Dans un reportage signé par Andrew Johnson et publié par CTV News le 4 octobre 2025, le journaliste s’entretient avec Tom O’Sullivan, un homme marqué à jamais par une agression sexuelle survenue il y a plus de quarante ans, alors que son agresseur, un pédophile récidiviste, venait tout juste d’être libéré sous condition.
O’Sullivan, qui vit aujourd’hui à Maple Ridge, en Colombie-Britannique, affirme n’avoir « aucune confiance dans le gouvernement » après avoir vu, année après année, des criminels dangereux être relâchés pour ensuite récidiver. Il avait dix ans en mai 1982 lorsqu’il fut enlevé et violé, avec un ami, à Mississauga, en Ontario, par Gary Alexander McCorkell, un meurtrier d’enfant qui se faisait passer pour un policier.
« Tout ce dont je me souviens, c’est de son attaque brutale », confie O’Sullivan à Andrew Johnson. « Je me souviens avoir été étranglé, puis de m’être réveillé dans mon quartier avant de courir jusque chez moi. »
Les séquelles de cette agression ont empoisonné toute sa vie. À douze ans, il tente de se suicider pour la première fois. Plus tard, il développe la maladie de Basedow, une affection auto-immune qu’il attribue au stress extrême qu’il a subi. « Quand mes fils ont eu huit ans, j’ai développé un stress post-traumatique sévère. Je suis passé de 180 à 90 livres en seize mois », raconte-t-il. Après une chute qui lui fracture la hanche, il se retrouve même en fauteuil roulant avant de regagner partiellement sa mobilité.
Aujourd’hui quinquagénaire, il vit d’une rente d’indemnisation qui, selon lui, n’a jamais suivi le coût de la vie. S’il dénonce l’inaction du gouvernement, c’est avant tout parce qu’il continue de voir d’autres victimes subir le même sort. « Le gouvernement doit agir et garder ces gens enfermés pour de bon, dit-il. Il n’y a pas de remède pour les pédophiles. On s’occupe mieux des criminels que des victimes. »
Chris Lewis, analyste en sécurité publique pour CTV News, partage ce constat amer : « La balance de la justice a penché du côté des délinquants et s’est éloignée des victimes. Dans certains cas, on relâche des individus même lorsque la commission des libérations conditionnelles sait qu’ils risquent de récidiver. »
Sous la pression croissante des premiers ministres provinciaux, des corps policiers et du chef conservateur Pierre Poilievre, le gouvernement libéral de Mark Carney prévoit présenter le mois prochain un projet de loi visant à renforcer le système de mise en liberté sous caution. Le premier ministre a récemment promis de réviser le Code criminel afin d’éviter que « des personnes accusées de crimes violents puissent commettre un délit un jour et se retrouver libres sous caution dès le lendemain ».
Cette affaire, rapportée avec sensibilité par Andrew Johnson avec des contributions de Kristen Yu, relance un débat national sur la protection du public, la responsabilité des tribunaux et la valeur qu’accorde le Canada à la voix des survivants d’agressions.
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