Karim Benessaieh rapporte dans La Presse qu’une vaste opération policière visant à lutter contre une vague d’extorsion qui touche les restaurateurs de la grande région montréalaise a été déclenchée ce mercredi matin. Plus d’une centaine de policiers ont été mobilisés pour mener des perquisitions dans une douzaine de résidences à Montréal, Laval et Châteauguay. Selon les premières informations, au moins une dizaine de personnes auraient été arrêtées.
Cette opération d’envergure est dirigée par l’Équipe multisectorielle dédiée aux armes à feu (EMAF) et l’unité des Stupéfiants du SPVM, avec le soutien de plusieurs unités spécialisées ainsi que des postes de quartier. En raison du caractère toujours actif de l’opération, peu de détails ont été communiqués dans l’immédiat. Un bilan provisoire est attendu plus tard dans la journée, une fois les interventions principales complétées.
Lien avec des événements violents récents
Karim Benessaieh précise que l’opération actuelle serait liée à une série d’événements violents survenus depuis le début de l’année. Le 12 février dernier, la façade d’un restaurant de la rue Sainte-Catherine, près de la rue De Bleury, avait été criblée de balles. Le 1er février, un véhicule avait été incendié devant une résidence de Dollard-des-Ormeaux, qui avait ensuite été la cible de tirs le 25 mars. Ces incidents s’inscrivent dans un contexte plus large de menaces et d’intimidations à caractère mafieux, souvent accompagnées de tentatives d’extorsion contre des commerçants.
Selon les informations obtenues par La Presse, des stupéfiants ont été saisis durant les perquisitions, et certains des suspects arrêtés auraient des liens avec le crime organisé traditionnel irlandais. Outre la lutte contre l’extorsion, l’intervention viserait aussi à démanteler un réseau de trafic de drogues.
Des restaurateurs sous pression
Le phénomène d’extorsion ne date pas d’hier, mais il connaît une recrudescence depuis le printemps 2025. La Presse, dans un article co-signé avec Daniel Renaud, rappelle que plusieurs établissements — bars, restaurants et commerces — ont été visés par des coups de feu ou des incendies criminels ces dernières semaines. Plusieurs de ces incidents seraient accompagnés de menaces claires exigeant des paiements, une méthode bien connue dans les réseaux d’extorsion.
Le porte-parole du SPVM, Anthony Dorelas, explique que les opérations hors du territoire de Montréal sont fréquentes dans ce type de dossiers : « Il s’agit ici d’événements qui se sont produits dans la région de Montréal, en lien avec les extorsions contre des restaurateurs. On a possiblement des suspects qui habitent dans ces villes parce qu’il y a des éléments de preuve qui sont récupérés. »
Un climat de peur dans le milieu de la restauration
Ce regain de violence fait suite à une accalmie relative observée à l’automne 2024. À l’époque, le SPVM avait attribué cette accalmie à un resserrement des interventions policières après un drame marquant : la mort tragique d’une touriste française et de sa fille de 7 ans dans un incendie criminel à l’intérieur d’un édifice du Vieux-Montréal, visé par un cocktail Molotov. L’attaque avait pour cible un resto-bar du secteur.
Depuis le retour du printemps, l’entreprise A5 Hospitality, qui gère plusieurs établissements à Montréal, a été particulièrement ciblée : trois de ses restaurants ainsi que la résidence d’un de ses administrateurs ont été la cible d’attaques violentes, illustrant bien le climat de tension extrême dans lequel opèrent plusieurs acteurs du secteur.
Une lutte qui s’organise
Si le SPVM donne peu de détails pour l’instant, cette nouvelle opération démontre une volonté affirmée de s’attaquer aux réseaux criminels qui exercent une pression croissante sur les commerçants de la métropole. La stratégie semble être de frapper large, en s’appuyant sur des enquêtes croisées impliquant le crime organisé, les armes à feu et le trafic de stupéfiants.
Comme l’écrit Karim Benessaieh, ce type d’opération concertée pourrait bien devenir la norme dans un contexte où la sécurité des entrepreneurs, en particulier ceux du secteur de la restauration, est sérieusement menacée.