Il y a peu, même si la France n’était plus une grande puissance militaire et commerciale, elle savait néanmoins attirer et produire ce qu’il avait de meilleur en gastronomie, en littérature, en cinéma, en musique et les touristes du monde entier rêvaient de voir la Ville lumière. Aujourd’hui, c’est comme si cet héritage unique dans l’histoire de l’humanité avait été liquidé sur l’autel du grand capital et d’une culture mondiale anglicisée. Voyons quelques cas désolants de ce déclin culturel qui sont en train de venir jusqu’à chez nous au Québec.
Qu’est-ce qu’un « French tacos »? C’est en gros un burrito rempli de viande, de sauce blanche, de frites et de fromage industriel. Déjà, nous réunissons le pire du Tex mex, et du globish, car « French tacos » est souvent utilisé par les restaurants qui offrent ce menu gras et pauvre en nutriments. Ainsi, nous passons de la mode des petits cafés embourgeoisés, de la boulangerie offrant du pain français croustillant ou des jolis macarons colorés à un type de fast food particulièrement apprécié des banlieues françaises. Banlieues dont il faut rappeler à nos lecteurs québécois n’ont rien à voir avec des bungalows. Mais plutôt des blocs entiers de HLM en gyproc gangrenés par la criminalité et le trafic de drogues. Et particulièrement associé à un islam de plus en plus militant.
Et l’arrivée d’une chaîne de 50 restaurants de « French tacos » est une preuve supplémentaire de ce déclin de la culture française et l’exportation de sa sous-culture des banlieues au Québec. On a appris par le biais des médias que plus de 50 franchisés ouvriront leurs portes au Québec et au Canada. Et ce dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre où il est déjà difficile de faire fonctionner normalement les nombreux Tim Hortons, Mcdonald’s, Burger King et PFK qui polluent nos artères depuis longtemps.
C’est un peu cette sous-culture de type « racaille » que la France exporte en 2023. Par la musique notamment. Dans un reportage se déroulant à Phuket, une station balnéaire thaïlandaise, on voyait de nombreux jeunes touristes français engorger la circulation avec des scooters dans le but de tourner un vidéoclip de rap. Au grand désarroi des locaux qui doivent déjà affronter des incivilités de la part de touristes étrangers intoxiqués. Des groupes entiers de jeunes Français sur Facebook s’échangent des « tuyaux » pour arnaquer le système des pays dans lesquels ils se trouvent. Ils se nomment entre eux les « branleurs ». Mais qu’est-ce qu’il s’est passé pour que ce peuple jadis cultivé pourrisse la vie urbaine dans plusieurs pays? Et exporte une culture criminogène associée au rap?
Déjà, la situation économique de la France s’est particulièrement dégradée ces dernières années. Il faut se battre pour espérer obtenir un CDI (contrat à durée indéterminée), soit la garantie que son emploi ne se terminera pas après quelques mois (ce qui est un contrat à durée déterminée). Les universités françaises produisent une quantité délirante de diplômés en sciences sociales. Et comme le disaient certaines personnes lors du printemps érable, « plus tu imprimes des diplômes, moins ils ont de la valeur ». Ce qui se répercute aujourd’hui sur le marché de l’emploi de nombreux pays, dont la France (et dans une moindre mesure le Québec).
Donc, ce qui arrive, c’est que les diplômés ou les étudiants devront trouver un emploi dans lequel ils sont surqualifiés (ou ayant des « compétences » inutilisables sur le marché), ou bien aller voir ailleurs. C’est pour cette raison que le Québec, le Canada, mais aussi le Royaume-Uni et l’Australie attirent chaque année quantité de français. Ils bénéficient d’un excellent passeport selon les classements internationaux, et plusieurs pays ont conclu des partenariats avec la France comme le visa vacances-travail (ou PVT). Ce visa spécial permet à la personne de travailler pendant une durée déterminée dans le pays d’accueil, et d’ainsi financer son voyage.
