Dans la vision fédéraliste des choses, le gouvernement d’Ottawa doit tout faire pour préserver l’unité canadienne, et ce à n’importe quel prix. Il y a bien sûr l’épineuse question du Québec, mais ce qu’on constate, c’est que le mécontentement face à Ottawa n’est pas l’exclusivité des Québécois. Justin Trudeau est-il celui qui précipitera la désintégration du Canada? C’est possible, car il a énormément fragilisé la fédération, qui ne s’en remettra probablement pas.
Le Québec est selon une motion conservatrice votée en 2006 à la Chambre des communes une nation au sein d’un Canada uni. Même s’il n’y a pas de contrainte légale de respecter la différence québécoise, Ottawa sait que le Québec est la principale menace pour l’avenir de la fédération. Même selon le site de prospective du gouvernement canadien, la menace « séparatiste » est considérée comme l’une des plus importantes. La ou les provinces concernées ne sont pas mentionnées.
Or, sous Stephen Harper, le gouvernement fédéral avait le beau jeu devant des forces indépendantistes divisées et affaiblies. Le premier ministre conservateur a même pu faire de l’œil à certains éléments nationalistes, mais fédéralistes pragmatiques. Un ministre comme Maxime Bernier pouvait exister dans un gouvernement Harper. Sous Trudeau, cela serait inimaginable.
Les indépendantistes dirigés soit par André Boisclair, Pauline Marois ou Pierre Karl Péladeau n’ont fait que reculer. Il faut dire qu’il y avait un réel désamour entre le Parti Québécois et la population. Peut-être l’air du temps : nous étions en pleine époque d’austérité dans le monde entier, le néo-libéralisme triomphait partout. On se croyait dans le siècle américain.
Mais voilà, les temps ont changé. Trump est arrivé. Et puis la pandémie. Celle-ci a prouvé l’importance de garder des frontières. Que l’on ne peut compter que sur soi-même en cas de crise. Justin Trudeau, quant à lui, a accéléré le processus de déclin du Canada amorcé il y a une trentaine d’années sous Jean Chrétien. En se faisant le champion des droits de la personne, il a forcé le Canada à recevoir des millions de personnes. Sans que l’on ne comprenne pourquoi ni comment nous pouvons les accueillir.
Des millions de nouveaux citoyens. Sans que l’on sache réellement de qui il s’agit. De leurs compétences réelles sur le marché du travail. En plus, cette arrivée trop importante d’immigrants a amplifié la crise du logement, augmenté le chômage. Les provinces canadiennes sont toutes en colère contre Justin Trudeau.
Même si des problèmes qui touchaient jadis seulement Toronto et Vancouver touchent même des villages de la Gaspésie. Dire le déclin que le Canada a subi depuis son arrivée en poste. Voilà, c’est la raison qui fera probablement que le Québec est en voie de devenir un pays indépendant. Les temps ont changé. Le gouvernement fédéral souffre d’un déni de légitimité parmi la population du Québec. Il est vu comme autoritaire, incompétent, peu à l’écoute.
Rien n’est gagné encore pour les troupes de Paul St-Pierre Plamondon, mais le long règne de Justin Trudeau a rendu énormément de Québécois sceptiques quant aux intentions réelles du gouvernement canadien. Pourquoi de tels volumes d’immigration? Pourquoi toujours mettre des bâtons dans les roues du Québec ou de la langue française? Les questions se posent, mais n’ont pas de réponses.
Il faudra bien plus que des promesses à Pierre Poilievre pour combattre le retour des indépendantistes au Québec. Il faudra rétablir la confiance par des actions claires. Quitte à se faire critiquer par le Canada anglais qui y verra d’autres accommodements pour un Québec capricieux. Nous pourrions aussi parler du sentiment d’aliénation qui frappe les Albertains. Ceux-ci estiment que Justin Trudeau n’en fait pas assez pour relever l’économie de la province. Qu’il agit même contre eux. Il faut dire que les dernières années ont été difficiles pour l’Alberta, entre les feux de forêt et la baisse des prix du pétrole.
Justin Trudeau sera-t-il vu un jour comme le Gorbatchev canadien? Celui qui tentera de mener des changements politiques majeurs, accélérant ainsi la désintégration de l’Union soviétique? C’est possible. Dans les deux cas, plusieurs provinces, ou dans le cas de l’URSS, des républiques, se sentent dépossédées par le centre. Et qu’à chaque endroit, les langues se délient. Il faudra plus que de belles paroles pour recoller les morceaux. Mais Justin Trudeau n’en semble pas conscient.