Ottawa. Automne 2024. Trois partis souhaitent le départ des libéraux du pouvoir. Oui, mais à différents degrés. Les conservateurs sont ceux qui travaillent le plus au renversement des libéraux. Quant au Bloc Québécois et au NPD, leur stratégie est particulièrement mauvaise. En quoi ces deux partis se tirent dans le pied continuellement depuis les dernières années? C’est ce que nous allons voir.
Commençons par le Bloc. Yves-François Blanchet est un homme politique efficace, et aussi un bon débatteur. Cependant, il faut dire que sa dernière stratégie de maintenir le gouvernement en échange de « gains pour les aînés » fut une très mauvaise décision. Peu importe ce que les bloquistes feront, ils auront toujours l’image de complices des libéraux qui leur collera à la peau.
Disons qu’on a vu mieux de la part du Bloc. Il a ainsi donné de l’eau au moulin des conservateurs, pour qui chaque occasion est bonne pour dire que les bloquistes sont les alliés des libéraux. Mais ce n’est pas le seul problème du Bloc. Un comble, quand on sait que les électeurs bloquistes de même que les membres sont probablement plus conservateurs que l’establishment du parti.
Mais à écouter les énormités du chef, qui va jusqu’à dire que le conservatisme est incompatible avec les valeurs québécoises, c’est insultant pour une bonne partie de la population. Déjà, pensons aux électeurs d’Éric Duhaime, mais aussi de nombreux partisans de la CAQ et même du Parti Québécois. Les Québécois conservateurs peuvent se sentir – à raison – brusqués par l’attitude intransigeante de Blanchet.
Pensons aussi à ce déplacement absurde du chef du Bloc Québécois à Chicago pour la convention démocrate. Il est maintenant de bon ton de se mêler de la politique interne des autres. Déjà, nous avons dénoncé, et à juste titre, l’ingérence de Ruba Ghazal dans les élections françaises. Alors, pourquoi Blanchet devrait faire la même chose? Pourtant, s’il est si indépendantiste que ça, il devrait être allergique à l’ingérence dans les affaires internes d’autres pays.
Donc, nous donnons à Blanchet la note de zéro pour sa stratégie en soutien à « nos aînés ». Un plan mort-né, qui n’a pas levé les foules, pendant que l’on parlait surtout d’immigration à ce moment-là. Il nous a fait perdre un temps précieux. Donnant à Trudeau ce qu’il a le plus besoin ces temps-ci. En plus, le pire dans cette histoire, c’est que les libéraux n’ont même pas eu une once de respect pour le Bloc. Le plan n’a pas été approuvé. Pourtant, il s’agit du gouvernement le plus dépensier de l’histoire canadienne.
Quant au NPD, il souhaite maintenir les libéraux au pouvoir. Jagmeet Singh a beau être particulièrement arrogant, il sait qu’il doit rester encore un peu s’il veut bénéficier d’une pension à vie du fédéral. Il sait également que son parti n’a aucune chance, surtout avec lui à sa tête. Comme de raison, il a gardé son poste malgré ses défaites successives à cause de la carte ethnique qu’il peut utiliser.
En effet, montrer la porte à un sikh portant le turban serait un affront « raciste » que les militants du NPD n’oseront pas faire. Du moins, pas encore. Il faudra une autre défaite cuisante pour que les militants se disent que les symboles religieux, ce n’est pas idéal pour gagner. Encore moins dans un contexte de tensions diplomatiques entre le Canada et l’Inde. Pays qui représente un énorme marché pour le Canada, mais qui nous est restreint à cause du communautarisme sikh.
Le Bloc et le NPD ont fait gagner du temps aux libéraux. Et en cela, le parlement est bloqué. Il n’y aura rien qui puisse débloquer la situation pour le moment. Il faudra… attendre. Les Québécois et les Canadiens n’en peuvent plus. Et ces deux partis nous ont fait tourner en rond, justement au même où il fallait faire quelque chose. Ils auront beau faire ce qu’ils veulent, ils auront toujours cette étiquette sur le dos d’avoir aidé les libéraux. Au pire moment.
