Maxime Bernier est récemment allé voir des étudiants étrangers qui ont fait un campement dans la région de Toronto. Ceux-ci protestent contre l’échéance de leur visa. Et ils estiment avoir été floués par le Canada. Bernier leur dit qu’ils devraient penser à partir. Pourtant, les étudiants étrangers sont-ils réellement les responsables de la crise en immigration que nous vivons? Ou ce n’est pas plutôt l’avidité des universités, et de personnes mal intentionnées qui ont su profiter des failles du système?
Vous vous souvenez de la crise du printemps 2012? Jean Charest, alors premier ministre du Québec, a voulu augmenter les droits de scolarité de 75%. La raison évoquée? Un sous-financement chronique des universités. Cela n’a pas pris de temps que les associations étudiantes sont montées aux barricades.
Nous connaissons la suite : défaite du gouvernement aux élections, élection de Pauline Marois, charte des valeurs. Défaite du Parti Québécois suite à des élections anticipées. Puis arrivée de Philippe Couillard. Marquant ainsi le retour des libéraux, qui réformeront l’État en profondeur. Par le fait même, le financement universitaire. Ne souhaitant pas un nouveau « printemps érable », Couillard déréglementera les droits de scolarité.
Ces changements majeurs s’appliqueront à des programmes prestigieux comme administration des affaires (MBA) ou en médecine. C’était une revendication de ceux que l’on nommait les « carrés verts ». Que de faire payer les étudiants en fonction de la « valeur » du diplôme. Évidemment, un diplôme en administration vaut plus que celui en anthropologie. Car le retour sur l’investissement sera bien meilleur.
Cependant, cette mesure aura visé en grande majorité les étudiants étrangers. Ceux-ci souhaitent (et c’est légitime), rester au Canada après leurs études. Le salaire ici est de très loin supérieur à celui offert ailleurs. C’est particulièrement vrai pour des gens ayant un diplôme et une expérience professionnelle ici. Cependant, cela aura des répercussions importantes sur l’avenir du pays.
Au lieu d’une nouvelle crise sociale, le gouvernement aura acheté la paix en facturant davantage aux étudiants étrangers. Ils feront l’objet de toutes les convoitises. Ils seront vus comme une vache à lait, à qui on vendra le rêve canadien. Universités, qui sont à l’heure actuelle, de grosses entreprises très rentables. Les recteurs sont millionnaires. Voyagent partout dans le monde. Ils ont aussi de très beaux bureaux.
Les professeurs titulaires sont aussi privilégiés. Ceux-ci ont une permanence, une liberté académique, et surtout une fonction sociale respectée. Tout ce beau monde a intérêt que la machine soit bien huilée. Les universités manquent d’argent? Bien qu’ils ne puissent pas facturer les locaux comme ils le voudraient, les étrangers, souvent issus des classes supérieures dans leur pays, n’hésiteront pas à payer n’importe quel prix. Bien sûr, si cela peut garantir un visa après leurs études.
Donc, faire porter le blâme de la crise du logement uniquement sur les étudiants étrangers n’est pas exact. Bien qu’il y ait vraiment trop d’étudiants, les universités en ont profité allègrement pour s’enrichir aux dépens du reste de la société. Les étudiants sont des victimes là-dedans. On leur a vendu du rêve, par pur désir d’enrichissement dans un contexte d’austérité.
Pourtant, le Canada n’est pas une utopie. C’est un pays avec ses problèmes, bien qu’il soit parmi les plus développés du monde. Mais pour des étudiants venant de l’Inde notamment, c’est un rêve. Ce qui a attiré des requins pour en profiter. Nous parlons ici de ces fabriques à diplômes. Offrant des diplômes sans aucune valeur, sans réelle formation, en échange de sommes très élevées.
« Usines » qui permettent pendant la durée des « études » d’avoir un visa. Les étudiants ont été floués. Oui, bien sûr qu’ils avaient la responsabilité de s’informer du sérieux des collèges, et aussi des règles d’immigration. Mais leur faire porter à eux uniquement le blâme n’est pas juste. Les universités, puis les requins ouvrant des collèges bidon dans de vieux bâtiments commerciaux en ont profité. La manne était trop grande.
Mettez là-dedans à la fois la volonté du gouvernement de préserver la paix sociale avec des étudiants locaux, l’avidité des recteurs, des professeurs qui ont intérêt à avoir des classes toujours pleines, d’une mafia des usines à diplômes, et des étudiants naïfs qui souhaitent changer de vie, et vous aurez une tempête qui emportera tout sur son passage.