Le 11 juin dernier, à l’occasion du mois de la fierté gaie, la bibliothèque de Dorval a tenu une « heure du conte drag-queen », un évènement où une drag-queen lit des histoires dans des thématiques sur la diversité sexuelle à de très jeunes enfants (3 à 6 ans). L’évènement a soulevé l’ire de nombreux opposants durant les jours menant à celui-ci alors que d’autres ont pris sa défense, qualifiant ces critiques de « mépris », de « préjugés » et « d’intolérance »[1].
Si le premier « Drag-Queen Storytime » serait apparu à Kingston en Ontario, lors du Skeleton Park Arts de 2015, c’est véritablement aux États-Unis qu’il a pris son essor et est devenu un sujet de controverses régulières dans l’actualité. Le lendemain de l’évènement de la bibliothèque de Dorval, d’ailleurs, un évènement semblable en Californie a été interrompu par des membres des Proud Boys, cette organisation déchue souvent qualifiée « d’extrême-droite »[2].
La chose fait donc particulièrement s’opposer les extrêmes, mais crée aussi un certain malaise dans la population générale. Il est plutôt commun de penser qu’il est inapproprié de discuter de sujets reliés à la sexualité à des enfants aussi jeunes et que la chose n’est au bout du compte qu’une activité de propagande pour le profit du mouvement woke LGBTQ.
En outre, on craint qu’enseigner ces concepts difficiles à suivre crée de la confusion dans la tête des enfants, et qu’ils ne développent des problèmes de santé mentale, un mal-être corporel ou carrément une dysphorie de genre. On se rappelle que cette dernière cause souvent une grande détresse et que près de la moitié des personnes transgenres ont déjà tenté de se suicider[3].
Bien qu’on défende parfois l’activité comme une simple lecture de contes enfantins et innocents, les thématiques sont très claires et on parle spécifiquement de la théorie du genre et de l’orientations sexuelle.
D’entrée de jeu, Barbada, l’animatrice de l’évènement à Dorval, a fait une « grande entrée », sapée comme pour un gala, et enseigné aux enfants ce qu’est une drag-queen. Alors que tous les enfants disaient « T’es un gars! », « T’es un monsieur qui se déguise en madame » ou « C’est un gars qui se déguise en fille », elle a dû les corriger : « Ça peut être une fille qui se déguise en fille, c’est ça l’affaire ».
Ensuite, le livre choisi pour la récitation était « Deux garçons et un secret », une romance homosexuelle pour les petits qui insiste sur le concept de mariage et où les deux petits garçons finissent par acter une cérémonie et échanger des anneaux devant leurs amis.
Il est à noter que c’est Sébastien Potvin, un professeur de musique au primaire de la rive sud de Montréal, qui est derrière ce personnage de « Barbada de Barbades », et qu’outre ses activités de drag dans les bars et pour ces heures de contes, il est assez actif sur les plateaux de Radio-Canada, où il anime une émission de musique jeunesse, et où il a déjà fait des capsules expliquant l’acronyme « LGBTQI2A+ ».
[1] Fiocco, A. « Vague de mépris pour contester une heure du conte animé par une drag-queen ». Métro. https://journalmetro.com/local/lachine-dorval/2843680/vague-mepris-contester-heure-conte-animee-drag-queen/?fbclid=IwAR0kd_R9VXrcPVUeoywHWjSFA5PHLTKKXgjQ99dNthYQh-CgPQKrenLSNO4
[2] Bellware, K. « Proud Boysdisrupt Drag Queen reading event, prompting hate-crime probe ». The Washington Post. https://www.washingtonpost.com/nation/2022/06/13/proud-boy-drag-queen/
[3] Stern, M. J. « Pourquoi un tel taux de suicide chez les trans américains? ». Slate. http://www.slate.fr/monde/83161/suicide-trans-americains
[4] Cantin-Nantel, É. « Quebec teacher says he’s done drag queen story hours since 2016 ». True North. https://tnc.news/2022/06/11/quebec-teacher-says-hes-done-drag-queen-story-hours-since-2016/