Ce n’est pas d’hier que les musées offrent des œuvres ou des prestations curieuses visant à faire réfléchir et déconstruire les stéréotypes. Les musées d’art moderne, particulièrement, deviennent souvent la risée du public pour des œuvres absurdes comme une banane scotché au mur ou des arts de performances choquants tels qu’une artiste nue « peignant » une toile en pondant des œufs colorés en public. Il n’est donc pas surprenant d’y retrouver les dernières tendances post-modernistes affectionnées par les étudiants en art. Cela dit, ce penchant artistique du wokisme se révèle de plus en plus militant, et on tente désormais de politiser les musées canadiens.
Quand Trudeau joue dans les politiques muséales
Dans un article pour le Journal de Montréal, Sophie Durocher attire le regard du public vers un « guide de discussion » en ligne pour le « renouvellement de la politique muséale du Canada » qui concerne les musées financés par les fonds publics. Il s’agit d’une consultation qui se poursuivra jusqu’en juin afin de mettre à jour la politique muséale qui date de 1990.
Dans ce document, on affirme que le Canada a changé et que les musées doivent s’adapter pour mieux refléter la réconciliation avec les peuples autochtones et mieux traiter les questions d’équité, de diversité et d’inclusion. On ne pourra pas dire que c’est la première fois qu’on entend ça…
Mais le document va plus loin et critique les musées canadiens en les caractérisant « d’institutions coloniales » qui auraient tenté d’effacer les groupes marginalisés de la culture et du patrimoine canadien. Par le choix des œuvres et des expositions, les musées s’inscriraient dans « l’héritage colonial du Canada ».
On affirme en outre que le personnel des musées ne serait pas assez diversifié ; seulement 4% de la main d’œuvre dans le secteur du patrimoine proviendrait de communautés « racisées » alors qu’elles formeraient 22% de la population canadienne.
Bref, ce renouvellement de la politique muséale vise à subordonner les décisions des musées à ces impératifs woke. On cherchera alors à orienter les expositions pour augmenter la visibilité des minorités et « déconstruire » l’héritage colonial canadien.
Le document va d’ailleurs plus loin en affirmant que les musées peuvent être utiles pour « sensibiliser le public à des questions comme les changements climatiques, l’équité, la diversité et l’inclusion, et à favoriser les débats sur ces enjeux ». En bref, on tente d’instrumentaliser ces lieux pour les causes du moment en oubliant complètement leur rôle initial qui était simplement de diffuser et promouvoir les arts et la culture.
Normaliser la nudité devant les enfants
S’il y a renouvellement de la politique muséale au Canada, il faut souligner que les expositions wokes, elles, ne se sont pas fait attendre. Le Musée de la civilisation, notamment, présente l’exposition « Unique en son genre » depuis quelques jours et une performance publique incluant de la nudité devant des enfants n’a pas manqué de créer la controverse.
Dans cette performance artistique, un homme dans un petit short moulant et des bottes de drag queens est progressivement enrobé de saran wrap par deux individus. Pendant le processus, il se lance dans des récitations pseudo-poétiques, affirmant qu’il est un « héritier conscient de la société du spectacle » et demandant au public s’il aimerait être dans sa peau, ce à quoi le public répond à la négative. Il continue ce charabia malaisant, déclinant sa peau en différentes allégories et insistant sur le caractère « privilégié » de la peau blanche.
Alors que les deux individus l’ayant enrobé entreprennent de couper cette couche de plastique à coups de ciseaux pour le dénuder à nouveau, il lance cette formule curieuse : « parce qu’une femme noire trans a précédé ma route, je peux m’émanciper ce soir au musée ». Une fois débarrassé de cet enrobage, les deux individus commencent alors à couper son petit short moulant, le laissant complètement nu devant un public hétéroclite où se retrouvent quelques enfants.
Ironiquement, sur une vidéo de l’évènement captée par Rebel News, on peut voir une de ces enfants visiblement malaisée et tentant de se cacher les yeux pour ne pas voir cet homme nu.
En conclusion, l’homme enfile finalement une robe moulante dorée, marquant symboliquement sa transition de genre.
Questionnée sur la question par Alexa Lavoie, la populaire et controversée drag queen Barbada de Barbade, qui était présente à l’évènement, rappelle qu’un avertissement était affiché à l’entrée et qu’il relève des parents d’accepter ou non de s’y présenter avec leurs enfants. Mais elle va aussi plus loin et élabore un peu sur la normalisation de la nudité devant des enfants :
« En même temps, la nudité ne devrait pas être taboue non plus. Je veux dire, un corps, c’est un corps. Si c’est présenté correct, si les enfants sont amenés à dire « ça c’est le corps », dans le cadre d’une performance artistique ; c’est dans un cadre, c’est pas dans la rue. C’est pour des gens avertis. Il n’y a pas de vulgarité, il n’était pas en train de se masturber devant les enfants, il n’était… Ben, je sais pas. »
Curieusement, face à ce doute de Barbada, la journaliste doit lui confirmer qu’il n’était effectivement pas en train de se masturber…
S’ensuit alors une discussion sur les détransitions, et Barbada de Barbade ose comparer la chose aux nombreuses personnes tatouées qui voudront être détatouées dans les prochaines années ou aux hommes ayant reçu une vasectomie qui veulent se faire dé-vasectomiser. Ce à quoi Alexa Lavoie lui répond que lorsqu’on se fait couper les seins, c’est un peu différent.
Dans un musée près de chez vous
Bref, bien que les performances artistiques étranges, voire choquantes, ne soient pas une nouveauté dans les musées, on observe désormais un alignement idéologique plus évident. Si ce genre de démonstrations étaient autrefois limitées aux musées d’art moderne, les nouvelles politiques muséales qu’on tente de mettre en place au Canada visent à normaliser ce genre d’exposition.
Alors qu’autrefois les musées étaient vus comme des sanctuaires de l’art et de la culture, des endroits neutres pour exposer la beauté et la création, on observe désormais un glissement pour faire de ces institutions des lieux de propagations idéologiques en fonction des dogmes du moment. On ne cherche plus simplement à promouvoir le patrimoine, on cherche à l’influencer et le modifier par des exercices de « sensibilisation ». On tente de moraliser le public dans un exercice purement politique. Ce n’est, au bout du compte, qu’une énième manifestation du haut niveau de contagion du wokisme dans nos institutions publiques.