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Québec solidaire ou comment à force de vouloir plaire à tout le monde, on ne plaît à personne

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Québec Solidaire c’était nouveau en 2006, mais force est de constater qu’en 2023, le parti a du mal à se renouveler. Et les candidates au « co-porte-parolat » le savent. Le parti plafonne à 15% depuis des mois, et il a du mal à justifier son existence devant le Parti Québécois, social-démocrate et indépendantiste, que l’on donnait pour mort jusqu’à maintenant, et les libéraux qui cherchent eux aussi une identité avec qui Québec Solidaire est en compétition pour les circonscriptions de l’île de Montréal. Brèves réflexions sur un parti en déclin malgré la trop grande confiance de ses militants, qui surjouent parfois une insolence grossière.

Les médias ont parlé – avec raison – pendant des années des « chicanes » au Parti Québécois. Mais force de constater que depuis l’arrivée de Paul St-Pierre Plamondon à la direction du PQ, le parti que l’on donnait pour mort est en train de renaître et pourrait causer de grandes surprises face à la CAQ de François Legault. Legault et ses ministres, Drainville en premier lieu, semblent épuisés par les années de la pandémie et ne savent pas quel souffle donner à leur second mandat. Les libéraux ayant des problèmes majeurs pour « reconquérir » un électorat qui n’a pas oublié les années Charest-Couillard, ne peuvent être dans la course pour les prochaines élections générales de 2026.

Quant à Québec Solidaire, un parti que l’on associe à la jeunesse et à la justice sociale, force est de constater que ce qui était « cool » en 2006 est de plus en plus ringard en 2023. Le parti actuel est certes né au milieu des années 2000 de l’alliance entre une gauche encore marxiste et des organismes communautaires, c’est définitivement le printemps 2012 qui aura donné un élan à ce parti. Les milléniaux ont embarqué dans la machine solidaire à ce moment. Mais ce qui était « révolutionnaire » en 2012 s’est transformé en un parti professionnel, pour le meilleur et pour le pire.

C’est d’ailleurs le reproche que font les militants de gauche les plus intransigeants du parti, c’est que depuis l’arrivée de Gabriel Nadeau-Dubois, le parti s’est professionnalisé, aseptisé, pour laisser de côté progressivement les éléments les plus radicaux. S’il demeure que « GND » fait parfois étalage d’un populisme de bas étage, la professionnalisation du parti a écarté notamment les antiracistes décoloniaux. Les solidaires ne savent plus trop s’ils doivent être un parti des « urnes » ou de la « rue ».

Nadeau-Dubois semble bien fatigué depuis son apparition dans l’espace public en 2012. Déjà 11 ans à faire de la politique active, son seul vrai « métier ». Il voit bien que le parti stagne et qu’il dit maintenant qu’il ne restera probablement co-porte-parole si le parti n’a pas un résultat satisfaisant en 2026. Les candidates au « co-porte-parolat » le savent et se battent pour gérer la stagnation du parti.

Déjà, nous connaissons Christine Labrie pour qui l’indépendance n’est pas une « priorité », dans un contexte de hausse notable des appuis à cette cause. C’est choisir de ne pas participer à un mouvement qui pourrait faire boule de neige. On voit qu’elle demeure une professeure d’études féministes et que ses positions seront davantage l’aile  « woke » du parti. Quant à l’autre favorite dans la course, Ruba Ghazal, nous sommes parfois mal à l’aise devant son insistance à parler d’indépendance, pour après dénoncer le « nationalisme exclusif ».

Ainsi, depuis la sortie de la biographie sur Gérald Godin par Jonathan Livernois, Mme Ghazal se revendique de l’héritage de l’ancien député de Mercier. C’est son droit. Cependant, nous devrions rappeler que si Godin était proche des Grecs de sa circonscription, il a bien fini par constater que leur vote n’ira jamais en faveur de son parti. Il y a comme une réécriture de l’histoire du Parti Québécois depuis quelques années par ses opposants.

Ainsi, dans leur vision de ce parti, René Lévesque, ainsi que ses ministres, Gérald Godin, Camille Laurin, sans compter tous les autres, aurait fait preuve « d’ouverture » et « d’inclusion » à l’égard des nouveaux arrivants. Selon eux, la rupture daterait du référendum de 1995, avec les propos de Jacques Parizeau sur « l’argent et des votes ethniques ».

Parizeau a certes été malhabile dans sa formulation, mais il a eu parfaitement raison de dénoncer le vote des communautés grecques, portugaises, juives et italiennes qui se sont prononcées dans un pourcentage digne de la Corée du Nord pour le non. La suite, nous la connaissons. Francine Pelletier, qui a sorti un essai récemment chez Lux, « Au Québec c’est comme ça qu’on vit », voit un point de rupture avec la crise des « accommodements raisonnables » en 2007.

Serait-ce utile de rappeler que depuis la fondation du Parti Québécois, ou même à chaque soubresaut du mouvement indépendantiste, celui-ci s’est fait accuser par ses opposants d’être « raciste », « anglophobe » et « ethnique »? Nous nous souvenons particulièrement des horribles caricatures publiées par The Gazette qui montraient Lévesque et Parizeau en uniformes de nazis. Ce qui est un affront considérant ce qu’a vécu René Lévesque qui fut un des premiers à découvrir l’intérieur d’un camp d’extermination lorsqu’il était journaliste de guerre, et Jacques Parizeau qui était marié à Alice Parizeau, qui était une juive d’origine polonaise.

On a beau rappeler l’épisode des votes ethniques, des accommodements raisonnables ou de la charte des valeurs, mais les communautés culturelles ont toujours massivement appuyé le non. Et le PQ, qu’il soit sous Lévesque ou PSPP, a toujours été nationaliste et décrié comme tel par ses adversaires. Il suffit de voir les propos de René Lévesque sur le ministère de l’Immigration du Québec qui vise à enregistrer la noyade migratoire pour s’en convaincre.

Québec Solidaire joue son avenir. Les milléniaux vieillissent. 2012 n’est plus qu’un triste souvenir d’une époque révolue qui a vu naître le wokisme au Québec. Et ils savent qu’ils ont devant eux un Parti Québécois résolument nationaliste et social-démocrate. Peut-être que les députés solidaires et leurs militants devraient faire preuve d’un peu plus de modestie au lieu de montrer une insolence qui finira par leur coûter cher. Ils ont beau se dire pour l’indépendance, mais ils n’ont jamais parlé de la pérennité de la culture québécoise, du français ou du peuple qui habite ce territoire depuis 400 ans. Il faut que des actions suivent les paroles, car sinon ça ne vaut rien. À force de vouloir plaire à tout le monde, on finit par ne plaire à personne.

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