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Un petit tour en Normandie

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La première chose qui frappe lorsqu’on visite la Normandie, c’est l’invraisemblance qu’un paysage aussi paisible ait pu être le lieu de l’un des plus violents affrontements guerriers de l’histoire. Les traces sont partout : casemates, artillerie, char d’assauts, cratères d’obus, cimetières… et pourtant, le bocage normand, ses petits villages médiévaux et sa côte à couper le souffle ne manquent pas d’inspirer quelque chose de profondément réconfortant. Il faut dire que la musique des années 40 qui est diffusée un peu partout dans les lieux publics contribue, elle-aussi, à cette ambiance « vieille France », d’un temps que louangeait Charles Trenet dans sa célèbre chanson « Douce France ».

J’ai eu la chance, en 2015, de visiter la Normandie et une bonne partie des sites du débarquement, qui fête aujourd’hui son 80ième anniversaire. C’était très important pour moi de rendre honneur à nos grands-parents qui s’y sont battus, et de marcher sur les pas qui les ont menés à la libération de l’Europe. Ce faisant, je suis complètement tombé en amour avec la région. Il y avait un petit quelque chose qui faisait que je m’y sentais chez moi ; des airs d’Île d’Orléans sur un autre continent.

Bref, je ne suggérerai jamais assez cette destination. Que vous soyez passionné d’histoire ou pas, la Normandie et sa région du Calvados, où ont débarqué les troupes alliées le 6 juin 1944, saura vous séduire. J’offre donc ici aux intéressés un petit portrait d’à quoi un tour en Normandie peut ressembler.

L’appel de la campagne

Je ne le dirai jamais assez : bien que les grandes villes Européennes soient des destinations incontournables, je suis d’avis que c’est la campagne qui donne tout son charme à l’Europe. C’est un peu dans cet état d’esprit que lors d’un passage à Paris en 2015, j’ai décidé de me louer une voiture et de partir pour 4 jours en Normandie. Je voulais fuir un peu le rythme étouffant de la métropole et cela me donnerait l’occasion d’enfin voir ces lieux mythiques de la Seconde Guerre mondiale.

D’entrée de jeu, soyez avertis : conduire et se retrouver dans Paris n’est pas chose aisée… Je prenais possession de la voiture près de la tour Montparnasse, et bien que j’avais étudié les cartes avec attention, j’ai eu beaucoup de misère à quitter la Ville Lumière. J’avais l’impression de tourner en rond sur le périphérique, et lorsque j’ai fini par trouver une autoroute pour sortir, je me dirigeais vers le sud au lieu du nord-ouest.

Enfin, à partir du moment où vous rejoignez l’autoroute A13 qui mène en Normandie, vous pouvez décompresser et filer en ligne droite. Enfin, la forêt de crépis couleur crème de Paris faisait place aux champs verdoyants. C’est un trajet d’environ 2h45, soit l’équivalent d’un Montréal-Québec. Et notez qu’il y a quelques péages en cours de route, donc prévoyez quelques Euros à l’avance.

Le pont de Bénouville et Ouistreham

Mon plan pour cette première journée était très clair : tout juste avant d’arriver à Caen, la principale ville de la région, je prendrais la première sortie vers le nord qui suit le cours du canal reliant Caen à la mer. Objectif : Bénouville.

Il faut comprendre que ce canal divisait le théâtre d’opération du débarquement et s’avérait donc particulièrement stratégique dans les premières heures de celui-ci. En effet, les troupes alliées débarquant seulement à l’ouest du canal, il fallait le sécuriser pour éviter une contre-attaque allemande à partir de là.

Les tout premiers combats du débarquement se sont donc déroulés durant la nuit autour du pont de Bénouville, ce qui en fait un premier arrêt parfait pour ce tour à thématique historique. C’est principalement par planeurs que les soldats chargés de l’assaut y ont été transportés, et l’atterrissage était parfois très violent.

Le pont de Bénouville, théâtre des premiers affrontements du débarquement

Ensuite, j’ai continué ma route vers la mer, ce qui m’a mené à Ouistreham, une ville balnéaire tout à fait charmante qui me faisait penser un peu à l’équivalent du Maine en France. Je passai le reste de la soirée à relaxer sur la petite promenade côtière, entre le Musée du Mur de l’Atlantique, une imposante casemate allemande dominant le quartier, et la plage au nom de code « Sword », dont les Britanniques étaient responsables.

Le musée du Mur de l’Atlantique, Ouistreham

Avoir su d’avance, j’aurais réservé un premier hôtel dans cette ville, mais puisque j’improvisais, j’allais ce soir-là dormir en périphérie de Caen. La vraie aventure commencerait de toute façon le lendemain.

