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Un lien entre le Victoria Day et la Fête des Patriotes ? Le gouvernement responsable

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Le troisième lundi de mai, le Canada célèbre le Victoria Day, une fête en l’honneur de la Reine Victoria, symbole de la monarchie britannique. Au Québec, ce même jour est marqué par la Fête des Patriotes, commémorant les rébellions de 1837-1838 contre le régime colonial britannique. À première vue, ces deux événements semblent opposés, mais ils partagent un point commun fondamental : l’émergence du gouvernement responsable, une étape clé vers l’autonomie politique du Canada.

Les rébellions de 1837-1838 : Un cri de ralliement pour le changement

Les rébellions de 1837-1838 au Bas-Canada (actuel Québec) ont été déclenchées par des frustrations profondes envers le régime colonial britannique. Les Patriotes, menés par des figures telles que Louis-Joseph Papineau et Wolfred Nelson, réclamaient des réformes démocratiques, une plus grande représentation politique et la fin du système de patronage qui favorisait l’élite anglophone. Ces soulèvements ont été réprimés militairement, mais ils ont mis en lumière les injustices du système colonial et ont galvanisé les aspirations à l’autonomie.

Au Bas-Canada, les années 1830 sont marquées par une crise agricole et une surpopulation des seigneuries. Conséquemment, plusieurs Canadiens sont touchés par la pauvreté et l’isolement. Les élites francophones, représentées par le Parti patriote, réclament des réformes politiques pour améliorer la situation. En 1834, elles font adopter les 92 Résolutions, un document demandant de réformer le conseil législatif, de rendre les institutions plus démocratiques, de donner le contrôle budgétaire à la Chambre d’assemblée, d’abolir les droits seigneuriaux et la fin du monopole de la British American Land Company sur les terres non colonisées. Ces demandes sont envoyées à Londres, mais sont rejetées en bloc, provoquant la colère des militants patriotes.

Les tensions montent, et en 1837, des assemblées publiques sont organisées pour protester contre le refus des autorités britanniques d’accorder les réformes demandées. Ces assemblées sont rapidement déclarées illégales par le gouverneur de la colonie en juin 1837. En réponse, les Patriotes organisent des manifestations et des soulèvements armés, notamment à Saint-Denis et Saint-Charles. Les combats sont violents, et les forces britanniques finissent par réprimer les rébellions. Cependant, ces événements marquent un tournant dans la lutte pour l’autonomie politique du Bas-Canada.

Le rapport Durham et l’Acte d’Union : Vers une union forcée

À la suite des rébellions, le gouvernement britannique envoie Lord Durham en mission pour enquêter sur les causes des troubles. Dans son rapport de 1839, Durham recommande l’union du Haut-Canada et du Bas-Canada pour assimiler les Canadiens français et renforcer le contrôle britannique. Cette recommandation conduit à l’Acte d’Union de 1840, qui fusionne les deux colonies en une seule entité, le Canada-Uni, avec une représentation égale pour les deux anciennes colonies, malgré les différences démographiques.

Le rapport Durham suggère également l’accélération de l’immigration britannique au Canada afin de marginaliser la population canadienne-française, la forçant ainsi à choisir la voie de l’assimilation linguistique et culturelle. Il préconise la création d’un système d’éducation primaire obligatoire pour les 6 à 12 ans, mixte religieusement, œuvrant à l’anglicisation progressive des Canadiens. Ces recommandations sont perçues comme une tentative d’effacer l’identité culturelle et linguistique des Canadiens français.

L’Acte d’Union de 1840 met en place une structure politique où le gouverneur général conserve un pouvoir considérable, mais où les élus du Canada-Uni commencent à jouer un rôle plus important. Bien que cet acte soit perçu comme une tentative de renforcer le contrôle britannique, il ouvre également la voie à des réformes politiques qui permettront aux Canadiens de jouer un rôle plus actif dans la gestion de leurs affaires.

L’émergence du gouvernement responsable : Une réponse aux revendications

Face aux tensions croissantes, le gouvernement britannique reconnaît la nécessité de réformes pour apaiser les mécontentements. En 1848, Louis-Hippolyte LaFontaine et Robert Baldwin forment le premier gouvernement responsable du Canada-Uni. Ce système stipule que le gouvernement doit rendre des comptes à l’Assemblée législative élue, marquant ainsi un pas significatif vers l’autonomie politique.

Louis-Hippolyte LaFontaine, représentant du Canada-Est (Bas-Canada), et Robert Baldwin, représentant du Canada-Ouest (Haut-Canada), unissent leurs forces pour former un gouvernement de coalition. Leur objectif est de répondre aux aspirations des Canadiens français et anglais en matière de représentation politique et de gouvernance. Ensemble, ils réussissent à convaincre le gouverneur général, Lord Elgin, d’accepter le principe du gouvernement responsable, ce qui constitue une avancée majeure vers l’autonomie du Canada.

Sous leur administration, plusieurs réformes importantes sont mises en place. Le français est reconnu comme langue officielle du parlement, une première victoire pour les Canadiens français. De plus, des réformes électorales sont entreprises pour élargir le droit de vote et améliorer la représentation des citoyens. Ces changements marquent le début d’une nouvelle ère politique pour le Canada, où les décisions gouvernementales sont de plus en plus prises par les représentants élus du peuple, et non plus imposées par la Couronne britannique.

Victoria Day : Une célébration de l’évolution politique

Le Victoria Day, célébré depuis 1845, honore la Reine Victoria, mais il symbolise également l’évolution politique du Canada sous son règne. Bien que la monarchie britannique ait conservé une autorité formelle, des changements substantiels ont eu lieu, notamment l’introduction du gouvernement responsable. Ainsi, cette journée peut être vue comme une reconnaissance des progrès vers l’autonomie, même si elle est également teintée d’une histoire coloniale complexe.

Il est important de reconnaître que cette évolution a été le résultat de luttes internes, telles que les rébellions de 1837-1838, qui ont mis en lumière les aspirations des Canadiens à une plus grande autonomie politique. En ce sens, le Victoria Day peut être perçu comme une célébration ambivalente, reconnaissant les progrès réalisés tout en n’oubliant pas les luttes qui ont permis ces avancées.

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