de 6 millions de Musulmans, la France est aussi le pays européen avec la plus forte population musulmane [hormis la Russie].

Les Juifs de France ont déjà été pris pour cibles par le terrorisme islamiste. Le 9 janvier 2015, un homme se réclamant de l’État Islamique a tué plusieurs personnes juives et pris une dizaine d’autres en otages dans un supermarché de la chaîne Hyper Cacher à la porte de Vincennes. Il réclamait en échange la libération des frères Kouachi, qui étaient cernés par la police après avoir perpétré la tuerie de Charlie Hebdo.

Il y a certainement des Musulmans [et des non-Musulmans] français qui ont réellement le sort des Palestiniens à cœur. Toutefois, la cause palestinienne se fait aussi instrumentaliser par une mouvance islamiste bien implantée en France [ainsi que par la mouvance décoloniale]. L’hostilité intérieure envers la France et les attaques sur sol français existent indépendamment du conflit israélo-palestinien. La haine islamiste envers les Juifs de France aussi. La guerre de Gaza ne fait que servir de prétexte. Les Juifs de France ne sont pas des représentants de l’État d’Israël.

Quand l’ancien dirigeant du Hamas, Khaled Mechaal, a invité les Musulmans du monde entier à combattre en devenant des martyrs pour le Jihad le vendredi 13 octobre dernier, il n’y a que sur le territoire français que quelqu’un a répondu à l’appel [avec le massacre barbare du professeur Bernard à Arras].

Il faut souligner que lorsque survient un attentat islamiste quelconque, on est sommé de ne pas faire d’amalgames avec la communauté musulmane. Outre, n’en faut pas tant pour que l’islamophobie soit décriée. Imaginez des jeunes Français chantant « nique les muzz » dans le métro… 

Une grande marche contre l’antisémitisme se tiendra à Paris le dimanche 19 novembre. Il s’agit d’une initiative de Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée Nationale [élue de la République En Marche d’Emmanuel Macron], et de Gérard Larcher, président du Sénat [membre des Républicains]. Yaël Braun-Pivet est d’ailleurs une juive d’origine germano-polonaise, dont les grands-parents sont venus s’installer en France dans les années 1930 pour échapper au nazisme.

Les divers acteurs de la classe politique n’ont pas tardé à instrumentaliser l’événement. Jean-Luc Mélenchon a invoqué la présence du Rassemblement National pour justifier son refus d’y prendre part. Pourtant, en 2019, quand il avait participé à la Marche contre l’islamophobie, Mélenchon avait appelé à se concentrer sur « la valeur de la cause » plutôt que sur les participants. Pour cette « bonne cause », il ne voyait pas de problème à marcher avec des islamistes avérés, mais pour le cas présent, il n’est pas envisageable de défiler aux côtés de « l’extrême droite ». En fait, il se trouve une double défaite pour ne pas déplaire à son électorat Musulman et pour s’éviter de subir les éventuelles huées de la foule.

Quant à Olivier Véran, le porte parole du gouvernement Macron, il estime que « le RN n’a pas sa place dans la manifestation » en raison de ses racines. Comme si les manifestations d’antisémitisme qui surviennent spécifiquement depuis un mois étaient attribuables à la droite nationaliste.

Cette grande marche civique et républicaine contre l’antisémitisme ne fera pas grand-chose pour contrer la contagion du conflit israélo-arabe en sol français. Elle peut toutefois donner bonne conscience à une certaine classe politique. C’est plus simple que de remettre en question l’accueil massif d’une population qui n’est pas reconnue pour son affection des Juifs.

Share on facebook
Facebook
Share on twitter
Twitter
Share on linkedin
LinkedIn
Share on reddit
Reddit
Share on email
Email

Les nouvelles à ne pas manquer cette semaine

  • Vous aimeriez aussi

QS ou les limites de l’idéalisme

Quelques mois après que Catherine Dorion ait réglé ses comptes contre Gabriel Nadeau-Dubois et les fonctionnements internes de Québec Solidaire dans son livre « Les têtes

  • Nouvelles semblables