Se perdre dans la campagne

Pour ma deuxième journée, il allait de soi que je visite les secteurs canadiens et britanniques du débarquement. J’ai donc pris la première autoroute de Caen vers l’ouest. Mais très vite, j’ai réalisé que je ne voulais pas prendre le chemin le plus direct, j’ai donc pris la première sortie vers le nord, c’est-à-dire la mer.

Je conseille vivement à ceux qui visitent la Normandie de ne pas trop s’inquiéter avec les directions. La région est tout de même assez petite, et la mer n’est jamais bien loin. Allez vous perdre un peu dans cette magnifique campagne ; c’est parfois comme ça qu’on tombe sur les plus belles surprises.

Après quelques méandres sur des rangs anonymes, je suis tombé sur des petits hameaux, des châteaux et de magnifiques jardins. Par exemple, en m’arrêtant près d’un marais bordé de saules pleureurs attenant un château près de Lantheuil, je me sentais litéralement transporté dans une toile impressionniste.

Un marais aux apparences de peinture impressionniste près de Lantheuil
Le château de Creully

Courseulles-sur-Mer

En remontant vers le nord à partir de Creully, on arrive assez rapidement à Courseulles-sur-Mer, la ville cotière bordant la plage de Juno, où nos Canadiens ont débarqué. Je suis rapidement allé visiter le centre d’interprétation, qui est soit-dit en passant opéré par le Canada. C’est donc sur un Québécois que je suis tombé à la réception, et il m’a alors conseillé quelques endroits à visiter autour de Juno beach.

On remarque assez vite que la majorité des bâtiments à Courseulles-sur-Mer sont assez récents. La ville est, comme Ouistreham, principalement une station balnéaire. Et on ne peut vraiment reprocher aux vacanciers de profiter de cette magnifique plage de sable fin… Mais dans mon cas, m’y baigner donnerait une impression de sacrilège étant donné le sang qui y a coulé.

Question de perspective, peut-être ; au bout du compte, c’est pour la liberté que ces soldats ont fait l’ultime sacrifice. Profiter de la beauté de l’endroit est probablement une manière d’honorer leur mémoire.

La plage de Juno, où les canadiens ont débarqué le 6 juin 1944

Arromanches et la batterie de Longues-sur-Mer

À partir de Courseulles-sur-Mer, je me suis dit que c’était un bon endroit pour longer la côte vers les autres plages. Et malgré ma préparation et ma passion pour le débarquement, j’ai été pris de surprise lorsque, du haut d’une imposante falaise, j’aperçus pour la première fois les ruines du port artificiel d’Arromanches. J’avais failli l’oublier, celui-là! Et malgré tout, c’était probablement la vue la plus impressionnante de tout ce voyage.

Une grande partie de la réussite du débarquement reposait sur la nécessité de disposer d’un port en eaux profondes pour débarquer le matériel lourd. Or les principaux ports de la région, ceux de Cherbourg et du Havre, ne seraient atteints par les troupes que quelques semaines après le Jour J. Il fallait donc trouver une alternative : un port artificiel flottant composé d’immenses blocs de béton creux.

Encore aujourd’hui, ces énormes blocs, pour la plupart échoués, sont visibles depuis la côte. Et c’est particulièrement impressionnant. Sans parler de la couleur pratiquement turquoise de l’eau à cet endroit, qui lui donne un aspect irréel.

La ville d’Arromanches vaut aussi le détour ; c’est le stéréotype même de ce qu’on s’imagine quand on pense à la côte normande, avec ses falaises de grès couvertes de verdure.

Promenade côtière à Arromanches.
Les ruines du port artificiel d’Arromanches, vue de la batterie de Longues-sur-Mer

En continuant ma route, je suis tombé par hasard sur la batterie allemande de Longues-sur-Mer. Dans un très bon état, le site donne une bonne idée des défenses allemandes le long du Mur de l’Atlantique. Il s’agit de quatre casemates abritant d’énormes canons de marine. Le site est gratuit et donne, encore une fois, sur la magnifique vue du port artificiel.

Un canon de la batterie de Longues-sur-Mer

Bayeux

Cette nuit-là, j’ai décidé de dormir à Bayeux, la seconde ville en importance du Calvados. La ville est un peu plus grosse que les autres, mais demeure tout de même très pittoresque. Il est possible de se rendre en campagne en près de 15 minutes à partir du centre-ville à pied.

Bien qu’il y ait un musée très intéressant sur la Bataille de Normandie, Bayeux est plutôt connue pour son histoire médiévale. En effet, c’est là que se retrouve la fameuse « Tapisserie de Bayeux », qui relate la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant sur une banderole de tissu de 70 mètres de long.

