D’après un article de Asshta Shetty publié sur CBC News le 29 mai 2025.
Aastha Shetty rapporte dans CBC News que de nombreux étudiants du secondaire ont du mal à trouver un emploi cet été, dans un marché du travail tendu par une immigration record et l’incertitude économique provoquée par les tarifs douaniers imposés — ou simplement menacés — par les États-Unis.
Une course à l’emploi qui commence tôt… et dure longtemps
DiMarco Brown, élève de 11e année à Kitchener-Waterloo Collegiate, a envoyé plus de vingt candidatures au cours de la dernière année. « Je n’ai reçu qu’un seul retour… et c’était un refus », explique-t-il à Aastha Shetty. Il dit regretter de ne pas avoir de connexions familiales dans le monde du travail : « Si tu connais quelqu’un dans une entreprise, ça peut être facile. Sinon, il faut rappeler sans cesse et quasiment supplier pour qu’on te remarque. »
Même son de cloche du côté de Shreya Sooraj, étudiante de 12e année à Cameron Heights. Elle a finalement décroché un emploi comme caissière dans un magasin du centre commercial Conestoga, mais seulement après avoir postulé à cinq emplois par semaine pendant des mois. « Ce qui bloque, c’est souvent le manque d’expérience », dit-elle, notant l’écart criant entre ceux qui ont plusieurs emplois et ceux qui n’en trouvent aucun.
Un marché saturé par la croissance démographique
Selon Timothy Lang, président-directeur général de l’agence Youth Employment Services, les jeunes doivent aujourd’hui contacter des centaines d’employeurs pour obtenir une seule entrevue. « C’est plus difficile cette année que l’an dernier », confie-t-il à Aastha Shetty, même si des emplois saisonniers dans l’aménagement paysager, le tourisme ou la restauration pourraient ouvrir un peu le marché.
Lang souligne que l’une des causes principales est la croissance rapide de la population canadienne, en particulier due à l’immigration. « À long terme, c’est bon pour l’économie. Mais à court terme, cela ajoute une pression énorme sur le marché de l’emploi. »
L’effet paralysant des tarifs américains
Autre facteur important : l’impact économique des tarifs douaniers américains. Même lorsqu’ils ne sont qu’à l’état de menace, ils créent de l’incertitude chez les employeurs. « Les petites entreprises qui embauchaient deux personnes en été se contentent maintenant d’en engager une seule. Si on applique ce raisonnement à des milliers de PME, on parle d’une réduction de 50 % des embauches estivales », explique Lang.
Des jeunes motivés, mais confrontés à la réalité
Parmi les élèves rencontrés par Aastha Shetty, certains tentent de prendre une longueur d’avance. Achilles Goldaev, élève de 12e année, a obtenu un stage coopératif pour garnir son CV. « J’espère pouvoir décrocher un vrai emploi. N’importe quoi, tant que ce n’est pas dans un resto. Je préfère ne pas savoir ce qui se passe en cuisine, je veux encore aimer manger du fast-food », dit-il avec humour.
D’autres élèves comme Kareem El-Khatib, en 9e année, en sont à leurs premières démarches. Inspiré par le travail acharné de son père, il rêve de gagner son propre argent et vise un poste de caissier. Son ami, Mustafa Abdaroa, aspire à devenir médecin de famille et cherche un emploi qui lui permettrait d’acquérir des compétences humaines. « Travailler avec des gens différents, c’est essentiel pour un médecin. »
Samuel Wu, un des rares élèves de son niveau à déjà occuper un emploi, travaille comme assistant sauveteur à Cambridge. Il explique à Aastha Shetty qu’il a dû suivre plusieurs formations, totalisant jusqu’à 40 heures, et qu’il a commencé à se préparer dès l’âge de 13 ans.
Un marché de l’emploi de plus en plus impitoyable pour les jeunes
Malgré leur motivation, les jeunes se heurtent à une dure réalité. Aastha Shetty cite le cas de longues files d’attente observées dans certaines villes, devenues virales sur les réseaux sociaux, comme un symptôme de ce déséquilibre entre l’offre et la demande d’emplois d’été.
Dans un contexte où l’expérience devient un luxe, où les connexions familiales jouent un rôle déterminant, et où l’économie freine ses embauches par crainte de l’avenir, de nombreux adolescents voient leur entrée sur le marché du travail retardée… ou complètement bloquée.