D’après un article de Joel Kotkin publié dans le National Post le 3 juillet 2025
Dans un article percutant publié dans le National Post, Joel Kotkin dresse un tableau sans complaisance de la situation migratoire actuelle dans les pays occidentaux. À ses yeux, l’Occident traverse une phase de « réajustement » inévitable sur la question de l’immigration, une transformation alimentée par des déséquilibres économiques, des tensions sociales croissantes et des choix politiques hasardeux.
Joel Kotkin commence par évoquer les émeutes récentes à Los Angeles, déclenchées par une répression des immigrants sans papiers initiée par l’administration Trump. Pour lui, cet épisode n’est pas un incident isolé, mais plutôt un signe annonciateur d’une ère nouvelle de conflits ethniques à travers le monde occidental, y compris au Canada.
Kotkin explique que dans des pays comme le Canada, les États-Unis ou l’Australie, l’immigration n’est pas seulement massive, elle est aussi durable. Contrairement à certains pays du Golfe où les migrants sont des travailleurs temporaires, ces pays occidentaux accueillent des immigrants qui s’installent de façon permanente, avec tous les défis que cela implique. L’auteur rappelle que sous Joe Biden aux États-Unis et Justin Trudeau au Canada, les politiques migratoires se sont considérablement libéralisées, permettant l’entrée de millions de personnes, parfois sans véritable processus de vérification.
Mais cette ouverture n’est pas sans conséquences. Joel Kotkin souligne que dans les deux pays, l’afflux migratoire a creusé les inégalités sociales. Il note qu’un immigrant sur cinq au Canada vit désormais dans la pauvreté, souvent dans ce qu’on appelle la « pauvreté profonde », soit un revenu inférieur à 75 % du seuil officiel de pauvreté. Cette réalité est rarement évoquée dans les débats publics dominés, selon lui, soit par une dénonciation émotive de la répression, soit par une stigmatisation des immigrants violents par les partisans de Trump.
Pour Kotkin, le débat public passe à côté d’une vérité complexe : historiquement, l’immigration a stimulé la croissance économique et enrichi les sociétés culturellement. Toutefois, dans un contexte où les marchés du travail changent radicalement et où les taux de participation à l’emploi chutent, surtout chez les jeunes et les hommes, les bénéfices économiques de l’immigration sont de plus en plus remis en question. Il fait remarquer qu’au Royaume-Uni, un jeune sur sept de moins de 25 ans ne travaille ni n’étudie. Aux États-Unis, la participation au marché du travail est à son plus bas depuis un demi-siècle, et au Canada, elle n’a jamais été aussi faible depuis 1997.
L’auteur estime que cette combinaison de pauvreté chez les immigrants et de désengagement des natifs engendre des tensions. Il avance que l’arrivée de travailleurs à bas salaires freine la croissance des salaires, ce qui peut décourager certains citoyens de chercher un emploi. Selon Kotkin, cette dynamique profite aux élites professionnelles qui paient moins cher pour des services comme la garde d’enfants ou la restauration, mais nuit aux classes populaires.
Il aborde aussi l’impact politique et identitaire. Joel Kotkin s’inquiète du fait que certains nouveaux arrivants importent dans leur pays d’accueil des tensions culturelles et religieuses de leur pays d’origine, citant notamment la montée de l’antisémitisme dans les universités et les grandes villes occidentales, y compris Montréal.
Kotkin reconnaît que les méthodes de Trump sont brutales et polarisantes, mais il affirme que les pays occidentaux doivent reprendre le contrôle de leurs frontières. Il propose une approche plus équilibrée, avec des critères plus rigoureux et adaptés à la réalité économique. Il suggère par exemple de rétablir un système de type bracero, où des travailleurs pourraient venir temporairement travailler dans l’agriculture ou l’hôtellerie, sans pour autant s’installer de façon permanente.
Il conclut en affirmant que les pays occidentaux ne doivent pas accueillir des immigrants uniquement pour se racheter de leur passé colonial ou pour des raisons idéologiques. Il plaide pour une immigration ciblée, fondée sur les compétences et l’entrepreneuriat, qui pourrait contribuer à renforcer les économies occidentales dans leur compétition avec la Chine et d’autres puissances autoritaires.
Joel Kotkin, président boursier RC Hobbs à l’Université Chapman et auteur de The Coming of Neo-Feudalism, appelle ainsi à une réforme profonde des politiques migratoires occidentales, non par xénophobie, mais par souci de cohésion sociale et d’efficacité économique.