La tapisserie de Bayeux.

C’est d’ailleurs un parallèle intéressant avec l’histoire du Jour J : comme une sorte de reflet miroir à des siècles de distance, Guillaume le Conquérant était parti de Normandie pour débarquer sur les côtes anglaises, alors que les Alliés ont fait le chemin inverse en 1944.

C’est aussi là que j’ai découvert le cidre, une spécialité normande. La ville est absolument magnifique et beaucoup de belles terrasses de restaurants donnent sur la rivière de l’Aure, face au vieux moulin. De nombreuses maisons à colombages datant du Moyen-Âge y survivent encore aujourd’hui et donnent l’impression de remonter dans le temps. Bref, un « must », particulièrement pour se poser dans un hôtel.

Le moulin de Bayeux avec ses roues à aubes.

Omaha Beach

Le lendemain, je quittais pratiquement à regret cette magnifique bourgade médiévale qu’est Bayeux. Objectif : Omaha Beach.

Comme vous le savez probablement, la plage au nom de code « Omaha » est sans aucun doute la plus célèbre du débarquement de Normandie. Ce fut la plus sanglante de tous et les américains qui l’ont pris d’assaut resteront coincés pendant des heures sous le feu des mitrailleuses allemandes. C’est cette plage qui a été reconstituée dans l’ouverture du fameux film « Il faut sauver le soldat Ryan ».

Il y a probablement d’autres manières de s’y rendre, mais dans mon cas, en suivant les pancartes, c’est directement au cimetière américain de Normandie, qui se trouve en haut des collines d’Omaha, où j’ai abouti.

L’ambiance y est particulièrement solonelle… C’est un lieu qui inspire le respect. La contenance est donc de mise. Le gens parlent bas, marchent lentement, évitent les effusions de joie.

Notons aussi la beauté incroyable du lieu, entretenu avec un perfectionnisme impressionnant. Le gazon vert fait un contraste frappant avec les petites croix blanches à perte de vue et de magnifiques haies taillées encadrent ce paysage.

Cimetière américain de Normandie.

Da là, des petits sentiers mènent au bas de la colline vers la plage tristement célèbre. La majorité des casemate qui s’y trouvaient lors du débarquement ont disparues, mais on peut facilement s’imaginer la difficulté de prendre une telle falaise d’assaut.

Omaha beach aujourd’hui.

Pour dîner, je me suis arrêter à Vierville-sur-Mer. Il y avait un très bel hotêl avec une grande terrasse donnant sur la mer. Encore une fois, le contraste des couleurs est incroyable ; le bleu de la mer et du ciel, l’ocre du sable et le vert éclatant des collines. Difficile de s’imaginer que la zone a déjà été un champ de bataille embrumé…

Vierville-sur-Mer (Omaha, secteur Dog White)

La Pointe-du-Hoc

Passé Omaha Beach, les Américains étaient aussi responsables de prendre une batterie allemande fortifiée, perchée sur ce qu’on appelle la « Pointe-du-Hoc ». Un exploit particulièrement impressionnant considérant qu’à cet endroit, ce ne sont plus des collines qui bordent la mer, mais des falaises à 90 degrés… Le site a donc été pilonné de manière brutale par l’artillerie navale Alliée, avant d’être pris d’assaut par des troupes d’élites mandatées d’escalader les falaises.

Selon les soldats ayant participés à cet assaut, en arrivant au sommet de la falaise, ils furent accueuillis par un paysage lunaire. Tout le terrain était percé d’immense cratères d’obus, la majorité des casemates était détruites… mais malgré tout, la majorité des allemands avaient survécus et le combat fut intense.

La Pointe-du-Hoc et son champ de cratères, vu depuis Google Earth.

Ce site est un incontournable, parce qu’il a été laissé tel quel. Le terrain est encore percé de centaines de cratères d’une dimension à peine croyable. Descendre au fond de l’un de ces trous et s’imaginer qu’autant de terre puisse être déplacée instantanément permet de prendre toute la mesure de la brutalité de ces combats.

La Pointe-du-Hoc

En quittant Omaha Beach, je me suis réservé un hôtel dans la petite ville anonyme de la Haye-du-Puit. Elle se trouve un peu à l’extérieur du théâtre d’opération du débarquement, mais je me retrouverais plus près des zones de larguages derrière Utah Beach le lendemain.

