Le Parti québécois a vu ses appuis décliner dramatiquement entre 2003 et 2022. Il a obtenu 33% des voix aux élections de 2003 et il est descendu à 10% au début de la campagne électorale de 2022. Tous les observateurs présidaient la mort du Parti québécois. Or, à cause du retrait de la candidature de QS dans Camille-Laurin, elle a enlevé un tract du PQ d’une boîte aux lettres lors d’un porte-à-porte, Paul St-Pierre Plamondon s’est fait élire dans ce comté. Cela a galvanisé la campagne électorale de PSPP. Cela lui a permis de sauver son parti d’une lente agonie. Le PQ a fait élire trois députés et obtenu 14% des voix. Un an et demi plus tard, les troupes de PSPP se retrouvent en tête dans les intentions de vote avec 30% des voix. Les autres partis sont loin derrière. Comment expliquer la renaissance du parti de René Lévesque? Allons voir cela de plus près.
Sous la gouverne de Paul St-Pierre Plamondon, le Parti québécois se situe clairement à gauche du spectre politique sur le plan social et économique. PSPP est un étatiste qui croit que l’État québécois doit jouer un rôle central dans l’économie et dans la vie des gens. C’est un apôtre du modèle québécois. Il fait probablement cela pour aller chercher le vote des babys boomers. C’est l’électorat le plus important au Québec et il vote massivement lors des élections. Il vit encore dans la nostalgie des années 60 et 70 où la sociale démocratie québécoise était à son apogée. Pour l’instant, cela fonctionne, car on a observé un transfert direct du vote boomer de la CAQ vers le PQ.
Sur le plan de l’indépendance, PSPP est un indépendantiste pressé. Il en a fait sa principale priorité depuis son arrivée à la tête du Parti québécois. Il croit fermement que la souveraineté permettrait au Québec d’assurer la pérennité du fait français et d’être un État plus performant et solidaire. S’il devient premier ministre en 2026, il promet de déclencher un référendum sur la souveraineté du Québec durant le premier mandat de son gouvernement. Il maintient son engagement malgré le fait que son parti occupe la pole position dans les sondages.
Plusieurs fervents indépendantistes, comme Mathieu Bock-Coté, estiment que la montée du PQ dans les sondages s’explique par une hausse de la ferveur populaire pour la cause indépendantiste. Je crois que ces derniers se voilent le visage afin de ne pas voir la réalité en face. La cote de popularité de la souveraineté reste stable depuis des années. Elle oscille entre 35% et 40%. Alors, la remontée du PQ n’a rien à voir avec l’indépendance. Les Québécois sont mécontents du travail de la CAQ. Alors, ils se cherchaient une solution de rechange. Le PQ a réussi à s’imposer comme le gouvernement en attente grâce au style consensuel et posé de Paul St-Pierre Plamondon.
Donc, le Parti québécois est en bonne position de prendre le pouvoir en 2026. Si PSPP veut devenir premier ministre du Québec, il va devoir adoucir son discours indépendantiste. C’est-à-dire ne plus promettre un référendum sur la souveraineté dès le premier mandat. Les Québécois ne veulent pas en entendre parler. Il ne faut pas oublier qu’ils ont rejeté cette option à deux reprises. Ces derniers veulent élire un parti politique qui va bien gouverner la province de Québec.
En conséquence, si PSPP persiste dans sa stratégie référendaire actuelle, les électeurs québécois vont rejeter son option. Ils vont élire un gouvernement libéral afin de barrer la route à la tenue d’un référendum dans un avenir rapproché. Le PLQ pourra rassembler le vote anti-souveraineté et prendre le pouvoir en 2026. La CAQ ne va pas survivre au départ de son fondateur. J’estime que François Legault va quitter la vie politique avant le prochain scrutin général.
Certaines critiques me diront probablement que le PLQ est condamné à la marginalisation et ne peut pas aspirer au pouvoir. Avez-vous oublié les élections d’avril 2014? Le navire péquiste de Pauline Marois voguait lentement et doucement vers un gouvernement majoritaire. Le projet de charte des valeurs était populaire auprès de la majorité francophone. Mais, le navire du PQ a frappé l’iceberg PKP et il coula rapidement. Quand Pauline Marois présenta fièrement son candidat vedette à la population, Pierre Karl Péladeau a levé le bras en l’air en disant haut et fort qu’il s’engageait en politique pour faire du Québec un pays. Cela a complètement fait dérailler la campagne péquiste. Les Québécois ont eu peur de la souveraineté et ont redonné un gouvernement majoritaire au PLQ après seulement un an et demi de purgatoire dans l’opposition.
En conséquence, si PSPP persiste et signe avec son discours souverainiste dur, il va permettre au PLQ de se positionner comme le seul rempart contre l’indépendance. Cela aura comme conséquence l’élection d’un gouvernement libéral. Je ne pense pas que cela soit le souhait de PSPP.
Pour conclure, si le chef du Parti québécois veut que le Québec devienne indépendant, il doit se faire élire en promettant un bon gouvernement aux Québécois. Après un mandat, il pourra, si la tendance est en sa faveur, promettre la tenue d’un référendum sur la souveraineté lors d’un éventuel deuxième mandat. Mais, s’il décide de poursuivre son obsession référendaire, il ne deviendra pas premier ministre en 2026. C’est plutôt le futur chef libéral qui occupera cette fonction. L’avenir du PQ et de l’indépendance est entre les mains du PSPP. Que fera-t-il? Seul le temps nous le dira.