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Russell Brand visé par des allégations de viol

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Pendant plus d’un an, le programme d’actualité britannique Channel 4 Dispatches a mené une enquête [en collaboration avec le Times et le Sunday Times] sur la conduite de Russell Brand envers les femmes. Samedi le 16 septembre, le Times titrait: « Russell Brand accusé de viol, agression sexuelle et comportement abusif. Quatre femmes, dont une qui n’avait que 16 ans, émettent des allégations suite à une enquête ».

Russell Brand est avant tout un acteur, humoriste et présentateur de télévision britannique qui s’est fait connaître du grand public en animant la série Big Brother’s Big Mouth. Il est ensuite apparu dans plusieurs longs métrages, dont Oublie Sarah Marshall [Forgetting Sarah Marshall] et le remake d’Arthur sorti en 2011. Brand est un personnage flamboyant connu pour ses blagues à caractère sexuel de goût questionnable. Il a aussi suscité une série de controverses dans les médias britanniques.

Dans sa vie privée, Russell Brand a fréquenté de belles femmes célèbres. Après une liaison avec le mannequin britannique Kate Moss en 2006, il épouse la chanteuse Katy Perry en 2009 – qu’il divorce 2 ans plus tard. En 2017, il se remarie, cette fois avec la blogueuse écossaise Laura Gallacher, qui donne naissance à leurs deux filles.  

Brand admet être un ancien alcoolique et toxicomane ayant connu une dépendance au sexe durant de nombreuses années.

Russel Brand n’a rien d’un droitiste. En 2008, alors qu’il animait les MTV Video Music Awards, il a imploré le public de voter pour Barack Obama et traité George W. Bush de « Cowboy retardé ». Il a aussi ridiculisé la bague de virginité portée par les Jonas Brothers.

Durant les dernières années, il s’est surtout imposé comme personnalité YouTube, avec une chaîne lucrative comptant plus de 6.5 millions d’abonnés. Brand ne mâche pas ses mots, frôlant régulièrement la ligne de l’acceptabilité médiatique avec ses critiques liées à la gestion de la pandémie. Son entrée Wikipédia indique d’ailleurs que « ses vidéos en ligne font la promotion des théories du complot, notamment sur la COVID-19 ». Avec l’exubérance et l’humour cinglant qui lui sont propres, il pourfend Bill Gates, Pfizer, l’OMS, BlackRock et le Forum Économique Mondial, émergeant ainsi comme l’une rare voix du populisme sur le champ gauche.

Cette posture l’a rapproché d’un populisme de droite avec lequel il partage plusieurs constats. Le mois dernier, Brand recevait Tucker Carlson en entrevue. La semaine passée, il était invité sur la chaîne de Candace Owens. Au lieu de diaboliser les gens de droite, Brand les valide en tant qu’interlocuteurs légitimes. C’est peut-être là son crime.

Dans les médias, on parle du « comédien devenu complotiste accusé de viol » [20 Minutes] ou de « la chute d’un provocateur aux millions de fans » [TVA].

Qu’en est-il des accusations?

La première chose qui frappe, c’est que les allégations proviennent de femmes avec lesquelles Russell Brand a eu des liaisons; c’est-à-dire avec lesquelles il a eu des relations sexuelles consensuelles. Ceci n’exclut pas la possibilité d’agression ou d’autre forme d’inconduite, mais il ne s’agit pas de parfaites inconnues ou d’affaires d’un soir, comme pourrait laisser croire le grand titre.

D’abord « Alice », la jeune fille de 16 ans. Russell Brand a véritablement eu une liaison avec cette adolescente pendant 3 mois en 2006. Au Royaume-Uni, l’âge du consentement sexuel est fixé à 16 ans, sans considération pour la différence d’âge entre les partenaires [il n’y a ainsi pas de distinction entre une jeune fille de 16 ans ayant des rapports sexuels avec son petit ami de 20 ans ou avec un homme de 50 ans]. « Alice » lui reproche une séance de sexe oral lors de laquelle il aurait enfoncé son membre dans sa gorge, lui occasionnant de s’étouffer. Elle explique avoir dû lui donner un coup de poing dans le ventre pour le faire arrêter. La mère de l’adolescente était au courant de la relation, n’en approuvait pas, mais ne pouvait rien faire étant donné que sa fille avait 16 ans. On apprend aussi que Russell Brand avait tenu à s’assurer qu’elle avait réellement 16 ans, afin de ne pas se retrouver dans l’illégalité. La différence d’âge peut sembler malsaine, mais d’un point de vue légal, il ne s’agit pas d’un détournement de mineur au Royaume-Uni.

