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Le système d’accès à l’information dysfonctionnel alimente la méfiance des Canadiens

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Traduction d’un billet d’opinion de Sabrina Maddeaux publié le 27 novembre 2022 dans le National Post.

Le Canada a un problème de confiance, et nous ne pouvons pas nous permettre de l’ignorer. Alors que, pour certains, la « confiance » ne signifie guère plus que de vagues ondes de bien-être, elle est en fait le fondement de toute société qui fonctionne.

Lorsque la confiance commence à s’éroder, il est très difficile d’arrêter la propagation. La méfiance peut commencer par une institution ou un parti politique, mais elle s’étend presque inévitablement à d’autres. Elle finit par sortir du domaine politique, touchant les voisins et les communautés. Des sondages récents montrent que seulement un tiers des Canadiens croient qu’on peut faire confiance à la plupart des gens.

La méfiance a également des ramifications économiques. La confiance est liée au niveau d’entreprenariat – un problème auquel le Canada est également confronté. Au cours du deuxième trimestre de 2022, les ouvertures de nouvelles entreprises ont chuté de 50 % par rapport à l’année précédente. Bien sûr, d’autres facteurs économiques, comme la hausse des taux d’intérêt, ont une incidence sur les nouvelles ouvertures, mais l’esprit d’entreprise est fondamentalement un acte de confiance. Les investisseurs et les bénéficiaires d’investissements doivent se faire confiance. Les partenaires commerciaux doivent se faire confiance. Les clients doivent faire confiance au nouveau joueur en ville.

Une faible confiance sociétale est également liée à des taux plus élevés de criminalité et de corruption, cette dernière étant un problème de justice, d’économie et de sécurité nationale. S’il est assez évident qu’une corruption généralisée réduirait le niveau de confiance d’un pays, l’inverse est également vrai : une faible confiance encourage la corruption.

Les personnes qui ne font pas confiance aux autres pour faire ce qui est juste ou respecter les règles ont plus de mal à comprendre pourquoi elles devraient le faire à leur propre détriment. Cela devient un cercle vicieux de confiance et de corruption – un cercle que le Canada semble traverser de plus en plus rapidement.

Alors, comment rétablir la confiance ? Il est tentant de recourir au cliché « il n’y a pas de réponse facile », mais dans le cas du Canada, il y a en fait un point de départ flagrant et facile à corriger.

Nous devons commencer par réparer notre système d’accès à l’information qui, dans son état actuel, permet rarement un véritable accès ou une véritable information. Le Centre pour le droit et la démocratie publie un classement annuel des lois sur le droit à l’information des pays. Le Canada se situe actuellement au 51e rang, derrière l’Inde, le Brésil, l’Afghanistan et, du moins avant son invasion de l’Ukraine, même la Russie.

Les délais d’attente des réponses du gouvernement peuvent dépasser 1 000 jours et une étude du Toronto Star a révélé que plus de la moitié des informations que le gouvernement publie sont censurées. Dans près de 20 % des cas, le gouvernement fédéral déclare ne pas pouvoir trouver les documents demandés.

En vertu de la loi sur l’accès à l’information, les organismes fédéraux sont censés répondre aux demandes dans un délai de 30 jours. Si elles ont besoin de plus de temps, elles doivent donner une raison valable.

Cette semaine, le Comité de l’information, de l’éthique et de la protection de la vie privée de la Chambre des communes, qui s’efforce depuis longtemps d’examiner notre système très défaillant, a entendu le témoignage de Mike Larsen, président de la B.C. Freedom of Information and Privacy Association. Il a qualifié le système d’accès à l’information du Canada de » dysfonctionnel » parce qu’ » aucun gouvernement n’a pris la responsabilité de le mettre à jour de manière significative pour résoudre ces problèmes « .

« Au Canada, nous nous retrouvons avec une inertie obstinée et, par conséquent, un système dysfonctionnel », a-t-il déclaré.

Il a raison. C’est un problème depuis longtemps, quel que soit le parti au pouvoir, et même si le premier ministre Justin Trudeau dit qu’il va améliorer la situation depuis 2015, elle continue de s’aggraver de façon marquée. Le commissaire à l’information du Canada, qui fait office de chien de garde pour les plaintes relatives aux demandes de documents en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, est débordé depuis des années malgré le traitement d’un nombre toujours plus grand de plaintes.

En conséquence, les citoyens ordinaires, les groupes de défense et les médias ne peuvent pas tenir les politiciens et les organismes gouvernementaux responsables des questions importantes. Ce problème de longue date a donné naissance à une culture du secret. Ceux qui sont censés être responsables et transparents vis-à-vis du public ont réalisé qu’ils n’avaient pas à l’être et qu’ils pouvaient souvent s’en tirer à bon compte.

Le public perd également confiance dans les médias parce qu’il a le sentiment que les sujets importants ne sont pas traités et que les personnes et organisations puissantes ne sont pas pleinement tenues de rendre des comptes – et il a raison. Un système d’accès à l’information défaillant rend infiniment plus difficile, et dans certains cas impossible, la tâche des journalistes pour découvrir, rechercher et rapporter des histoires.

La commission de l’information, de l’éthique et de la protection de la vie privée de la Chambre des communes ne peut pas permettre que ce dossier devienne un énième examen gouvernemental qui s’étend indéfiniment et ne mène finalement à rien. Il ne s’agit pas d’une question mystérieuse et excessivement complexe. Des organisations comme l’Association canadienne des journalistes présentent des solutions claires depuis des années.

Il est rare qu’un problème aussi important puisse être résolu, ou du moins amélioré de manière significative, par des solutions aussi simples et peu coûteuses. Il n’y a aucune excuse pour que le changement réel soit retardé plus longtemps, si ce n’est que la mise en œuvre de ce changement risque de gêner les personnes chargées de le faire.

Pour lire l’article dans sa version originale : https://nationalpost.com/opinion/dysfunctional-access-to-information-system-feeding-canadians-distrust

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