La semaine dernière, Bruno Marchand s’est retrouvé une fois de plus au cœur d’une controverse après avoir accusé une citoyenne d’avoir effectué un « salut nazi » lors d’une séance du conseil municipal. La citoyenne en question, Vicky Lépine, a rapidement nié cette intention, expliquant que son geste avait été mal interprété. Initialement, le maire a refusé de s’excuser, mais face à la pression publique et à la menace de poursuites judiciaires, il a fini par revenir sur ses propos et reconnaître que ses « mots n’ont pas été les bons ». Cette réaction impulsive, disproportionnée et fondée sur une interprétation douteuse d’un simple mouvement, illustre bien le style de gouvernance émotif et moralisateur que Marchand adopte régulièrement.
Ce n’est pas la première fois que Bruno Marchand fait preuve d’une irritabilité malicieuse. Son recours fréquent à des accusations outrancières et à des indignations théâtrales rappelle un mode de gouvernance plus soucieux d’imposer une vision idéologique que de répondre aux préoccupations concrètes des citoyens. Cette dernière polémique s’inscrit dans une tendance plus large où les figures politiques adoptant une posture « woke » privilégient les batailles symboliques aux enjeux réels. Québec mérite mieux qu’un maire plus prompt à des querelles médiatiques qu’à des solutions pragmatiques.
On se souvient qu’en mai 2023, Marchand s’était vivement opposé à l’animateur Dominic Maurais pour avoir utilisé l’expression « Est-ce que quelqu’un, durant la nuit, peut aller vérifier s’il y a un Wax Pen qui traîne dans le bureau du maire? », une simple boutade suggérant que les idées du maire étaient si farfelues qu’elles auraient pu être inspirées par des substances illicites. Plutôt que de prendre cette moquerie avec légèreté, Marchand a exigé que CHOI Radio X prenne ses distances avec les propos de Maurais, menaçant même de poursuites judiciaires. Une réaction excessive qui s’ajoute à d’autres démonstrations de sensibilité exacerbée face à la critique.
Cette attitude moralisatrice s’est aussi manifestée récemment dans l’affaire de la mosaïque « problématique » à l’hôtel de ville. Il y a quelques semaines, Marchand a ordonné le retrait d’une œuvre jugée inappropriée, déclenchant une nouvelle controverse autour de la liberté artistique et de la censure. Cette tendance à créer des tempêtes dans des verres d’eau témoigne d’une propension à la panique morale caractéristique de certaines figures politiques progressistes, où l’obsession pour l’image et le symbolisme prend le pas sur la gestion des véritables enjeux municipaux.
Le comportement de Bruno Marchand est d’autant plus surprenant lorsqu’on se rappelle que son élection en 2021 fut tout sauf un plébiscite. Sa rivale Marie-Josée Savard avait d’abord été déclarée gagnante lors de la soirée électorale avant que les résultats finaux, après dépouillement complet des votes, ne donnent finalement une victoire serrée à Marchand. Un maire qui arrive au pouvoir dans de telles circonstances devrait gouverner avec humilité et prudence, mais Marchand, au contraire, adopte une posture arrogante, comme s’il bénéficiait d’un mandat incontestable.
Cette arrogance a été illustrée de manière flagrante lors de son retour de voyage en Belgique. Après avoir visité Namur, Marchand a déclaré que sa principale leçon de ce séjour était qu’il fallait « contrarier » les citoyens sur les questions de piétonnisation des rues. Cette déclaration révèle une volonté assumée d’imposer une vision urbanistique sans réel souci du consensus citoyen. Plutôt que de chercher à convaincre ou à adapter ses projets aux réalités locales, il affiche une attitude paternaliste, sous-entendant que la résistance de la population à certaines mesures serait un obstacle à contourner plutôt qu’un signal à écouter.
Son bilan, loin d’être reluisant, peine à justifier une telle posture autoritaire. Malgré quelques améliorations récentes en matière de compétitivité économique, son passage à la tête de Québec restera surtout marqué par un net déclin économique dans une période post-COVID déjà difficile, une explosion de l’itinérance et de la toxicomanie, particulièrement dans le quartier Saint-Roch, ainsi qu’une série de mesures impopulaires et contestables : taxe sur les chats, taxe sur l’immatriculation, multiplication des rues à sens unique, prolifération des pistes cyclables mal intégrées. En somme, peu de réalisations véritablement structurantes, mais une accumulation de décisions qui alourdissent la vie des citoyens sans apporter de bénéfices tangibles à long terme.
Les élections municipales auront lieu en novembre, et il est grand temps de commencer à préparer le terrain pour trouver quelqu’un de plus sérieux à la tête de Québec. Un maire plus soucieux des préoccupations réelles des citoyens que des querelles idéologiques et des expérimentations urbaines imposées de force. L’heure est venue d’exiger une gouvernance responsable, à l’écoute, et tournée vers des solutions concrètes plutôt que des polémiques stériles.