Cimetière allemand de la Cambe

Sur ma route, je suis tombé sur le cimetière allemand de la Cambe, que j’ai décidé de visiter. En effet, il faut se rappeller que la guerre a fait des victimes des deux côtés, et que malgré tout ce que le régime nazi a pu faire, certains allemands étaient de simples soldats envoyés de force sur le front. Il est donc essentiel d’honorer leur mémoire avec le même respect que n’importe quel autre victime de ce conflit.

Cela dit, on remarque rapidement que le cimetière allemand est beaucoup plus sobre, avec de petites croix de pierre brunes à même le sol, et des sculptures inspirant l’horreur et l’angoisse de la guerre à l’entrée. On sent une forme d’humilité, un désir de se faire pardonner, ce qui rend l’endroit particulièrement touchant.

Cimetière allemand de La Cambe.

La Haye-du-Puit

Comme expliqué précédemment, j’ai choisi le petit village de la Haye-du-Puit pour dormir ce soir là en raison de sa localisation centrale dans la péninsule du Cotentin, qui me rapprocherait le lendemain des zones de larguage aéroportées et de la plage d’Utah Beach. Mais aussi, j’avais remarqué en regardant des images satellites que le bocage y semblait plus dense.

En effet, le bocage normand, ce maillage dense de talus, de haies et de petits « chemins creux » (où les arbres se rejoignent pour former une sorte de plafond) fut une caractéristique centrale de la Bataille de Normandie, puisqu’il compliquait beaucoup l’avancé des Alliés et formait un terrain parfait pour la défense allemande. Mais en 2024, une bonne partie de ce bocage a disparu et a fait place à une campagne avec des champs plus ouverts, dépourvus de haies.

Je voulais donc voir le bocage authentique, et la Haye-du-Puits semblait encore dans une zone dense. Mais pas seulement ça! Durant la nuit, j’ai décidé d’aller prendre une marche, afin de voir un peu ce qu’on pu ressentir les parachutistes éparpillée dans ce labyrinthe végétal durant la nuit précédant le débarquement. Et laissez moi vous dire que ça a dû être terrifiant. La densité des haies et la profondeur des chemin creux fait en sorte que l’obscurité est complète. On ne voit même pas un mètre devant soi.

Il n’y avait évidemment pas le grondement des avions et des explosions partout autour, mais je recommande fortement ce genre de petite balade nocturne dans le bocage aux passionnés de la deuxième guerre ; ça permet réellement de sentir ce que ces soldats ont vécu, et on s’imagine à chaque petite entrée vers des champs qu’on va entendre le fameux cliquetis d’un autre parachutiste pour annoncer subtilement sa présence.

Un « chemin creux » dans le bocage normand.

Sainte-Mère-Église et Utah Beach

Pour ma dernière journée, il me restait à visiter les secteurs américains où furent largués les parachutistes, la plage d’Utah ainsi que le secteur menant à Carentan, la ville où devait s’unifier les têtes de pont d’Utah et d’Omaha.

Je suis donc parti de la Haye-du-Puit en direction de Sainte-Mère-Église. La ville est célèbre puisqu’en raison du chaos lors du larguage des troupes aéroportés américaines, qui devaient atterrir près de Sainte-Marie-du-Mont, bon nombre d’entre eux sont tombés à Sainte-Mère-Église, à des kilomètres de leur objectif. C’est donc un lieu particulièrement important pour les américains, et de nombreux mémorials s’y trouvent, ainsi qu’un musée.

Mais le mémorial le plus curieux – et voyant – de cette ville, c’est probablement le mannequin de parachutiste accroché au clocher de l’église. En effet, durant toute la nuit du 6 juin 1944, John Steele, un parachutiste américain, aurait été suspendu au clocher et incapable d’en descendre alors même que des combats faisaient rage sur la place publique sous ses pieds. Selon la légende, il serait devenu sourd, puisque tous les clochers de Normandie sonnaient cette nuit là pour annoncer le débarquement.

Cette scène célèbre se retrouve d’ailleurs dans le film classique « Le jour le plus long » (1962).

Mémorial américain à Sainte-Mère-Église
L’hommage à John Steele, qui est resté accroché au clocher de Sainte-Mère-Église durant toute la nuit

Après avoir visité Sainte-Mère-Église, j’ai simplement regardé ma carte pour trouver le chemin le plus direct vers la plage d’Utah. Ce chemin me faisait passer par le tout petit village de Saint-Martin-de-Vareville. Encore à ce jour, je peine à trouver endroit aussi paisible… C’était tout à fait charmant, et tellement tranquille que je n’ai croisé personne. Et c’est ce qui me rend d’autant plus amoureux de la Normandie ; on est très loin du tourisme étouffant qui caractérise habituellement l’Europe.

