L’opposition questionne le gouvernement, mais ne le défie pas de trouver d’autres stratégies pour venir en aide à ceux qui sont affectés psychologiquement par la pandémie.
Je suis de ceux qui croient qu’au sein d’une collectivité, certaines précautions sont nécessaires, particulièrement auprès des plus vulnérables. Dans la crise présente, le gouvernement met essentiellement son énergie à contrer la contamination physique et se préoccupe très peu des répercussions psychologiques liées à la Covid-19. Le découragement et l’anxiété dus aux pertes d’emploi, à l’instabilité économique et aux faillites occupent peu d’espace dans le discours du gouvernement. Quand le ministère de la Santé et des Services sociaux demande à l’Ordre des psychologues, des psychoéducateurs, des travailleurs sociaux, des ergothérapeutes, des orthophonistes et des sexologues d’autoriser ses membres à procéder à des activités de vaccination, on voit où les ressources sont dirigées. Le gouvernement veut se servir d’eux pour venir en aide aux professionnels de la santé physique. Quand je lis ça, j’aurais le goût de reprendre l’adage de Jean-Guy Moreau : « Notre système de santé est malade. »
Une récupération de la chaise vide
Face à ce constat si déprimant, pourquoi l’opposition ne deviendrait-elle pas la voix de ceux qui sont laissés pour compte ? A-t-elle peur d’être accusée de faire de la récupération politique ? Pourtant, si l’opposition se faisait la défenderesse des personnes qui souffrent des effets collatéraux de la pandémie, on aurait une gestion différente de la situation. En fait, la population serait reconnaissante de la contribution de l’opposition.
Si les manifestants qui contestent les directives de l’État se multiplient, c’est parce que l’opposition officielle ne fait pas son travail. En se collant ainsi sur l’approche du gouvernement, elle cède son rôle aux manifestants. C’est normal, la nature a horreur du vide.
Incarner un autre axe
Puisqu’elle a peur du vide, la population a besoin d’une figure, d’un groupe, d’un mouvement à qui s’identifier. La pandémie suscite l’adaptation, l’ajustement des citoyens au nouveau contexte social qu’elle entraîne avec elle. Plus l’opposition se ferait le porte-parole de ceux qui sont atteints psychologiquement par les effets indirects de la pandémie, plus le gouvernement serait tenu d’ajuster son tir et de tenir compte des plus vulnérables. Résultat : les mesures seraient davantage ciblées vers les personnes physiquement plus à risque, comme les personnes âgées, les personnes aux prises avec des maladies pulmonaires, les diabétiques ainsi que les personnes affectées psychologiquement.
Alors, les dispositions économiques prendraient une tournure différente. On serait davantage obligé de parler sur l’importance de fortifier le système immunitaire des citoyens, de tenir compte de certaines alternatives médicales, du moins de les mettre à l’épreuve.
Faute d’une opposition qui se serait rangée du côté de ceux qui subissent les contre-coups psychologiques de la pandémie, les médias traditionnels n’ont qu’un point de vue à publier, ce qui réduit du fait même la possibilité de débattre des autres enjeux qui sont directement touchés par la pandémie. Déjà que ces médias ont une propension favorable au concept de la pensée unique, ce n’est pas le temps de les confiner ad vitam eternam dans le rôle de propagateurs de cette philosophie.
La voie est libre
Évidemment, cette pandémie a pris notre société par surprise et nous a obligés tous à prendre des mesures drastiques pour minimiser l’impact négatif de ce virus méconnu. Malheureusement, les cas de violence conjugale, de détresse psychologique, d’anxiété, et même de suicide, causés par cette pandémie ne font pas partie des priorités du gouvernement. On ne voit pas dans les statistiques les chiffres liés à la détresse, à la dépression. Je comprends qu’on ne veut pas créer une déprime collective. Cependant, l’opposition pourrait en faire leur cheval de bataille, ce qui contribuerait à entamer, peut-être, des démarches gouvernementales dans ce sens.
Si l’opposition préfère se coller sur le flanc du gouvernement, c’est une chose, mais que font, de leur côté, le Parti vert et le Parti conservateur du Québec ? Ils devraient se lever pour militer en faveur de la mise en place d’un environnement sain et propice au soutien de ceux qui sont fragilisés. Ce n’est pas le temps de faire du capital politique, c’est le temps de défendre ceux qui sont les plus à risque physiquement ou psychologiquement durant cette pandémie.
En vérité, ne soyons pas surpris par l’absence de débats d’idées et d’options à l’Assemblée nationale comme dans les médias traditionnels, nous vivons dans un Québec où règne la pensée unique. Toutefois, la voie est encore libre pour l’opposition qui pourrait défendre les oubliés de la pandémie. Va-t-elle répondre à l’appel ou céder sa place ? Là est la question !