Nous attendons tous impatiemment les résultats finaux de l’élection américaine. “L’élection la plus importante de nos vies”, apparemment, mais on nous disait la même chose en 2016 et en 2020. Enfin, peu importe ce qu’on en pense, on ne pourra certainement pas dire qu’on s’est ennuyé lors de ce cycle électoral.
Faisons donc un retour sur cette folle aventure.
Les Primaires
Le fait qu’il y ait eu des primaires du côté Républicain est un peu absurde avec du recul. Près d’un tiers des Américains ne reconnaissent pas la légitimité de la victoire de Joe Biden de 2020; ça, plus la personnalité tenace de Donald Trump, ça ne pouvait finir que d’une façon.
Ça aurait pu être une fenêtre pour entrevoir l’avenir du Parti républicain post-Trump, mais franchement, je ne pense pas que ça ait été le cas. Ça a plutôt été un rituel d’humiliation pour tous ceux qui ont osé s’opposer à Trump.
Le grand perdant de tout ça? Le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis. Initialement très populaire au sein du Parti républicain à cause de sa gestion libertaire de la pandémie et son attaque frontale contre le wokisme dans les écoles, sa lamentable campagne présidentielle n’a fait qu’endommager sa popularité, principalement auprès de sa base. Il a démontré qu’il a un gros déficit de charisme et n’a vraiment pas bien géré sa campagne. Non seulement il n’a pas gagné sa candidature pour 2024, je pense qu’il vient aussi de se condamner pour 2028, et que sa carrière va plafonner en tant que Gouverneur.
Autre personnage notable est celui de Vivek Ramaswamy. On ne peut pas dire qu’il est un échec comme DeSantis vu qu’il est parti de rien et s’est hissé à un nom reconnaissable sur la scène nationale rapidement grâce à ces politiques de droites très assumées. Je pense que Ramaswamy a un certain avenir au sein du parti, peut-être un membre du cabinet Trump, sinon au congrès. Cependant, il fait face à un obstacle assez insurmontable: son héritage hindou. Ramaswamy est un hindou pratiquant et, compréhensiblement, ça ne fait pas la cote chez la base républicaine, majoritairement blanche et chrétienne. Il a tenu quelques propos théologiquement incohérents pour essayer de se rapprocher de cette base, sans grand succès. Ceci démontre que malgré tout le bla bla qu’on peut essayer de nous vendre, l’identité demeure un élément clé dans la sélection de nos élus.
Les Never Trumpers ont tout fait pour le bloquer grâce à l’ancienne ambassadrice à L’ONU Nikki Haley, mais….
Sans succès.
Les derniers néoconservateurs se sont maintenant tous réfugiés chez les démocrates, qui, au moins en ce qui concerne l’establishment, semble les accueillir à bras ouverts. Les républicains ont définitivement tourné la page sur l’ère Bush. Ce qui est assez ironique considérant à quel point les démocrates se sont battus contre eux lors des années 2000, pour finalement les intégrer dans leurs rangs.
Débat, assassinat, remaniement
Le 27 juin, un débat, inhabituellement tôt dans la campagne, entre Joe Biden et Donald Trump eut lieu, et ce fut un massacre total. Joe Biden projetait la faiblesse absolue, incapable de dire une phrase au complet. La grogne a commencé à se faire sentir à l’interne. Des acteurs hollywoodiens, d’habitude très prompts à sauter quand les démocrates leur disent, ont fait savoir leur mécontentement.
Et puis, Trump manque de se faire assassiner et réussi du même coup à créer, probablement, la photo la plus iconique des années 2020.
Pour rappeler la situation : les “swing states” étaient tous rouges. Des états supposément acquis pour les démocrates, comme la Virginie et le New Hampshire, ne semblaient plus tant fiables. Le 21 juillet, Joe Biden a décidé de laisser sa Vice-Présidente, Kamala Harris, porter l’étendard démocrate à sa place. Joe Biden prétendu qu’il se retirait de son propre chef, mais il est évident pour n’importe qui avec des yeux qu’il a été forcé de se retirer par des lobbyistes puissants, exposant par la bande qui détient véritablement les rennes du pouvoir à Washington.
Kamala la sauveuse?
Pour être arrivée assez tard dans la course, Kamala a su faire son entrée. Sa campagne est bien partie, elle a réussi à aller chercher l’énergie des jeunes que Biden n’avait plus. En même temps, à son avantage, la campagne de Trump a eu un peu de misère au même moment que son entrée. Cela a causé une montée dans les sondages assez fulgurante, et pour beaucoup, voilà, le problème était réglé.
Sauf que non. La bonne presse dont a bénéficié Kamala lors de son entrée dans la course s’est rapidement effritée, car la réalité s’est installée. Si elle est capable de tenir une phrase, son charisme est bien moindre que celui d’un plus jeune Biden, laisse-faire Trump. Et elle n’a pas réussi à se démarquer sur le plan des idées, car elle a été, tout le long de sa vice-présidence, une « yes woman » de Biden. Sa position à propos d’Israël ne semble pas plus différente non plus. Finalement, tous ceux à gauche ayant des réserves par rapport à Biden ne semblent pas rassuré par Kamala.
Le mois d’octobre a redonné de l’énergie à Trump. Une série de bons coups de son bord et de mauvais de l’autre l’a fait remonter dans les sondages. Il a présentement un petit avantage, encore dans la marge d’erreur, mais encourageant considérant que les sondages ont un historique de le sous-estimer.
Que va-t-il arriver?
Peu importe qui gagne ultimement, les résultats seront en toute probabilité très proche, plus même que 2016 et 2020. Les résultats ne risquent pas d’être connus dans la nuit du 5. Soyons prêt à endurer un déboire judiciaire à la 2000, entre Bush et Al Gore. En tant que Québécois, il n’y a rien que nous puissions faire, sauf observer ce que nos voisins décident. Les élections étrangères ne sont pas de nos affaires directement, mais il est inévitable qu’en découlent des effets papillons massifs que nous ne pouvons imaginer. Aux adeptes du “rien ne change jamais”, je réponds: vous avez tort : que Kamala ou Trump gagne, ça fait toute la différence.