Saint-Martin-de-Varreville, près d’Utah Beach

J’ai ensuite trouvé Utah. D’entrée de jeu, on remarque la topographie plus évasée de cette plage en comparaison avec Omaha. En fait, il est assez facile de comprendre pourquoi Omaha fut si sanglante ; c’est la seule plage qui est aussi accidentée. Les plages britanniques, canadiennes et Utah Beach n’ont pas de collines.

Mais l’avantage d’Utah, c’est que la majorité de ses casemates sont toujours là et forment une suite de bunkers sur des kilomètres. Il y en avait à perte de vue, au point où je n’ai pas pu tout les visiter.

Les casemates d’Utah Beach

Sainte-Marie-du-Mont, Dead-Man’s-Corner et Carentan

En suivant Utah Beach en revenant vers l’est, on abouti logiquement sur Sainte-Marie-du-Mont, qui était, on se le rappelle, l’objectif initial des parachutistes américains. C’est aussi là que les troupes débarquant à Utah établiront leur quartier général. Quand on est présent sur place, on comprend rapidement le caractère stratégique de l’emplacement ; il est à mi-chemin entre la plage et la route vers Carentan, une ville incontournable pour les Américains afin de consolider leur tête de pont.

D’ailleurs, il est à noter que tous ces endroits que je mentionne ne sont pas très loin l’un de l’autre ; par exemple, on voit très bien la plage d’Omaha depuis Utah Beach, et vice-versa. C’est donc particulièrement impressionnant de s’imaginer la densité d’activités militaire qui s’est déroulé dans un aussi petit secteur.

Sainte-Marie-du-Mont, quartier général américain pour la tête de pont d’Utah Beach

À ce stade, mon périple tirait définitivement à sa fin, mais je me devais de visiter la région hautement stratégique entre Utah et Omaha. Et d’ailleurs, pour avoir joué à beaucoup de jeux vidéos sur le sujet, je savais bien que j’approchais d’un secteur qui a été reconstitué dans Brothers in Arms : Road to Hill 30.

Par exemple, entre Sainte-Marie-du-Mont et Carentan, on tombe sur la fourche connue sous le nom de « Dead Man’s Corner », qui se retrouve dans le jeu. Des combats acharnés y on fait rage, et la petite maison aux cadres de fenêtre rayés est devenue célèbre. Un peu plus haut, nous avons aussi le village de Saint-Côme-du-Mont, aussi reconstitué dans le jeu, et d’où un officier allemand aurait pour la première fois observé la flotte alliée en approche le matin du 6 juin 1944.

Le « Dead Man’s Corner », à l’intersection des routes vers Sainte-Mère-Église, Sainte-Marie-du-Mont et Carentan
Église de Saint-Côme-du-Mont, d’où aurait été envoyé la première alerte allemande à la vue de la flotte alliée

Enfin, à partir du « Dead Man’s Corner », ma prochaine et dernière destination semblait tout à fait évidente : Carentan. En fait, à partir de là, on voit carrément la ville à l’horizon.

Il est à noter qu’en raison des combats brutaux qui s’y sont déroulés, la ville de Carentan dû être reconstruite en grande partie, ce qui n’en fait pas une ville particulièrement intéressante. On tombe aussi très vite sur des secteurs industriels peu esthétiques…

Les seuls bâtiments originaux et reconnaissables de cette ville mythique sont les « arcades », mais sinon, il y a peu à faire là. C’est malheureusement le prix qu’a payé cette ville pour avoir été aussi stratégiquement importante.

Les arcades de Carentan.

Une mémoire vivante

Bref, je ne peux le répéter assez : un voyage en Normandie est un incontournable. Il y a tant de choses que je n’ai pas eu le temps d’évoquer ici, tellement d’autre lieux, d’autres surprises. C’est une région fascinante où le Moyen-Âge côtoie la Deuxième guerre, où les stations balnéaires cotoient les bunkers, où les champs verdoyants côtoient les cimetières. C’est un lieu où l’émotion et le devoir de mémoire n’est pas une entrave à la jouissance de la vie, mais plutôt une manière de mieux la souligner.

C’est certainement une région passionnante pour quiconque est fasciné par cette guerre qui a déterminé le sort du monde, mais c’est tellement plus! En visitant la Normandie, on n’a pas l’impression de visiter un musée poussiéreux ; on foule l’histoire des pieds, on partage une mémoire vivante, et on fait revivre ceux qui ont sacrifiés leur vie.

Et cela, je pense que c’est le plus beau cadeau que nous pouvons leur offrir. Rappelons-nous leur sacrifice et honorons leur mémoire en cultivant la vie aussi bien que les Normands savent le faire.

Le trajet complet de mon périple normand
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