Tous les observateurs admettent que notre système de santé doit être repensé. Le gouvernement a fait ce dont il était capable pour gérer la crise avec les moyens disponibles. Mais ces moyens étaient cruellement insuffisants.
Cela fait des décennies que les Québécois ont de la difficulté à avoir un médecin de famille et sont abonnés aux listes d’attente pour des interventions chirurgicales. La pandémie a fait ressortir un manque de ressources et de souplesse structurel.
Le gouvernement actuel n’a strictement aucune perspective à proposer aux Québécois pour augmenter le financement, la qualité des installations et les ressources humaines pour faire mieux à l’avenir.
Les dérives actuelles de notre système de santé, malgré le fait qu’il absorbe près de 50 milliards de $ par année et 45 % du budget du Québec, exigent une approche différente.
Le Québec, avec le reste du Canada, est le seul endroit du monde développé où un monopole public des actes médicaux et chirurgicaux est en vigueur. C’est une des causes de l’inefficacité de notre système de santé que le Parti conservateur du Québec souhaite résoudre.
Le gouvernement Legault et trois autres partis d’opposition ne remettent pas en question ce monopole public sur la santé.
Le PCQ a voté à son dernier Congrès des réformes ambitieuses et réalistes à proposer aux Québécois.
Beaucoup doit être fait. Nous allons présenter ici une seule de ces réformes.
Additionner la contribution du secteur privé
Nous proposons de maintenir une couverture universelle des soins et de la rendre plus accessible en y ajoutant les talents et les ressources de l’entrepreneuriat privé.
Les médecins pourraient ouvrir des cliniques et des hôpitaux privés. Nous comprenons qu’ils n’auront pas de difficulté à emprunter les sommes nécessaires et agiront en entrepreneurs responsables. Ils seront des gestionnaires innovants qui achèteront des technologies avancées trop souvent absentes.
En faisant jouer cette initiative privée, il y aura plus de cliniques et de structures hospitalières mieux réparties sur le territoire québécois.
Avec le système monopolistique dont nous avons hélas hérité, la réduction des coûts passe par le rationnement des ressources. Dans le reste du monde, cela fonctionne autrement.
Le secteur privé de la santé joue un rôle important dans tous les pays où les files d’attente sont quasi inexistantes, comme en Allemagne et en Suisse. En France, le secteur privé à but lucratif effectue environ une chirurgie sur deux de l’appareil digestif, deux chirurgies cardiaques sur cinq, trois opérations de la cataracte sur quatre et près de trois accouchements sur dix. Les hôpitaux privés gèrent près de 20 % des établissements ayant des services d’urgence.
Dans l’immédiat, le gouvernement doit favoriser une plus grande offre de travail en autorisant la pratique mixte privé-public pour les médecins spécialistes. Il est inadmissible que des chirurgiens n’aient accès qu’à une seule journée opératoire par semaine.
Si le gouvernement du Québec autorisait au moins les médecins à pratiquer dans le privé une fois rempli un quota de services dans le régime public, il est indéniable que davantage de patients pourraient être traités. Ignorer cette réalité pour protéger le monopole public actuel, cela relève d’une approche dogmatique.
Un régime d’assurance amélioré
Le coût des services de santé rendus dans le privé sera assumé par l’assurance-maladie comme pour tout soin dans le système public.
Les Québécois utilisent déjà une assurance santé privée appelée assurance complémentaire. Cette assurance permet de couvrir des services non assurés au public, par exemple les médicaments et les soins dentaires. La majorité des Québécois est couverte par ce type d’assurance dans le cadre de leur emploi.
Nous proposons d’élargir ce type d’assurance aux consultations et aux soins médicaux et chirurgicaux. Les Québécois seraient donc invités, s’ils le désirent, à contracter une assurance duplicative qui couvrira aussi ce qui est offert par le régime d’assurance public. Ce régime d’assurance privé donnera accès à une gamme d’avantages supplémentaires qui répondra aux besoins diversifiés des clientèles et qui raccourcira les listes d’attente du régime public. L’État paiera le coût normalement assumé dans le système public, le reste étant assumé par l’assurance privée pour ceux qui auront choisi le secteur privé.
Afin de faciliter l’émergence de ce marché d’assurance privée, le gouvernement devra alléger le montant des primes à verser par les assurés en utilisant, entre autres, des crédits d’impôt. À l’heure actuelle, la plupart des Québécois doivent dépenser des milliers de dollars chez le dentiste ou pour d’autres soins de santé avant d’obtenir un crédit d’impôt. La réforme permettra l’admissibilité à ces crédits d’impôt dès le premier dollar dépensé en primes d’assurance privée, et cela pour des soins médicaux et chirurgicaux offerts par le secteur privé.
Plusieurs sondages Léger ont montré qu’une majorité de Québécois se prononcent en faveur d’une ouverture au secteur privé qui irait de pair avec le maintien du système de santé public.
Un examen attentif de la Loi canadienne sur la santé et des règlements d’application en vigueur au Québec indique qu’il n’y a pas d’obstacles juridiques majeurs à la mise en place de ces propositions.
Un grand colloque sur la santé
Le Parti conservateur du Québec organisera d’ici peu un grand colloque public afin de clarifier les étapes et les mécanismes de mise en oeuvre des réformes décrites ci-dessus.
Ce colloque sera l’occasion de discuter d’autres réformes que le PCQ juge essentielles, comme par exemple la décentralisation de notre système de santé, laquelle permettra de donner davantage d’autonomie budgétaire aux hôpitaux.
Une autre réforme importante proposera que le financement des hôpitaux passe d’un montant fixe à un budget basé sur les services rendus les années précédentes, en quantité et en qualité. C’est ce qui se fait ailleurs dans le monde et amène les gestionnaires à être à l’écoute de la satisfaction des patients.
André Valiquette
Président de la Commission politique
Parti conservateur du Québec
Dr Karim Elayoubi MD
Médecin de famille et urgentologue
Enseignant au Département de médecine familiale et médecine d’urgence de l’Université de Montréal
Dr Roy Eappen MD
Endocrinologue au Centre hospitalier de St. Mary
Professeur adjoint de médecine, Université McGill