En cette ouverture du Sommet de l’OTAN et à l’occasion de son 75ième anniversaire ce mardi, Justin Trudeau, dont le bilan en matière de défense est exécrable, a fait un discours sur les changements climatiques et les enjeux de sécurité qu’ils posent. Ce n’est probablement pas l’enjeu qui mobilise le plus les esprits de ses homologues, qui ne cachent plus leur déception de voir que le Canada n’investit toujours pas les 2% minimum de son PIB en Défense, une exigence au sein de l’alliance.
L’OTAN commence à s’impatienter sur le 2%
En effet, cela fait de nombreuses années que les pays qui investissent le plus au sein de l’OTAN – en premier chef, les États-Unis – font pression afin que tous les pays membres investissent au moins 2% de leur PIB en matière de défense. Malgré une légère amélioration dans les dernières années, le Canada est encore loin du compte avec ses 1,4% d’investissements.
Récemment, 23 sénateurs américains avaient écrit à Justin Trudeau pour déplorer que le Canada ne respecte toujours pas ses engagements dans le domaine et aujourd’hui, lors d’une réunion bipartite avec des sénateurs démocrates et républicains, Justin Trudeau en rencontrait quelques-uns. Il a alors réitéré l’intention du Canada de majorer sa contribution, ne promettant cependant d’atteindre que 1,76% du PIB d’ici 2029-2030.
Les Américains n’ont pas caché, encore une fois, leur déception. Le Sénateur Mitch McConnell, par exemple, commentait sur X que : « Les valeurs partagées et les liens économiques étroits ont toujours été la force des relations entre les États-Unis et le Canada. Mais il est temps pour notre allié du Nord d’investir sérieusement dans la puissance nécessaire pour contribuer à préserver la prospérité et la sécurité. »
Il faut dire que ça n’aide certainement pas que Trudeau ait déjà reconnu que le Canada « n’attendrais jamais » les cibles de dépenses de l’OTAN…
Un problème de bureaucratie et de logistique
Or les problèmes du Canada en matière de défense sont encore plus profonds qu’une simple question de financement, puisque au-delà des sommes investies, des problèmes de logistique entre le ministère de la Défense et les Forces armées empêche cette dernière de dépenser ses budgets! Autrement dit, peu importe l’argent qu’on met dans notre armée, elle n’est même pas capable de l’utiliser à cause des lenteurs bureaucratiques. Un vraie honte!
En effet, un article de La Presse révélait l’an passé que ‘le ministère de la Défense a sous-utilisé son budget de 10 milliards sur quatre ans (de 2017-2018 à 2020-2021) » et que certains soldats étaient quand même obligés de se procurer de l’équipement de leur propre poche.
C’est particulièrement inquiétant considérant que la logistique des approvisionnements est cruciale pour les capacités opérationnelles d’une armée. C’est bien beau avoir du matériel et des ressources, mais encore faut-il qu’elles se rendent à la bonne place au bon moment. Le fait que notre armée soit incapable de dépenser ses budgets alors qu’ils sont carrément insuffisants pour l’OTAN frise le ridicule.
Entre containment et expansion
Ces pressions pour investir davantage en Défense interviennent aussi à un moment crucial pour l’OTAN en raison de la guerre en Ukraine et des volontés s’expansion de l’organisation. Les alliés semblent pour le moment tous s’entendre au sujet d’un soutien inconditionnel à l’Ukraine et à son inclusion dans l’Alliance.
Les élections à venir, notamment celle de Trump, pourraient changer cela, mais pour le moment, ça semble être le plan de match.
On ne pourrait souligner assez à quel point les décisions qui se prendront au sein de l’OTAN seront déterminantes pour la stabilité mondiale des prochaines années.
Fondée à la base comme une alliance défensive afin de « contenir » la menace communiste – la doctrine de « containment » en anglais – la chute de l’URSS a vu l’OTAN devenir très expansif sur des territoires antérieurement sous contrôle soviétique. Si la Russie a pu tolérer que la Pologne et les Pays Baltes rejoignent l’ouest, l’Ukraine, qui lui est plus historiquement chère, semble être l’expansion de trop.
Il y a aussi quelque chose de particulièrement dangereux et invraisemblable à vouloir inclure un pays déjà en guerre contre une puissance mondiale dans une organisation qui dispose d’un article obligeant l’assistance de tous en cas d’attaque (L’article 5). Cette expansion de l’OTAN en Ukraine signifierait la guerre assurée contre la Russie, et donc une troisième guerre mondiale… Les enjeux sont donc majeurs en ce moment.
Trudeau et son dada
Mais Trudeau a fait un point d’honneur à avertir ses homologues au sujet des changements climatiques et des enjeux de sécurité qu’ils représentent. Les effets de la montée des eaux sur les ports militaires, les catastrophes naturelles, les sécheresses et famines qui entraînent des crises, etc. Notre premier ministre fait figure d’enfant d’école passionné par les dinosaures et incapable de ne pas les inclure dans tous ses travaux. On voit bien que ses intérêts sont moins de répondre aux enjeux les plus pressants de l’OTAN, mais surtout de marteler sur une nouvelle tribune ses mantras écologistes usés et déconnectés.
Selon de nombreux analystes, notre armée n’a jamais été en si mauvais état depuis les années 90. Dans le contexte sulfureux d’aujourd’hui, la légèreté de M. Trudeau devient de plus en plus intolérable pour nos alliés.