« Alice » a décidé de sortir du silence parce qu’elle considère à présent qu’elle était trop jeune pour consentir à une relation avec un homme adulte. Soit, mais ce sont les lois du Royaume-Uni qui sont en cause, pas Russell Brand. On peut le critiquer sur le plan moral, mais leur liaison n’avait rien d’illégal.

Une des autres femmes travaillait comme assistante de production pour l’émission de télévision Big Brother. Elle avait 24 ans à l’époque. Il lui aurait montré son sexe alors qu’elle était entrée dans sa loge, insinuant qu’elle pourrait lui faire une fellation. Cette allégation constitue véritablement du harcèlement sexuel au milieu de travail.

La suite de l’histoire laisse toutefois perplexe. Brand aurait continué de lui faire des avances par la suite. Elle aurait même accepté une invitation pour aller chez lui. Ils se seraient embrassés, eu des rapports sexuels, puis entrepris une liaison. Il semble assez inconséquent d’accepter un rendez-vous et d’entreprendre une relation suivie avec un collègue de travail dont l’inconduite sexuelle nous avait préalablement lésée. Ceci vient décrédibiliser les allégations de harcèlement ou du moins, le tort causé par celui-ci.

L’irritant semble d’ailleurs être survenu au moment de la rupture. Russell Brand aurait exigé qu’elle tienne leur liaison sous silence, invoquant une clause dans son contrat en vertu de laquelle il n’avait pas le droit d’avoir des relations sexuelles avec des employées de la production. Vérification faite, le contrat n’aurait pas comporté de telle clause.

Il y a aussi « Nadia », une femme rencontrée dans un party qui dit avoir été violée par Brand après qu’elle ait refusé de prendre part à un ménage à trois. Toutefois, les messages texte échangés par la suite donnent tout le contexte:

Brand écrit: « Je suis désolé. C’était fou et égoïste. J’espère que tu peux me pardonner »; ce à quoi Nadia répond « Quand une fille dit NON, ça veut dire non. La dernière fois, tu m’avais demandé avec ou sans condom. Quand je réponds condom, cela ne veut pas dire que c’est optionnel ». Il était donc spécifiquement question d’un refus de relation non protégée. Brand était visiblement conscient de ne pas avoir respecté la volonté de Nadia, et son agissement demeure répréhensible. Mais ne doit-on pas comprendre que Nadia consentait à une relation protégée?  

Ayant été alerté, Russell Brand a publié une vidéo dans laquelle il réfute toutes les allégations avant même que le reportage soit diffusé. Il reconnaît une promiscuité sexuelle passée dont il ne s’est jamais caché, mais nie les actes qui lui sont reprochés. Il évoque une attaque coordonnée contre lui.

Certains aspects du reportage laissent perplexe, à commencer par le timing. Ce qu’on reproche à Russell Brand s’est passé entre 2006 et 2013. Pourquoi ces femmes n’ont pas profité du mouvement MeToo en 2017 pour venir de l’avant? Peut-être qu’elles ne se sentaient pas prêtes. Ou peut-être que Russell Brand ne représentait pas une menace pour l’establishment. À présent, sa démarche risque de servir de tremplin, amenant des gens de gauche ayant une sensibilité anti-système à percevoir les conservateurs et/ou les populistes de droite comme une alternative électorale. La perspective de cette hémorragie fait paniquer les pouvoirs en place.

D’emblée, le reportage de Dispatches s’apparente à une campagne de dénigrement. On montre l’extrait d’un vieux spectacle d’humoriste de Brand, dans lequel il tient des propos grivois sur le sexe oral, disant qu’il apprécie les fellations qui font couler le mascara. On montre à nouveau ce même extrait quelques minutes plus loin. Pour bien enfoncer le clou, l’extrait audio est encore repassé durant le témoignage d’une des femmes.

On note à plusieurs reprises l’emploi d’une musique de fond sinistre. La caméra fait sans cesse des plans rapprochés. À quel but, sinon à influencer la disposition du téléspectateur? La facture sonore et visuelle du reportage trahit son manque d’objectivité.

La chaîne de Russell Brand a aussitôt été démonétisée par YouTube, ce qui revient à une reconnaissance de culpabilité sans examen minutieux et procédure régulière.

Pour évaluer de telles accusations, il faut d’abord tenter de s’en détacher émotionnellement afin de pouvoir en juger avec un maximum d’objectivité. Si l’individu visé est une personnalité qu’on apprécie [ou pas], il faut envisager un cas de figure inversé. Quoiqu’il en soit, le reportage de Dispatches ne montre qu’un côté de la médaille et n’est pas suffisant pour aboutir à une condamnation.

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