Il faut accepter d’emblée que la version officielle des faits ne fera pas l’unanimité et qu’il planera toujours un doute sur sa véracité – comme c’est le cas au sujet des assassinats des frères Kennedy. D’ailleurs, il n’aura fallu que quelques minutes après l’émergence de la nouvelle de la tentative d’assassinat contre Donald Trump pour que des théories de toutes sortes surgissent sur les réseaux sociaux.
Comme c’est le cas chaque fois que survient un attentat, il y en a qui crient systématiquement à l’opération sous faux drapeau conçue pour tromper le public. Ainsi, il ne fallait pas s’étonner de voir circuler des théories voulant que Trump ait lui-même orchestré une attaque ratée contre sa personne. Selon eux, l’homme tué et les deux blessés graves pourraient, en fait, être sains et saufs, et avoir fait partie du coup monté! Pire encore, ils pourraient n’être que des victimes collatérales de l’opération.
« À qui profite le crime ?», diront-ils. Un attentat raté ne nuit jamais à la personne visée. Et force est de constater que ce drame ne fait qu’augmenter le capital de sympathie amassé suite à l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire contre lui. Autant chez ses partisans que du côté de ses opposants, nombreux considèrent qu’il vient de remporter les élections. Sauf que cette théorie présuppose la planification d’une fausse tentative.
D’ailleurs, ceux qui avancent cette conspiration sont ceux qui méprisent habituellement les « complotistes »…
Dans les faits, à qui profiterait l’assassinat de Donald Trump? À l’establishment politique étatsunien. Jusqu’en 2016, l’establishment disposait des deux chevaux dans la course. George W. Bush contre John Kerry, Barack Obama contre Mitt Romney: des « béni-oui-oui » formatés et issus de la classe politique, interchangeables en matière d’enjeux internationaux. Sans Trump dans le portrait, il deviendrait plus facile de reprendre le contrôle du Parti républicain qui, malgré le nombre d’élus appartenant à la tendance MAGA, reste noyauté par des apparatchiks et des carriéristes.
Ce qui amène à la question la plus évidente: Comment un tireur a-t-il pu grimper avec son équipement complet sur le toit le plus proche d’un candidat présidentiel? Sur X, Elon Musk avance qu’il ne peut s’agir que de négligence délibérée ou d’extrême incompétence. Certains blâment la discrimination positive pour l’inaptitude du département des services secrets. L’actuelle directrice du USSS, Kimberly A. Cheatle, cautionne effectivement l’embauche pour la diversité.
Un homme qui se trouvait en bordure du site affirme avoir tenté, en vain, d’alerter les autorités de la présence d’un individu armé sur le toit. Dans un témoignage devenu viral sur les réseaux sociaux, il s’étonne que les agents de la sécurité n’aient pas évacué Donald Trump de son podium suite à ses avertissements.
Diverses théories sur l’identité du tireur n’ont pas tardé à circuler sur les réseaux sociaux. La version selon laquelle les tirs auraient été perpétrés par un militant Antifa a rapidement été démentie par les autorités. Le tireur, qui s’appelait Thomas Matthew Crooks, aurait fait un don de 15 dollars au Progressive Turnout Project, un comité d’action politique aligné sur les Démocrates, le jour de l’inauguration en janvier 2021, alors qu’il avait 17 ans. Selon la base de données des électeurs de Pennsylvanie, Crooks s’est enregistré sur les listes électorales en tant que Républicain afin de voter aux élections de mi-mandat en 2022. Les activistes des réseaux sociaux appuyant le camp Démocrate en profitent pour écrire que Donald Trump s’est fait tirer dessus par un de ses propres partisans, quoique son enregistrement comme Républicain ne signifie pas grand-chose.
Aux nouvelles de Radio-Canada, le professeur de science politique à l’UQAM Charles-Philippe David « prie le ciel » que le tireur puisse être associé au mouvement MAGA. Étant donné que tous les comptes de Crooks ont été purgés de l’internet, il s’avère peu probable d’en apprendre davantage sur ses véritables inclinaisons politiques.
Chose certaine, en dépeignant Trump comme le croisement de Bernard Madoff avec Adolf Hitler, les médias ont une part de responsabilité dans l’envenimement du climat social. Ils ont non seulement fomenté la peur phobique de l’éventuel retour de Trump à la Maison-Blanche, mais la déshumanisation de toute sa base partisane.
Le traitement médiatique des grands réseaux de l’establishment a été fidèle à son biais anti-Trump. USA Today a choisi comme titre: « Trump évacué de la scène par les services secrets après que de forts bruits aient fait sursauter l’ancien président et la foule ». D’autres médias, comme ABC, NBC et Newsweek, ont également omis de mentionner la tentative d’assassinat dans leurs titres. Dans un titre depuis supprimé, CNN aurait présenté l’affaire comme suit: « Les services secrets évacuent Trump du podium après une chute », comme s’il était simplement tombé après s’être enfargé.
Le Washington Post a accusé Elon Musk et Bill Ackman de « contribuer à façonner le récit de la fusillade » après que les deux milliardaires aient profité de l’occasion pour publiquement endosser Trump.
Au Québec, Richard Martineau a écrit une chronique avec un titre à l’interrogative, « Dommage qu’il l’ait raté? », pour condamner ceux qui osent avoir cette réaction [on en retrouve sur les réseaux sociaux, notamment sur Tik Tok]. Martineau ménage la chèvre et le chou, parce que malgré cet angle parfaitement honorable, il parvient à pondre un billet fidèle à son anti-trumpisme habituel tout en écorchant les « conspis » au passage. Martineau a pourtant beaucoup plus d’affinités avec les politiques de Trump qu’avec celles de Biden. Le paradoxe est comparable à un chroniqueur de gauche complètement acquis au wokisme qui ferait de Québec Solidaire et du NPD ses cibles privilégiées.
La tentative d’assassinat de Pennsylvannie va certainement impacter la Convention Nationale Républicaine de 2024, qui se tient à Milwaukee du 15 au 18 juillet, et lors de laquelle Trump sera officiellement désigné candidat. À l’instar d’Elon Musk et de Bill Ackman, on peut s’attendre à ce que d’autres personnalités influentes profitent des circonstances pour faire leur « sorties de garde-robe » pro-Trump. C’est aussi lors de cet événement que Donald Trump annoncera publiquement son choix de colistier.