Par contre, il y a clairement inégalité entre les Français et les Québécois. Bien peu de Québécois font la demande pour travailler en France, ou encore étudier là-bas. Plusieurs pistes sont à envisager. Les Québécois ont peut-être de meilleures universités que celles existant en France, et le marché de l’emploi en France est encore plus contraignant que celui du Québec. Les Québécois se prêtent peut-être moins à la mobilité que les Français, ou celle-ci demeure essentiellement un phénomène nord-américain.
Si plusieurs Français ont une réelle volonté de s’intégrer et de connaître la culture locale, ce n’est malheureusement pas le cas de tout le monde. Certains se souviendront du légendaire passage de Nomos-TV avec Alexandre Cormier-Denis qui se moquait des expatriés français à Montréal. S’il grossissait les traits, évidemment, il demeure que les caricatures sont souvent basées sur des faits réels. De nombreux Français se font remarquer pour de mauvaises raisons sur YouTube avec leurs clichés sur le Québec, et une déconnexion assumée avec le peuple québécois, à force d’anglicisation et de colonisation mentale par le Canada de Justin Trudeau et les États-Unis.
À une certaine époque, les Français étaient généralement sympathiques au projet d’indépendance du Québec, mais aujourd’hui, ce n’est plus nécessairement le cas. De nombreux Français sur des forums spécialisés se plaignent des Québécois qu’ils trouvent trop arriérés, paysans, racistes. En gros, ils font de la projection sur les Québécois de ce qu’ils rejettent de leur pays. Macron et Mélenchon sont ainsi arrivés les premiers lors des scrutins des Français au Québec.
Chez les jeunes générations de québécois, il se dessine deux influences culturelles étrangères. Celles de l’empire culturel américain, avec ses Netflix, son idéologie diversitaire « woke », la théorie du genre, l’anglais et le consumérisme le plus assumé. On voit ces jeunes gens souvent issus de classes supérieures fréquenter des cafés montréalais, étudier en anglais à Dawson, Concordia ou McGill, et exprimer un complexe devant une langue française qu’ils maîtrisent de moins en moins.
Mais il y a aussi la sous-culture du ghetto français. C’est le rap français qui est mis de l’avant, avec la culture de la drogue, des armes, de la violence gratuite. Celle-ci demeure « diversitaire » par essence, mais elle n’atteint pas les mêmes classes sociales. On parle souvent d’une jeunesse prolétaire paupérisée par la disparition de l’État-providence, mais aussi l’arrivée de jeunes issus de l’ancien empire colonial français en Afrique ou dans les Caraïbes.
Plus globalement, ce qu’on peut voir de ce « soft power » très particulier, c’est le déclin d’une grande nation qui sut offrir à l’humanité de grands auteurs, chanteurs, poètes, peintres et cinéastes. De nos jours, le prix Goncourt ainsi que le Nobel de littérature sont devenus des blagues affligeantes. C’est ainsi que la dernière récipiendaire du prix Nobel, Annie Ernaux, s’est vue remettre cette récompense pour ses positions politiques indigénistes, féministes et mélenchonistes, beaucoup moins pour un talent littéraire d’ailleurs discutable. Même chose pour le cinéma français. De même que pour la musique.
La France meurt sous nos yeux, et ce qu’elle exporte, c’est une sous-culture produite du délitement d’une société jadis puissante et prospère, mais qui aujourd’hui n’a plus aucune autorité ni direction pour sa jeunesse. Jeunesse paupérisée qui s’enfonce dans la criminalité, le rap, l’américanisation à outrance. Et qui amène avec elle un Québec déjà précaire au plan culturel un peu plus profond dans sa chute.
Dans un prochain article, nous verrons comment les artistes français en 2023 contribuent malgré eux (ou en toute connaissance de cause) à la chute brutale d’une culture qui faisait jadis l’envie du monde entier, des États-Unis à la Chine. En passant par ses colonies.