Le parti de gauche radicale, Québec solidaire, est né au milieu des années 2000 de la fusion de la gauche issue du milieu communautaire et de tendances post-communistes. Mais il faut dire que, depuis la belle époque où Amir Khadir était la coqueluche des médias, le parti a fini par sombrer dans une forme de guerre civile interne, jusqu’à le rendre totalement inaudible. Assistons-nous aux derniers moments du parti ? La question se pose de plus en plus.
Récemment, c’est l’ancienne candidate solidaire dans Terrebonne, Nadia Poirier, qui a annoncé sur ses réseaux sociaux sa volonté de quitter QS pour se joindre au Parti québécois. Pour le moment, rien n’est précisé quant à son engagement futur, mais cela fait déjà grincer des dents dans le camp qsiste. Alexandre Leduc, candidat pour devenir porte-parole masculin, y est allé de remarques assassines sur le compte Instagram de la principale intéressée.
Il lui demande comment elle pourra concilier le programme péquiste en matière de diversité et de genre avec la gauche. Or, ce que monsieur Leduc ne semble pas bien réaliser, c’est que c’est justement par son acharnement face aux questions de diversité et de genre que la gauche s’est peinturée dans un coin, s’aliénant le vote des travailleurs.
QS est un parti ayant connu un certain succès — relatif, certes — mais très marqué par rapport aux autres partis de gauche dans les différentes juridictions d’Amérique du Nord. À son sommet, le parti a obtenu une douzaine de députés. Tous dans des centres urbains. Sauf peut-être, à la limite, dans Rouyn-Noranda–Témiscamingue, mais qui demeure quand même une ville ayant un passé politique ancré dans les luttes syndicales.
Mais qu’est-ce qui a permis le succès du parti dans ces circonscriptions ? L’appui des milieux de la culture, de l’enseignement supérieur, et un relatif confort économique. Or, voilà que nous risquons de vivre la pire récession depuis des décennies. Le parti a du mal à convaincre dans une tempête qui s’annonce dévastatrice. A-t-il les reins assez solides pour gérer une crise économique ? Ou fera-t-il passer les intérêts des communautaires minoritaires avant ceux de la majorité ?
Le parti a aussi une vision étrange de la crise du logement. D’un côté, il dénonce une crise qui touche l’ensemble du monde occidental, mais souhaite accueillir plus d’immigrants. Il y a quelque chose qui ne marche pas. Et les gens s’en rendent compte. Bien sûr, l’immigration n’est pas la seule cause de la crise, mais celle-ci est amplifiée par un afflux illimité de nouveaux arrivants.
Québec solidaire a connu plusieurs crises internes. Pensons au défunt Collectif antiraciste décolonial, qui sera sanctionné par un congrès pour avoir nui aux intérêts du parti. La crise a laissé ses marques : les décoloniaux, parmi les militants les plus criards qui soient, associent désormais QS à la classe dominante, voire au racisme.
Émilise Lessard-Therrien et Gabriel Nadeau-Dubois ont aussi quitté avec fracas leur poste de porte-parole. On voit mal comment le parti pourra gouverner (même si les chances sont quasi nulles) sans le côté pragmatique de ces deux anciens porte-paroles. Les radicaux brûlent les éléments les plus modérés. Et, au lieu d’être solidaires de leurs candidats en difficulté, le parti s’en lave les mains.
Faut-il vraiment se surprendre que le pronostic vital du parti soit engagé ? Le parti, à son sommet, a obtenu une douzaine de députés. Dans des circonscriptions à la démographie très particulière. On voit mal comment ils pourront remporter les banlieues et les régions lorsque les radicaux du wokisme l’ont emporté sur des gens demeurant radicaux, mais néanmoins un peu plus souples. La question est ouverte. On s’en reparle en octobre 2026.