Pénurie de juges fédéraux : quand les quotas ethniques bloquent les tribunaux

Pour la journaliste Jamie Sarkonak, le Canada s’enfonce dans une crise judiciaire largement évitable : celle d’un manque chronique de juges. Dans son analyse publiée dans le National Post, elle affirme que cette pénurie découle directement des politiques libérales de recrutement fondées sur la « diversité » plutôt que sur la compétence. Les tribunaux supérieurs de tout le pays tournent au ralenti, mais Ottawa persiste à vouloir équilibrer les statistiques ethniques plutôt que de combler les sièges vacants.

Les chiffres sont éloquents : la Cour fédérale croule sous les dossiers, notamment en matière d’immigration, dont le volume aurait été multiplié par six depuis 2015. L’Ontario Court of Appeal est elle aussi en retard, tout comme les tribunaux supérieurs de plusieurs provinces. Pendant ce temps, rappelle Sarkonak, des procès criminels sont annulés pour dépassement de délais, et des affaires civiles traînent des années.

Selon elle, le gouvernement libéral de Justin Trudeau a délibérément transformé le processus de nomination judiciaire depuis 2016, en redéfinissant les comités consultatifs pour qu’ils soient « plus représentatifs de la diversité canadienne ». L’objectif déclaré était de renforcer la confiance du public envers la magistrature. Mais dans les faits, écrit Sarkonak, on a remplacé les critères d’expérience et d’excellence par des considérations identitaires : « éviter les hommes blancs si possible », résume-t-elle.

Cette approche aurait mené à des sièges laissés vacants en attendant d’atteindre le « bon ratio » de diversité, ralentissant ainsi tout le système. Les candidats à la magistrature doivent désormais remplir un questionnaire destiné à évaluer leur sensibilité aux idéaux de représentation : « Vous pouvez fournir des informations sur votre expérience qui aideraient à refléter la diversité canadienne », peut-on y lire. Pour Sarkonak, il s’agit d’un test idéologique déguisé.

Elle cite l’exemple du juge ontarien Shaun Nakatsuru, salué par les médias pour ses décisions empathiques et son profil « diversifié », mais critiqué pour certaines sentences jugées trop clémentes. Selon elle, cette nomination illustre une logique où les qualités symboliques priment sur la rigueur judiciaire.

L’auteure avertit que ces politiques risquent de miner la crédibilité du système juridique tout entier : les juges nommés aujourd’hui forment aussi le vivier de demain pour la Cour suprême du Canada, les commissions d’enquête et les postes internationaux. En privilégiant la représentativité, Ottawa compromettrait la compétence à long terme.

Sarkonak appelle les provinces à réagir : à dénoncer publiquement les blocages, à exiger le retour d’une sélection fondée sur la compétence et à réclamer le retour de représentants policiers dans les comités de recommandation, supprimés par les libéraux. Si le fédéral s’obstine, dit-elle, les gouvernements provinciaux doivent faire du bruit et attribuer la lenteur judiciaire à « l’obsession démographique » d’Ottawa.

En somme, Jamie Sarkonak plaide pour un recentrage du système judiciaire sur la méritocratie, seule capable selon elle de rétablir la confiance dans les tribunaux canadiens. Tant que la diversité restera une priorité politique plutôt qu’un atout parmi d’autres, les salles d’audience continueront de se vider de leurs juges.

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