L’année 2023 fut marquée par des allégations d’ingérences chinoises dans la politique canadienne, emportant le gouvernement libéral dans la tourmente, mais c’est en 2024 que se déroulera la tant réclamée commission d’enquête publique indépendante. Il faudra donc demeurer à l’affut des développements dans ce dossier radioactif que beaucoup de gens voudraient voir disparaître.
Scandale après scandale
Qu’on se rappelle ; au début de 2023, le Globe and Mail publiait un article choc au sujet d’une fuite d’informations du SCRS faisant état d’ingérences chinoises inquiétantes dans les dernières élections fédérales. Ces révélations furent suivies par de nombreuses autres dans les mois suivants, témoignant de l’étendue déconcertante de cette prédation chinoise sur notre territoire et des liens extrêmement louches qui semblent les lier aux libéraux de Justin Trudeau.
Ainsi, pendant la première moitié de 2023, nous avons appris que la Chine faisait opérer librement des agents sur notre territoire et qu’ils étaient allés jusqu’à se faire embaucher dans des équipes de campagnes, alignant leurs positions politiques dans les intérêts de la Chine et cherchant à nuire aux candidats conservateurs. Ils auraient en outre mis en place des réseaux de financement clandestins et carrément implantés des « stations de police » – sous prétexte d’en faire des « centres de services » pour gérer des problèmes de passeport pour leurs ressortissants au Canada.
De ces stations, les agents de la Chine communiste ont pu lancer des campagnes de subversion idéologique allant jusqu’à l’intimidation pure et simple de citoyens canadiens, tel que Micheal Chong, dont l’affaire avait fait grand bruit.
Ces révélations en elles-mêmes suffiraient à sonner l’alarme, mais dans la foulée de ce scandale, on n’a pu s’empêcher de remarquer comment bon nombre de ces ingérences semblaient profiter aux libéraux. Rapidement, le scandale s’est étendu à des donations extrêmement suspectes à la Fondation Trudeau, s’élevant à 140 000$, et à l’Université chérie de Trudeau père, à hauteur de 550 000$.
Quelques semaines plus tard, l’entièreté du conseil d’administration de la Fondation Trudeau démissionnait, relevant au passage les irrégularités accâblantes autour de l’encaissement de ce don.
Plus tard, le Bloc Québécois déterrait une histoire embarrassante au sujet d’un don chinois de 70 000$ à la circonscription de Trudeau (Papineau) en 2016, quelques jours avant l’approbation d’une banque à charte chinoise en sol canadien.
Gagner du temps
Tout au long de ce scandale qui n’en finissait plus de donner et transformait le début de 2023 en cauchemar pour le gouvernement minoritaire de Trudeau, l’opposition conservatrice, bloquiste et, ultérieurement, néo-démocrate, n’a cessé de réclamer une enquête publique indépendante. Mais tout ce temps, Justin Trudeau s’est défilé, trouvant toujours de nouveaux stratagèmes pour reporter l’heure du jugement.
Dans sa volonté de gagner du temps, Trudeau a d’abord affirmé ne pas avoir été mis au courant de ces rapports du SCRS. Ensuite, il a affirmé qu’il était au courant, mais qu’on lui avait assuré que ces ingérences n’avaient pas affecté les résultats des élections. Après cela, il s’en est carrément pris au SCRS, les accusant d’avoir fait fuiter des informations sensibles. Plus tard, son parti s’est mis à accuser les conservateurs d’utiliser des « tactiques à la Trump » en instrumentalisant ces révélations pour remettre en question le résultat des élections précédentes…
Ces enfantillages ont duré des mois. Jamais Trudeau n’a assumé quelconque responsabilité, sauf peut-être une fois, en situation de faiblesse, alors qu’il se faisait littéralement gronder par Xi Jinping devant des caméras du monde entier!
Et finalement, coup de théâtre, au lieu de promettre la mise en place d’une commission d’enquête publique et indépendante, Trudeau créait de toute pièce un poste de « Rapporteur spécial » en mars ainsi que la tenue d’une enquête interne. Pour assumer ce rôle, il nomma David Johnston… Un canadien respecté par tous les partis, ancien gouverneur général, qui avait néanmoins le défaut d’être un ami personnel des Trudeau et un membre de la Fondation Trudeau, directement touché par ces soupçons d’ingérences! Une vraie farce qui, encore une fois, fis gagner quelques mois au gouvernement assiégé.
Tout ça pour finalement voir Johnston démissionner de ce poste délicat et Trudeau concéder à la mise en place d’une enquête publique indépendante. En d’autres mots ; un an de tergiversations politiciennes suspectes et de stagnation du dossier, à l’issue de quoi, en 2024, nous commençons l’année en ayant pratiquement oublié ce scandale qui menace directement notre démocratie.
Le plan de Trudeau pour gagner du temps semble avoir fonctionné à merveille, le dépôt du premier rapport étant une fois de plus reportée de mars à mai 2024 dans une indifférence générale.
Les gants blancs du Devoir
Quelle ne fut donc pas ma surprise de lire cet éditorial de Marie Vastel, pour le Devoir, qui argue qu’on doit « laisser le temps à l’enquête sur l’ingérence étrangère » et accuse les conservateurs d’en faire un exercice partisan. Voir le Devoir mettre des gants blancs pour excuser les délais de cette commission d’enquête et, du même souffle, tirer à boulets rouges sur les conservateurs de Poilievre a quelque chose de grotesque.
Évidemment que tout le monde souhaite que l’enquête se déroule de manière impartiale et dispose du temps nécessaire pour faire la lumière sur cet enjeu primordial, mais considérant que ces allégations d’ingérences s’étendent sur plus de 8 ans et que nous avons connu 3 élections fédérales depuis, il semble raisonnable et justifié que les partis d’opposition mettent plus de pression pour s’assurer que le parti au pouvoir ne se défile pas une fois de plus.
Marie Vastel elle-même concède que l’épisode du rapporteur spécial était « court et stérile »… Eh bien, elle devra remettre à César ce qui lui appartient, car c’est grâce au travail acharné des conservateurs que cet épisode prévisiblement stérile fut écourté. Si ce n’était d’eux, ce scandale aurait été prestement balayé sous le tapis avant même qu’on ne pense à mentionner la nécessité d’une enquête publique.
Et plus cette enquête s’allonge, plus il y a de chance que le public s’en désintéresse et oublie l’enjeu lors des prochaines élections.
Il est normal de vouloir sortir la partisanerie d’un exercice juridique, or lorsque l’enjeu concerne directement la politique et la possible implication de nos trois derniers gouvernements Trudeau, il est aussi tout à fait normal pour l’opposition de faire monter la pression pour exiger des réponses. Particulièrement quand le gouvernement en question semble tout faire gagner du temps et reporter l’issue du scandale.
Au contraire, on voit bien que cette critique de l’opposition conservatrice par les médias tient moins d’un désir de faire prévaloir une justice éclairée, et plus d’une partisanerie de bas étage qui veut à tout prix dépeindre Poilievre comme inéligible, et ce, aux dépens de la sécurité nationale.
Qui plus est, il est tout de même ironique de voir nos bons médias si pressés de voir les tribunaux américains en finir avec Trump au sud de la frontière avant les élections présidentielles, alors qu’ils sont si prudents et circonspects à l’idée de faire la lumière le plus vite possible sur des ingérences à grande échelle dans la politique canadienne de la part d’un régime totalitaire qui aurait potentiellement affecté au moins 3 différentes élections fédérales…