Après des semaines de scepticisme quant à la volonté du gouvernement Legault d’aller de l’avant dans le projet de troisième lien, dû à son absence dans le récent budget, notamment, Radio-Canada révélait ce matin que le ministère des Transports et de la Mobilité durable, piloté par Geneviève Guilbeault, travaillait sur un nouveau projet constitué de deux tunnels dont un dédié aux transports collectifs et à un éventuel tramway. Un énième revirement dans ce projet d’infrastructure controversé qui, cette fois, cherche clairement à rallier les opposants, pour la plupart préoccupés par l’environnement et en faveur des projets de transports collectifs.
En effet, lorsque le gouvernement Legault avait présenté son projet de troisième lien de centre-ville à centre-ville, rompant avec le projet initial qui visait un lien plus à l’est – soit en face de l’île d’Orléans ou passant par celle-ci – l’un des avantages qui avaient été soulignés était la possibilité d’établir des lignes de transport en commun directe entre les deux centre-villes. Or l’argument ne semblait pas avoir convaincu les opposants, qui craignaient tout de même une augmentation du trafic en plein cœur des quartiers centraux ainsi qu’un encouragement à l’étalement urbain.
Certains opposants allaient même jusqu’à dire à l’époque qu’ils ne seraient d’accord qu’avec un lien uniquement réservé au transport en commun… Une proposition jugée ridicule par beaucoup de gens, qui considéraient que tant qu’à creuser à coup de milliards, il serait un ruineux de limiter ainsi l’usage du tunnel.
À ce jour, bien que les deux centre-villes ne soient, à vol d’oiseau, distancés que de 4 kilomètres, il faut parcourir autour de 30 kilomètres sur route pour les relier. En transport en commun, cela signifie des trajets de plusieurs heures, avec de multiples transferts entre deux services de transports différents. Il y a évidemment la traverse qui offre un lien plus direct et permet à des travailleurs de franchir le fleuve, mais les horaires des bateaux demeurent beaucoup moins efficaces que ne pourrait l’être un lien routier.
Ce nouveau projet « bitube » vise donc à concilier ces intérêts pour le troisième lien et convaincre une partie de la population plus friande de projets de transports « structurant ». En incluant le tramway dans le projet de troisième lien, Geneviève Guilbeault fait d’une pierre deux coups : elle cherche à convaincre les opposants au troisième lien de son bien fondé et, en même temps, cherche à convaincre les opposants au tramway (majoritairement pro-troisième lien) qu’il pourrait y avoir un compromis possible pour accomplir le troisième lien.
À ce stade, cependant, nous ne disposons pas de plus d’information. Le premier ministre François Legault a déclaré aujourd’hui que malgré un évident intérêt populaire, son gouvernement ne ferait une annonce en bonne et due forme que dans « quelques semaines ».