Depuis quelques semaines, DOGE, l’agence pilotée par Elon Musk pour couper dans les excès de la bureaucratie américaine, crée la controverse. Jusqu’au Québec, on monte aux barricades et présente la chose comme une réduction dangereuse et arbitraire de nombreux programmes sociaux ou environnementaux importants. Or, lorsqu’on gratte un peu, on s’aperçoit que les mauvaises pratiques bureaucratiques et l’attribution de fonds publique pour des projets et initiatives wokes complètement délirantes sont pratiquement devenues une sorte de racket institutionnalisé.
Nathalie Elgrably explique bien l’ampleur du problème ainsi résolu par cette initiative ambitieuse aux États-Unis : « En l’occurrence, c’est 72 milliards en prestations injustifiées en sécurité sociale, 4700 milliards de bons du trésor américain quasiment impossibles à retracer, 1,2 milliard que l’USAID a envoyé à des destinataires anonymes, 101 millions pour des formations en Diversité, Équité et Inclusion, etc. À terme, c’est 2000 milliards qui seront épargnés, soit l’équivalent du déficit actuel. Et Washington s’engage à en faire profiter les contribuables et à rembourser la dette. »
Considérant que le Canada se démarque dans le monde par son engagement auprès des ONGs et des institutions supranationales et qu’il a développé une culture de promotion ouverte du « progressisme » à ‘échelle globale, on peut être sûr que tout ce qu’ils trouvent d’absurde aux États-Unis est cent fois pire ici. Sans parler du fait qu’en termes de bureaucratie et de mauvaises pratiques, nous ne laissons pas notre place.
Une publication à ce sujet est d’ailleurs devenue virale la semaine passée : on y voyait une affiche pour sensibiliser les Ghanéens sur le fait qu’il ne faut pas déféquer en public, le tout financé par le Canada. La publication originale affirmait que 20 millions de dollars avaient été envoyés au Ghana pour cette campagne, une information que les valeureux « décrypteurs » de Radio-Canada ont démenti, expliquant que la campagne de sensibilisation n’avait coûté « que » 850 000$, et que le total de 20 millions, c’était pour construire les toilettes! Eh bien! On est rassurés…
Si on construit des toilettes à coups de 20 millions au Ghana, il est légitime de se demander combien de toilettes on a construit comme ça dans le monde. Et combien d’autres choses qui n’apportent strictement rien aux contribuables qui paient pour ça à la sueur de leur front…
On peut bien jouer avec les sentiments des gens avec une attitude humanitaire moralisante et justifier que « selon les données du Groupe de la Banque mondiale , 17 % de la population ghanéenne pratiquait la défécation en plein air en 2022, favorisant ainsi la propagation de plusieurs maladies , dont les infections par vers intestinaux et le choléra », ça ne rend pas les Canadiens nécessairement responsables de régler cette situation à la place des Ghanéens eux-mêmes. Ce n’est pas comme si ces investissements avaient été présentés sur une quelconque plateforme électorale non plus ; on nous impose ce transfert d’argent vers les intérêts d’un pays étranger.
C’est une réalité particulièrement dérangeante : sous couvert de bonne volonté et de projets visant à améliorer la vie des gens, de nombreux organismes sans but lucratifs s’avèrent… particulièrement lucratifs, et cet argent est ensuite utilisé pour booster l’activisme politique sous prétexte de faire de la sensibilisation.
Et cette dilapidation des fonds publics est parfois difficile à retracer. Particulièrement du côté des organismes aux tendances intersectionnelles ou du côté des boîtes d’expertise-conseil, chez qui on excelle dans l’art de faire du verbiage technique et pseudo-intellectuel pour soutirer des dollars au gouvernement. On l’a bien vu d’ailleurs, dans le recours abusif de nos gouvernements à la firme Mckinsey, qui a soutiré 84 millions de dollars en deux ans de pandémie au gouvernement fédéral, et est même parvenu à se faire signer un contrat jusqu’en 2100!
Bref, au lieu de critiquer ce qui se passe au sud de la frontière, on devrait plutôt s’en inspirer… imaginez les sueurs froides de tous ceux qui ont profité du système ces dernières années ; il ne resterait plus grand monde dans les couloirs des ministères à la fin du processus…