Le gouvernement du Québec doit revoir sa politique économique de fond en comble. Il perdra 270 millions de dollars dans la saga Northvolt, puisque l’entreprise suédoise s’est mise en faillite. Encore une fois, c’est l’éternel débat entre les partisans de l’intervention de l’État, qui mise sur des entreprises comme au casino, et la population, qui se retrouve à payer la facture. Un classique québécois.
Le Québec est habitué aux mauvaises politiques économiques. On peut penser à la nationalisation de l’amiante, qui a terni la réputation du Québec à l’étranger, ou encore aux nombreuses interventions visant à soutenir des « champions » tels que Bombardier, qui, malgré des subventions massives, n’hésitent pas à délocaliser leurs activités.
On se souvient des propos du ministre libéral Raymond Bachand, qui justifiait les primes accordées aux dirigeants de Bombardier en affirmant qu’il fallait « retenir les talents » chez nous. Or, au Québec, personne n’est responsable de rien. Le gouvernement s’en sortira avec quelques articles critiques dans la presse, mais le problème demeure : le BS corporatif est une constante de la politique économique québécoise.
Bien que par le passé, l’intervention de l’État ait été bénéfique, notamment sous Jacques Parizeau, il faut dire que de nos jours, peu de gens approuvent les financements massifs d’entreprises étrangères. Ces entreprises ont tous les airs de start-ups spéculant sur d’hypothétiques innovations techniques ou sociétales.
Avec Northvolt, la CAQ croyait investir dans l’avenir en misant sur les batteries électriques. Or, cette technologie révèle ses défauts jour après jour. Tesla a perdu le tiers de sa valeur, et même si la personnalité d’Elon Musk est polarisante, on ne peut attribuer à lui seul les déboires de l’entreprise.
Les voitures électriques sont réputées peu fiables et coûteuses. Ce problème est encore plus accentué au Québec, où le climat nuit aux batteries. Dans ce contexte, Northvolt arrive comme un cheveu sur la soupe, alors que les lacunes de l’auto électrique sont de plus en plus évidentes.
Le gouvernement du Québec est en droit de préparer l’avenir et d’anticiper les tendances mondiales, mais pas en jouant l’argent des contribuables sur des coups aussi risqués, surtout dans une technologie encore loin d’être au point.
Une autre entreprise à surveiller de près est la très française Flying Whales, spécialisée dans les dirigeables. Depuis deux ans, elle hésite à s’installer à Sherbrooke ou Trois-Rivières, après avoir reçu des dizaines de millions du gouvernement. Gagne-t-elle du temps avant de disparaître avec l’argent de la CAQ ? C’est possible, même s’il est encore trop tôt pour l’affirmer.
Une chose est sûre : le BS corporatif ne crée pas d’emplois durables et coûte une fortune aux contribuables. Le gouvernement ferait bien d’en prendre note s’il souhaite conserver le peu de crédibilité qu’il lui reste.