Traduit de l’anglais. Texte de Jake Fuss publié le 3 février 2024 sur le site The Hub.
La rentrée parlementaire fédérale a relancé le débat sur le bilan économique du gouvernement Trudeau et sur l’état de l’économie canadienne par rapport à ses pairs. Une évaluation complète – incluant des paramètres clés tels que l’investissement, la croissance des revenus et le niveau de vie – montre un bilan global de stagnation économique. […]
Un programme politique d’augmentation des dépenses, des impôts, des déficits et de la dette
Commençons par les dépenses de programmes. Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Trudeau a considérablement augmenté les dépenses fédérales (à l’exclusion des frais d’intérêt), qui sont passées de 256,3 milliards de dollars en 2014-2015 (l’année précédant son arrivée au pouvoir) à 448,2 milliards de dollars en 2022-2023, soit une augmentation de 74,9 %. Après ajustement en fonction de l’inflation, le gouvernement Trudeau a enregistré les cinq années de dépenses fédérales par habitant les plus élevées de l’histoire du Canada. En d’autres termes, il a dépensé beaucoup plus que les gouvernements précédents pendant la Seconde Guerre mondiale, la crise financière de 2008 ou d’autres situations d’urgence notables de l’histoire du pays. Les niveaux de dépenses de l’après-COVID ne sont toujours pas revenus à ceux de l’avant-COVID.
La majeure partie de cette croissance des dépenses a été financée par le déficit. Le gouvernement a enregistré huit déficits consécutifs et ses dernières projections budgétaires prévoient de nouveaux déficits pour les six prochaines années au moins. Ces dépenses déficitaires ont un coût élevé. Non seulement elles ont conduit à l’accumulation de près de 1000 milliards de dollars de nouvelle dette fédérale, mais elles se sont accompagnées d’une augmentation des paiements d’intérêts qui sont financés par l’argent des contribuables. Les paiements au titre du service de la dette fédérale s’élèvent actuellement à 46,5 milliards de dollars en 2023-24, ce qui représente plus d’un dollar sur dix de recettes fédérales.
Les augmentations d’impôts ont également été utilisées pour financer les dépenses fédérales croissantes. En 2016, le gouvernement fédéral a augmenté l’impôt sur le revenu des particuliers de 29 % à 33 %, ce qui signifie que le taux d’imposition sur le revenu des particuliers combiné (fédéral et provincial) dépasse 50 % dans huit provinces (les autres provinces se situant à peine en dessous de 50 %). En 2022, le Canada se situait au cinquième rang des 38 pays de l’OCDE pour ce qui est du taux d’imposition le plus élevé.
Bien que le gouvernement Trudeau ait réduit l’avant-dernier taux d’imposition sur le revenu des particuliers, il a également supprimé plusieurs crédits d’impôt qui ont compensé les économies d’impôt. Selon nos estimations, l’effet net est que 86 % des familles à revenu moyen paient un impôt sur le revenu plus élevé qu’auparavant.
Les familles à faible revenu ont également vu leur facture fiscale s’alourdir. Plus précisément, 60 % des familles qui se situent dans les 20 % de revenus les plus faibles paient plus d’impôts sur le revenu des personnes physiques à la suite des changements apportés par le gouvernement actuel.
Une économie en stagnation
Le débat politique évoqué précédemment porte essentiellement sur la question de savoir si le programme politique du gouvernement Trudeau a produit des résultats positifs ou négatifs. Les faits sont assez clairs : il a conduit à la stagnation plutôt qu’à une plus grande prospérité pour les Canadiens.
La mesure la plus complète du niveau de vie est le PIB par personne (corrigé en fonction de l’inflation au fil du temps), qui calcule la valeur totale de tous les biens et services produits dans l’économie au cours d’une année donnée, sur la base d’un montant par personne. Au cours de la période précédant la pandémie, entre 2016 et 2019, la croissance du PIB par habitant (corrigé en fonction de l’inflation) a été anémique (0,9 %). Selon une étude, la croissance du PIB par habitant au Canada entre 2013 et 2022 (0,8 %) est la plus faible jamais enregistrée depuis les années 1930.
Depuis l’élection du gouvernement Trudeau, il y a eu 32 trimestres pour lesquels on dispose de données sur la croissance du PIB par habitant (jusqu’au troisième trimestre 2023). Pendant treize de ces trimestres, le Canada a connu une croissance négative du PIB par habitant, corrigée en fonction de l’inflation, y compris avant et après la pandémie. De plus, les derniers chiffres montrent que nous n’avons pas retrouvé les niveaux records d’avant la pandémie – le PIB par habitant corrigé en fonction de l’inflation en 2023 était encore inférieur de 2,2 % aux niveaux du deuxième trimestre de 2019.
Dans l’ensemble, le PIB par habitant corrigé en fonction de l’inflation n’a augmenté que de 1,9 % depuis 2015. Les États-Unis, en revanche, ont connu une croissance de 14,7 % au cours de la même période.
Les perspectives d’avenir, compte tenu des politiques actuelles, ne sont pas encourageantes. Non seulement nous prenons du retard sur notre principal partenaire commercial, mais l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit que le Canada enregistrera le plus faible taux de croissance du PIB par habitant parmi 32 économies avancées de 2020 à 2030 et de 2030 à 2060. Des pays comme l’Estonie, la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande devraient dépasser le Canada et atteindre un niveau de vie plus élevé d’ici 2060.
La baisse des investissements des entreprises est l’une des principales causes de ces résultats décevants en matière de niveau de vie. Les investissements des entreprises (corrigés de l’inflation), à l’exclusion de la construction résidentielle, ont diminué de 16,3 % entre 2014 et 2022, soit de 1,9 % en moyenne par an.
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La baisse des investissements des entreprises s’explique de diverses manières. Certaines peuvent refléter des développements mondiaux plus larges, mais beaucoup découlent de la politique gouvernementale elle-même.
Depuis 2015, le gouvernement fédéral a mis en œuvre une série de politiques qui, cumulativement, ont nui à l’environnement d’investissement du pays, en particulier dans le secteur de l’énergie. Le projet de loi C-69, qui a institué un processus d’évaluation complexe et lourd pour les grands projets d’infrastructure, et le projet de loi C-48, qui interdit aux producteurs d’expédier du pétrole ou du gaz naturel depuis la côte nord de la Colombie-Britannique, en sont deux exemples.
Ces choix politiques ont eu des effets négatifs tangibles sur des projets tels que l’oléoduc Northern Gateway, l’oléoduc Energy East, l’oléoduc de la vallée du Mackenzie, le projet de mine de sables bitumineux Frontier de Teck Resources en Alberta et l’oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan. Il n’est donc pas surprenant que les investissements dans le secteur pétrolier et gazier canadien aient chuté de 95,5 milliards de dollars en 2014 à 35,1 milliards de dollars en 2023 (corrigés en fonction de l’inflation), soit une baisse de 63,2 %.
Les propositions politiques plus récentes, notamment les réglementations à venir sur la production d’électricité, les normes relatives aux carburants propres, les plastiques à usage unique et le plafonnement des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur pétrolier et gazier, ne feront qu’affaiblir davantage l’investissement au Canada. Bien que de nombreux facteurs contribuent à l’investissement dans le secteur de l’énergie, l’environnement politique peu attrayant du Canada doit être considéré comme un facteur de dissuasion majeur.
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