Traduit de l’anglais. Article de Tristin Hopper publié le 20 mars 2024 sur le site du National Post.
Un rapport secret de la GRC avertit le gouvernement fédéral que le Canada pourrait sombrer dans l’agitation civile lorsque les citoyens prendront conscience du caractère désespéré de leur situation économique.
« La période de récession qui s’annonce accélérera la baisse du niveau de vie dont les jeunes générations ont déjà été témoins par rapport aux générations précédentes », peut-on lire dans ce rapport intitulé Tendances quinquennales pangouvernementales pour le Canada.
« Par exemple, de nombreux Canadiens de moins de 35 ans ne seront probablement jamais en mesure d’acheter un logement », ajoute le rapport.
Le rapport, qualifié de secret, est conçu comme une « information opérationnelle spéciale » qui ne doit être diffusée qu’au sein de la GRC et parmi les « décideurs » du gouvernement fédéral.
Une version fortement expurgée a été rendue publique à la suite d’une demande d’accès à l’information déposée par Matt Malone, professeur adjoint de droit à l’université Thompson Rivers de Colombie-Britannique et expert en matière de secret gouvernemental.
Se décrivant dans l’introduction comme un « exercice d’analyse », le rapport vise à mettre en évidence les tendances au Canada et à l’étranger « qui pourraient avoir un effet important sur le gouvernement canadien et la GRC ».
D’emblée, les auteurs du rapport préviennent que, quelle que soit la situation actuelle du Canada, celle-ci « se détériorera probablement davantage au cours des cinq prochaines années ».
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Ironiquement, l’une des sections les plus lourdement expurgées du rapport porte le sous-titre « érosion de la confiance ». « Les sept dernières années ont été marquées par une forte polarisation sociale et politique dans le monde occidental », peut-on lire dans une première phrase partielle, le reste de la section ayant été entièrement supprimé par les censeurs du gouvernement.
La plume du censeur a également supprimé la majeure partie d’une section mettant en garde contre le « populisme paranoïaque ». La seule phrase non supprimée de cette section est la suivante : « Des populistes ont profité de la montée de la polarisation politique et des théories du complot pour adapter leurs messages afin de séduire les mouvements extrémistes ».
En ce qui concerne la baisse du niveau de vie et l’inaccessibilité à la propriété, les avertissements de la GRC sont en effet conformes aux statistiques disponibles.
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Une analyse réalisée l’année dernière par Trevor Tombe, économiste à l’université de Calgary, a révélé que si le Canada avait simplement suivi le rythme de croissance de la productivité des États-Unis au cours des cinq dernières années, les revenus par habitant au Canada seraient supérieurs de 5 500 dollars à ce qu’ils sont aujourd’hui.
Entre-temps, l’accessibilité au logement a atteint des niveaux « sans précédent » dans la plupart des grands marchés canadiens, selon une analyse réalisée en décembre par RBC. En moyenne, même les appartements en copropriété sont devenus si inabordables que seuls 44,5 % des ménages canadiens disposent d’un revenu suffisant pour en acheter un aux prix actuels. Quant aux maisons individuelles, seuls les 25 % des ménages canadiens les plus riches ont un espoir d’en acquérir une.
« Les prévisions économiques pour les cinq prochaines années et au-delà sont sombres », peut-on lire dans l’évaluation de la GRC concernant le reste de la décennie, ajoutant même une citation du président français Emmanuel Macron selon laquelle « la fin de l’abondance » est proche.
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