D’après un article de Robert Tuttle et Lauren Rosenthal publié dans le Financial Post le 29 mai 2025.
Les feux de forêt qui ravagent actuellement le nord de l’Alberta inquiètent de plus en plus les autorités et l’industrie pétrolière canadienne. Selon ce que rapportent Robert Tuttle et Lauren Rosenthal dans le Financial Post, la multiplication rapide des incendies menace désormais une production quotidienne d’environ 459 000 barils de pétrole, ce qui pourrait se traduire par une hausse des prix de l’essence, tant au Canada qu’à l’étranger.
En date de jeudi, 29 feux incontrôlés étaient actifs en Alberta, un chiffre en forte hausse par rapport aux quatre recensés en début de semaine. Les conditions météorologiques — chaleur intense, sécheresse et vents forts — alimentent la progression des flammes, qui s’approchent dangereusement des installations majeures d’extraction de sables bitumineux.
Robert Tuttle et Lauren Rosenthal expliquent qu’un incendie en expansion près de la frontière entre l’Alberta et la Saskatchewan représente la plus grande menace. L’installation Christina Lake de MEG Energy Corp., qui a produit 93 000 barils par jour en avril, se trouve à seulement quatre kilomètres du brasier. MEG a évacué ses travailleurs non essentiels, mais affirme ne pas avoir encore réduit sa production.
Toujours selon les données compilées par l’Alberta Energy Regulator et le service provincial des incendies de forêt, une partie du site Jackfish de Canadian Natural Resources Ltd. (CNRL), situé près de Cold Lake, est maintenant à seulement trois kilomètres d’un feu croissant. Ce site a produit près de 38 000 barils par jour le mois dernier. D’autres installations de Jackfish, représentant une production combinée de 83 000 barils par jour, sont dans un rayon de 10 kilomètres du feu. CNRL n’a pas répondu aux demandes de commentaires.
Le Canada, quatrième producteur mondial de pétrole brut, est régulièrement confronté à des interruptions de sa production causées par des feux de forêt. En 2016, les gigantesques incendies ayant touché la région de Fort McMurray avaient entraîné l’arrêt temporaire de plus d’un million de barils par jour.
Cette nouvelle crise en Alberta exerce déjà une pression haussière sur les prix du pétrole canadien. Robert Tuttle et Lauren Rosenthal précisent que le brut lourd canadien destiné au mois de juillet s’échangeait avec un écart de seulement 8,70 $ US par rapport au baril de West Texas Intermediate (WTI), contre un écart de 9,30 $ US la semaine précédente. Cette réduction du différentiel est un signe clair que les marchés anticipent une baisse potentielle de l’offre.
Natural Resources Canada juge que le risque d’incendie demeure « extrême » dans la majeure partie de la province. Un léger répit pourrait survenir en fin de semaine, avec des températures plus fraîches et une possibilité de pluie dimanche. Mais les conditions demeurent critiques pour l’instant.
Pendant ce temps, d’autres régions de l’Ouest canadien sont également touchées. Paul Pastelok, météorologue principal pour AccuWeather Inc., avertit que les équipes de lutte contre les incendies en Saskatchewan et au Manitoba doivent composer avec des conditions « très, très mauvaises », notamment en raison de vents forts et secs qui compliquent les efforts de maîtrise et risquent de propager de nouveaux foyers.
La fumée des feux devrait atteindre le Midwest américain vendredi, réduisant la qualité de l’air et la visibilité dans des villes comme Chicago et Minneapolis. Paul Pastelok souligne qu’« on peut sentir cette fumée descendre jusqu’au sol », mais elle devrait être moins dense que lors des pires épisodes des dernières années.
Si la situation empire ou se prolonge, la capacité de production de l’Alberta pourrait être sérieusement compromise, ce qui accentuerait encore plus la pression sur les marchés mondiaux et sur le prix à la pompe pour les consommateurs.